QUARTIER-MORIN, (Nord), mercredi 5 février 2025- Dans une lettre au vitriol adressée au président du Conseil présidentiel de transition, l’ancien député de Quartier-Morin, Hugue Célestin, critique avec véhémence la récente tournée diplomatique de Leslie Voltaire au Vatican et à Paris. Selon lui, cette démarche illustre l’impuissance et la soumission du Conseil présidentiel face aux enjeux nationaux. « La République est laïque ; vous voilà pourtant en pèlerinage, foulant aux frais du peuple les sols sacrés du Vatican. Plutôt que d’affronter les crises multiples qui asphyxient Haïti, vous priez un pape sans armée pour un pays livré à une criminalité que vos pairs ont nourrie et entretenue », écrit-il. Pendant que le chef du Conseil présidentiel sollicitait une aide divine, souligne l’ex-parlementaire, « à Kenscoff, commune natale du directeur général par intérim de la Police Nationale, les victimes de ces criminels se comptent par dizaines ».
Le voyage en France n’échappe pas non plus à ses critiques acerbes. Hugue Célestin rappelle que Leslie Voltaire a été reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron, mais dans des conditions qui frisent l’humiliation. « À l’Élysée, vous avez été reçu par un Emmanuel Macron dédaigneux, qui n’a même pas pris la peine d’enrober son mépris. ‘Cons !’, aurait-il qualifié les membres de votre Conseil Présidentiel de Transition », affirme-t-il. Plutôt que d’exiger réparation pour la rançon de l’indépendance imposée à Haïti en 1825, Voltaire aurait préféré quémander quelques aides alimentaires et sécuritaires. « Quelle honte ! Au lieu de cela, vous avez sollicité de l’aide alimentaire et sécuritaire, troquant la dignité historique contre quelques sacs de riz, quelques motocyclettes et des promesses creuses ».
L’ancien député fustige également la récente déclaration de Leslie Voltaire sur TV5 Monde, où il a annoncé un référendum constitutionnel en mai et des élections générales en novembre. « Seuls les opportunistes adhèrent à cette supercherie », lance-t-il, soulignant que cette perspective électorale est totalement déconnectée de la réalité d’un pays gangrené par l’insécurité. Il accuse Voltaire d’être en décalage total avec les souffrances du peuple : « Vous feignez d’ignorer que des millions de citoyens aux abois vivent sous la terreur des gangs, et que même les forces de l’ordre sont dépassées ».
Hugue Célestin dénonce en outre le manque de fermeté de Leslie Voltaire face à la dette d’indépendance. Il critique la façon dont ce dernier a mentionné ce sujet, minimisant l’exigence d’une restitution et laissant croire que c’est Macron lui-même qui l’a soulevé. « Lâchement, vous avez mentionné la dette d’indépendance imposée par la France comme un simple fait divers, sans exigence réelle ». Il accuse Voltaire de vouloir préserver ses relations avec les puissances étrangères au détriment de la dignité nationale.
Sur la question de la sécurité, l’ancien député s’insurge contre l’appel à l’intervention étrangère. Il estime que cette demande trahit une incapacité du Conseil présidentiel à gouverner et renforce la dépendance du pays. « Vous prétendez œuvrer pour la souveraineté d’Haïti, mais réclamez en réalité le renforcement de la tutelle et de l’occupation, sous prétexte de rétablir l’ordre avec l’aide de ceux-là mêmes qui orchestrent le chaos ». Selon lui, l’histoire a déjà prouvé que les missions internationales en Haïti n’ont jamais apporté de solution durable mais ont plutôt aggravé la situation en désinstitutionnalisant l’État et en amplifiant la criminalité.
Hugue Célestin critique aussi la dénonciation sélective de Leslie Voltaire sur la prolifération des gangs. Il lui reproche d’avoir uniquement pointé du doigt Michel Martelly, alors que le phénomène de l’insécurité remonte à bien avant 2011. « Certes, c’est un voyou qui a nourri ce monstre. Mais les groupes criminels ne sont pas apparus en 2011 par magie, et vous le savez pertinemment ». Il l’accuse de jouer le rôle d’un informateur au service des puissances internationales, évitant de nommer les autres responsables, y compris ceux qui siègent à ses côtés au sein du Conseil présidentiel.
Pour Hugue Célestin, cette posture illustre un schéma de trahison historique des élites haïtiennes, qui, selon lui, n’ont jamais œuvré pour la souveraineté du pays mais pour la perpétuation d’un ordre néocolonial. « Les élites dirigeantes n’ont cessé de trahir Haïti. Elles n’ont jamais défendu ni sa souveraineté ni ses intérêts, mais ont toujours œuvré à la perpétuation d’un système garantissant leur position de courtiers des puissances tutrices ». Il conclut sa lettre en appelant à des dirigeants capables d’affronter l’histoire avec dignité et à en finir avec la soumission aux puissances étrangères.
« Un pays ne se gouverne pas avec des incantations religieuses, des génuflexions devant les puissants et des illusions constitutionnelles », assène-t-il, avant de lancer une dernière salve à l’endroit de Leslie Voltaire : « Vous jouez au diplomate servile quand l’heure exige un chef d’État digne de ce nom. Mais peut-être que l’histoire retiendra votre passage différemment : non pas comme un homme d’État, mais comme un simple messager de la soumission ».