PORT-AU-PRINCE, samedi 26 octobre 2024– Dans un discours prononcé vendredi, entouré de l’ensemble des conseillers-présidents, Leslie Voltaire, président du Conseil Présidentiel de Transition a rappelé le contexte difficile dans lequel le CPT a pris ses fonctions. « Il y a environ six mois, le Conseil présidentiel de transition a prêté serment dans un contexte marqué par une confusion institutionnelle, une violence omniprésente et un effondrement presque total des structures étatiques », a-t-il déclaré.
Voltaire a souligné que cette présidence collégiale est le résultat d’un consensus national entre diverses forces politiques, sociales et économiques. Malgré les doutes initiaux, les neuf conseillers ont su « surmonter leurs divergences et prioriser l’intérêt national ». Il a rappelé que le CPT a orienté ses efforts vers cinq chantiers essentiels, visant à rétablir l’ordre démocratique et constitutionnel dans le pays. Selon lui, les résultats varient d’un secteur à l’autre, mais chaque domaine a reçu une attention soutenue pour amorcer le redressement d’Haïti.
Concernant la gouvernance, le Conseil a mené des consultations pour constituer une équipe gouvernementale solide et impartiale. Le choix du Premier ministre s’est ainsi fait « en privilégiant la compétence, l’honnêteté et la capacité de mobilisation » plutôt que l’appartenance politique. Voltaire a remercié les ministres pour leur engagement et les a encouragés à persévérer face aux défis actuels. En ce sens, le Conseil poursuit un dialogue étroit avec le gouvernement et les signataires de l’accord du 3 avril pour garantir une gouvernance efficace et axée sur l’intérêt public.
Les contraintes budgétaires ont nécessité une gestion stricte et rationnelle des ressources, en privilégiant l’efficacité des dépenses publiques. Voltaire a cité en exemple la suppression du Centre national des équipements, dont les matériels ont été transférés aux forces armées, et a mentionné que des réformes structurelles sont envisagées pour renforcer les organismes autonomes. Ces réformes s’inscrivent dans le cadre des priorités définies par l’accord du 3 avril.
La sécurité et la justice figurent également parmi les priorités, et Voltaire a insisté sur la nécessité de réformer ces secteurs pour « garantir que la justice opère de manière indépendante, transparente et équitable ». Il a exprimé son soutien aux forces de sécurité tout en reconnaissant les défis auxquels elles font face. Quant à la justice, il a évoqué les efforts en cours pour améliorer l’accès aux tribunaux, en particulier dans les zones rurales, ainsi que pour lutter contre la détention prolongée sans jugement.
Un volet majeur du discours a porté sur la réforme judiciaire et l’établissement d’une commission de vérité et de justice pour traiter les crimes non résolus, notamment les massacres. Voltaire a souligné que cette initiative est un pas important vers la réconciliation nationale et l’instauration d’un véritable État de droit en Haïti.
Sur le plan diplomatique, Voltaire a déclaré qu’Haïti doit former des diplomates efficaces pour défendre le pays et ses citoyens. La modernisation de la diplomatie haïtienne est un pilier central de cette transition, visant à renforcer les relations internationales et à mieux accompagner les Haïtiens de la diaspora.
Il a aussi abordé la question de l’éducation, en précisant que « les problèmes de sécurité doivent être résolus pour permettre aux familles de retourner chez elles et aux enfants de retrouver leurs écoles ». Saluant le dévouement des enseignants, Voltaire a réaffirmé que l’éducation est le fondement de l’avenir du pays, ajoutant que le budget 2024-2025 prévoit des investissements pour élargir l’accès scolaire et former une génération de citoyens responsables.
En conclusion, Voltaire a souligné l’urgence d’organiser des élections pour assurer une transition démocratique et transférer le pouvoir aux nouvelles autorités issues des urnes d’ici au 7 février 2026, conformément à l’accord du 3 avril 2024. « Les prochains mois seront décisifs pour le succès de la transition et pour avancer vers cet avenir que nous, Haïtiens, caressons depuis trop longtemps », a-t-il affirmé, en rappelant que cet effort demandera un engagement accru de la part des leaders et des élites.
Le président du CPT a conclu en exhortant les citoyens haïtiens à dépasser les divisions et à œuvrer ensemble pour le bien de la nation. « Si la transition échoue, il n’y aura ni gagnants ni perdants », a-t-il déclaré, exprimant l’espoir que l’unité nationale guidera les actions futures pour bâtir un avenir stable et prospère pour Haïti.