L’expert indépendant de l’ONU pour Haïti condamne les “déportations massives” d’Haïtiens fuyant la violence des gangs…

William ''Bill'' O'Neil, Expert independant des droits de l'homme de l'ONU en Haiti...

PORT-AU-PRINCE, jeudi 29 juin 2023– Un expert indépendant auprès des Nations Unies a condamné mercredi es déportations massives d’Haïtiens qui avaient fui le pays au milieu d’une crise humanitaire provoquée par l’aggravation de la violence de gangs lourdement armés qui contrôlent de vastes étendues du territoire pays.

Dans une déclaration à la suite d’une visite en Haïti, William O’Neill a déclaré que certaines méthodes utilisées pour rapatrier environ 176 777 migrants l’année dernière ne sont pas conformes aux normes relatives aux droits de l’homme et violent les pactes bilatéraux sur la migration.

“J’exhorte les autorités de la République dominicaine à respecter leurs engagements à cet égard”, a-t-il dit, pointant du doigt le voisin d’Haïti mais appelant tous les pays de la région à mettre fin aux expulsions massives, notamment de mineurs non accompagnés.

O’Neill s’est dit particulièrement préoccupé par les informations faisant état de trafic d’organes et de trafic sexuel de femmes et d’enfants migrants.

A l’intérieur d’Haïti, a-t-il ajouté, “la violence incessante et les violations systématiques des droits de l’homme” ne permettent pas le retour sûr et digne des migrants.

Les incidents de violence sexuelle dans la capitale Port-au-Prince ont doublé en mai, a-t-il dit, citant des informations reçues jugées crédibles. A l’O.N.U. un rapport de l’année dernière a révélé que les gangs utilisaient la violence sexuelle comme arme pour contrôler les communautés par la peur.

Lors d’un incident en juillet dernier, le rapport a révélé qu’au moins 52 femmes et filles avaient été violées collectivement dans la capitale.

O’Neill a également mis en garde contre un système judiciaire en ruine et des conditions mortelles dans des cellules de prison exiguës, un mouvement de justicier naissant (Bwa Kale), procédant à des exécutions sommaires et le manque de services publics conduisant à un recrutement croissant d’enfants dans les gangs.

Il a renouvelé les appels jusqu’ici sans réponse pour une “force internationale spécialisée” pour soutenir la police haïtienne sous-armée, ce que le Premier ministre Ariel Henry a demandé depuis octobre, bien que les pays se soient montrés réticents à soutenir cette démarche de son gouvernement illégitime.