Les trois conseillers-présidents du Conseil Présidentiel de Transition impliqués dans le scandale de corruption de la BNC pourraient être écartés cette semaine sous pression internationale…

Les Conseillers-presidents: Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Louis Gerald Gilles...

PORT-AU-PRINCE, mardi 26 novembre 2024 – Les jours de Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) semblent comptés. Accusés d’implication présumée dans un scandale de corruption portant sur 100 millions de gourdes de la Banque Nationale de Crédit (BNC), ces trois conseillers pourraient être exclus d’ici la fin de la semaine.

Selon une source proche du CPT, “les autres membres du Conseil, sous pression des États-Unis, ont décidé de se désolidariser de leurs collègues impliqués pour protéger la crédibilité de l’institution”. Malgré ces tensions, les trois conseillers “refusent de démissionner et s’opposent à toute résolution visant leur éviction”, a ajouté cette même source.

“Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin risquent de subir des sanctions américaines dès la semaine prochaine s’ils continuent de s’accrocher à leurs postes”, a indiqué la source.

Le scandale remonte à une enquête dont le rapport a été rendu public début octobre par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Selon ce rapport, Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire auraient exigé un pot-de-vin de 100 millions de gourdes à Raoul Pascal Pierre Louis, alors président du Conseil d’Administration de la BNC, en échange de sa reconduction. “Ces pratiques révèlent un abus flagrant de fonction et une atteinte grave à l’intégrité de l’administration publique”, a déclaré un représentant de l’ULCC.

Le rapport a souligné qu’une réunion clé s’est tenue dans la Chambre 408 de l’hôtel Royal Oasis, à Pétion-Ville. Elle a été organisée par Louis Gérald Gilles, décrit comme un “proche allié” de Raoul Pascal Pierre Louis. Étaient également présents Lonick Léandre, consul et intermédiaire, ainsi que Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire.

Lors de cette rencontre, Raoul Pascal Pierre Louis a été “contraint de garantir un versement de 100 millions de gourdes” pour assurer sa reconduction, selon les conclusions de l’enquête. Des preuves incluent des échanges WhatsApp entre Raoul Pascal Pierre Louis et Louis Gérald Gilles, ainsi qu’un procès-verbal dressé par le juge de paix Fritz Veus.

Pour répondre à cette exigence, Raoul Pascal Pierre Louis aurait proposé diverses solutions, notamment des prêts, des lignes de crédit ou l’utilisation de biens non exploités de la BNC. L’ULCC rapporte également que “quatre cartes de crédit préapprouvées ont été émises par la Direction des Opérations de la carte BNC” : trois d’un montant total de 20 000 USD pour les membres du CPT, et une de 13 500 USD pour Lonick Léandre.

Ces cartes ont été utilisées dès le début de l’enquête, et il est “évident que les dépenses étaient prévues pour être remboursées par des fonds de la BNC”, a ajouté le rapport. Cette gestion soulève de “sérieuses préoccupations quant à l’utilisation des fonds d’intelligence de la Présidence”.

Face à ces révélations, l’ULCC a recommandé des poursuites pénales contre les conseillers incriminés et contre Raoul Pascal Pierre Louis. Le rapport précise : “Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles doivent être poursuivis pour abus de fonction et corruption passive, tandis que Raoul Pascal Pierre Louis est accusé de corruption active et de versement de pot-de-vin”.

Lonick Léandre, décrit comme “instigateur” de l’affaire, est également visé. “Ces pratiques ne peuvent rester impunies si l’on souhaite rétablir la confiance dans nos institutions”, a insisté l’ULCC dans ses conclusions.

Le dossier a été transmis à un juge d’instruction pour engager les suites judiciaires. Cependant, les trois conseillers nient fermement les accusations. Dans un communiqué commun, ils affirment être victimes d’un “complot politique visant à discréditer le CPT”.

Cette affaire illustre les défis liés à la corruption systémique en Haïti. Selon la source ayant requis l’anonymat, “les États-Unis ont clairement indiqué que la poursuite du soutien international au CPT dépendrait de mesures concrètes pour résoudre cette crise”.

Malgré les appels à leur départ, Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire s’accrochent à leurs postes. “Nous ne céderons pas face à des accusations non fondées”, ont-ils déclaré, clamant leur innocence et dénonçant ce qu’ils appellent un complot politique visant à ternir leur image.

L’ULCC, de son côté, insiste sur l’importance d’une action publique rigoureuse. “Il est temps que les institutions haïtiennes montrent leur engagement à lutter contre l’impunité”, a déclaré l’ULCC.