PORT-AU-PRINCE, lundi 9 décembre 2024– Dans une lettre ouverte datée du 9 décembre 2024, adressée à Leslie Voltaire, président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), l’Initiative de la Société Civile (ISC) a exprimé des préoccupations majeures concernant l’intégrité et la crédibilité de certains membres de cette instance. Le document, signé par Lionel Rabel, coordonnateur général, et Rosny Desroches, directeur exécutif, exhorte les membres du CPT, non impliqués dans des affaires judiciaires, à se démarquer clairement de ceux inculpés dans l’affaire de la Banque Nationale de Crédit (BNC).
Le contenu de la correspondance met en avant une disposition clé du décret du 3 avril 2024 qui régit la création du CPT. Selon l’article 2 de ce décret, “nul ne peut faire partie du Conseil Présidentiel de Transition s’il fait l’objet d’une accusation ou d’une poursuite pénale.” L’ISC rappelle que les trois membres concernés, ayant été formellement inculpés par décision du commissaire du gouvernement, ne remplissent plus les critères requis pour occuper leurs fonctions.
L’ISC insiste sur l’obligation morale et légale des membres inculpés de se conformer aux convocations du juge chargé d’instruire le dossier. Elle précise que les prérogatives judiciaires accordées au président du CPT ne protègent pas les membres individuellement, mais concernent uniquement l’institution dans son ensemble. À ce titre, elle souligne que l’absence d’une Haute Cour de Justice en Haïti ne devrait pas empêcher les tribunaux de droit commun d’établir la culpabilité ou l’innocence des intéressés.
L’organisation plaide également pour un positionnement clair de M. Voltaire, estimant qu’une telle démarche serait essentielle pour restaurer une partie de la confiance entre les citoyens et leurs dirigeants.
Dans la même lettre, l’ISC rappelle avoir soumis une proposition de termes de référence pour la création d’un Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG). Cet organisme, selon l’ISC, pourrait jouer un rôle déterminant dans la lutte contre la corruption et contribuer à établir un climat de confiance entre l’État et la population.
La lettre se termine par une demande explicite à Leslie Voltaire et aux membres intègres du CPT d’agir avec fermeté et transparence face à cette situation. Elle invite également les responsables à assumer pleinement leurs obligations afin d’éviter d’aggraver la crise de confiance qui fragilise actuellement le pays.
Ce rappel à l’ordre intervient à un moment critique, alors qu’Haïti traverse une période de tensions sociales et politiques exacerbées. Les citoyens, de plus en plus méfiants envers leurs institutions, attendent des gestes concrets pour montrer que personne n’est au-dessus de la loi, même au plus haut niveau de l’État.