Port-au-Prince, lundi 13 décembre 2021- Pierre Espérance, directeur exécutif du réseau national de défense des droits humains (RNDDH), estime que les informations rendues publiques cette semaine par le New-York Times concernant l’assassinat de Jovenel Moïse, sont suffisamment solides pour être prises au sérieux.
L’article du NYT fournit suffisamment d’éclairage sur l’implication des réseaux criminels dans le meurtre de Jovenel Moïse qui, visiblement était à leur service, soutient-il. Il s’agirait d’un règlement de compte, mais cela est inacceptable, souligne Espérance.
Selon M. Espérance, ces révélations confirment la thèse selon laquelle l’ancien président a été livré par ses alliés politiques au sein du PHTK et son service de sécurité qu’il a hérités de son mentor, l’ancien président Joseph Michel Martelly.
Dans sa livraison du dimanche 12 décembre 2021, le New-York Times a révélé ‘‘qu’avant d’être assassiné en juillet, Jovenel Moïse travaillait sur une liste de puissants politiciens et hommes d’affaires impliqués dans le trafic de drogue en Haïti, avec l’intention de remettre le dossier au gouvernement américain, selon quatre hauts conseillers et responsables haïtiens chargés de rédiger le document.’’
‘‘Jovenel Moïse était sur le point de livrer ses bienfaiteurs, ceux-là mêmes qui avaient financé sa campagne électorale présidentielle afin de les protéger et leurs activités. Ils l’ont livré en premier et l’ont fait payer pour ce qui pourrait être considéré comme un acte de trahison de sa part, souligne le militant des droits humains.
De l’avis de M. Espérance, ‘‘il faut chercher les assassins de l’ancien président Moïse parmi ses alliés, notamment ceux qui sont issus du milieu du crime organisé et de cette espèce de mafia du PHTK impliquée dans toutes sortes d’activités louches dans le pays.’’
‘‘Ce sont ces mêmes gens, dit-il, qui ont bloqué l’enquête sur l’assassinat de Moïse au niveau de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) de peur qu’elle ne remonte jusqu’à eux, arguant que les convocations faites par le juge instructeur dans le cadre de cette affaire participent d’une opération cosmétique et de tromperie.’’
‘‘L’enquête est bloquée et il n’y a pas d’instruction, martèle Pierre Espérance, déplorant, par ailleurs, que le pays s’installe dans la négation du droit où la vie est banalisée, l’injustice et l’impunité érigées en système.’’
Selon le dirigeant du RNDDH, le pays se trouve dans une spirale infernale caractérisée par la violence d’Etat et criminelle dirigée contre les plus faibles de la société.
Il dit regretter que les partisans de Jovenel Moïse et l’ex-première dame Martine Moïse s’intéressent beaucoup plus à la prise du pouvoir qu’a se battre pour que lumière soit faite sur le meurtre de l’ancien président.
Il affirme que l’un des présumés auteurs intellectuels du crime, Joseph Félix Badio continue de jouir de la protection des plus hautes autorités politiques du pays. ‘‘Les jovenelistes le savent, mais ne réagissent pas’’, déplore Pierre Espérance qui rappelle qu’un autre suspect dans l’assassinat de l’ancien président, John Joël Joseph a quitté le pays, il y a deux semaines, avec la complicité de la primature et le secrétariat général du palais national.