PORT-AU-PRINCE, jeudi 17 octobre 2024– Ce 17 octobre 2024, à l’occasion de la commémoration du 218ème anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Leslie Voltaire, a prononcé un discours marquant en hommage à l’empereur et père fondateur de la nation haïtienne. S’adressant à la nation, Voltaire a souligné l’importance de l’unité et de la justice, tout en faisant écho aux défis contemporains auxquels fait face Haïti.
« Le 17 octobre est un jour triste, marquant le 218e anniversaire de l’assassinat de l’empereur Jean-Jacques Dessalines, notre héros national », a-t-il commencé. Dessalines, leader révolutionnaire qui a mené Haïti vers l’indépendance, a été trahi et assassiné en 1806 par une coalition de grands propriétaires, de militaires et d’affranchis noirs et mulâtres. Voltaire a rappelé ce sombre épisode, en le qualifiant de « complot » qui, depuis, continue d’affecter le pays.
Dans son discours, Leslie Voltaire a tenu à souligner la portée révolutionnaire de Dessalines, qu’il a décrit comme celui qui « a transplanté la révolution haïtienne en Amérique, qui a détruit le mythe de la suprématie blanche et réalisé la révolution anticolonialiste et anti-esclavagiste ». Une minute de silence a été observée en l’honneur de l’empereur.
Voltaire a ensuite évoqué la crise politique et sociale qui sévit en Haïti depuis des décennies, affirmant que depuis la mort de Dessalines, « c’est crise sous crise ». Selon lui, cette situation perdure aujourd’hui, plongeant le pays dans un profond désarroi. « Peu d’Haïtiens ont besoin de vivre en paix, peu d’Haïtiens ont besoin de sécurité, peu d’Haïtiens ont besoin de vivre d’un bout de Tessar sans avoir besoin d’aller dans l’immolation de l’autre côté », a-t-il déploré, exprimant le sentiment d’humiliation que partagent tant de Haïtiens vivant à l’intérieur du pays comme à l’étranger.
Le président du CPT a également abordé la responsabilité des dirigeants haïtiens dans la situation actuelle. « Nous sommes tous interpellés, en particulier ceux qui, comme moi, exercent de grandes responsabilités à la tête de l’État. » Il a reconnu les failles de certaines institutions tout en appelant à des mesures concrètes pour restaurer la sécurité et rétablir la confiance. « Il est temps de créer les conditions pour que le peuple haïtien retrouve de l’énergie, de la sérénité et de l’optimisme », a-t-il insisté.
Leslie Voltaire a plaidé pour une collaboration nationale afin de sortir Haïti de la crise. « Ce gros assassinat qui a été fait sous Papa Nation a mis le pays en crise. Depuis 1806, c’est crise sous crise », a-t-il affirmé, soulignant que l’héritage de Dessalines exigeait des Haïtiens qu’ils continuent de se battre pour la liberté, la dignité et l’unité nationale.
Il a appelé tous les secteurs de la société – de l’État au secteur privé, en passant par la société civile – à travailler ensemble pour une transition réussie. « Les gens qui travaillent dans l’État doivent faire des services, j’ai la loi PIA qui m’a demandé ça. Les gens qui travaillent dans le secteur privé doivent continuer à faire des activités commerciales, respecter les règles », a-t-il exhorté.
Voltaire a également annoncé la prochaine mise en place d’un nouveau Conseil électoral pour préparer les élections à venir, soulignant l’importance de cette étape pour garantir un État de droit stable et fonctionnel. « Ensemble, nous avons l’obligation d’envisager un avenir plus serein en faisant de la transition une voie sûre pour en finir avec l’anxiété », a-t-il déclaré.
En conclusion, Voltaire a appelé les Haïtiens à honorer l’héritage de Dessalines, en rappelant ses célèbres paroles : « Que m’importe le jugement de la postérité pourvu que je sauve mon pays ». Il a insisté sur la nécessité pour le peuple haïtien de se rassembler autour des valeurs fondatrices de la nation et de redoubler d’efforts pour reconstruire le pays. « L’héritage des Saliniens nous commande d’agir avec plus de lucidité, de civisme et de conviction patriotique », a-t-il affirmé, exhortant ses compatriotes à poursuivre le combat pour l’indépendance et la dignité nationale.
Le discours s’est achevé par un vibrant hommage à Jean-Jacques Dessalines, avec un appel à ce que son esprit continue de guider le peuple haïtien dans sa quête de justice et de liberté : « Que l’esprit de Dessalines continue de nous guider et de nous éclairer. Lui qui nous a demandé de jurer de combattre jusqu’au dernier soupir pour l’indépendance de notre pays. »