PORT-AU-PRINCE, mercredi 22 janvier 2025– Des organisations syndicales, dont l’Union Nationale des Normaliens/nes d’Haïti (UNNOH) et la Centrale Unitaire des Travailleurs (euses) des Secteurs Public et Privé d’Haïti, ont abordé , lors d’une conférence conjointe, plusieurs enjeux cruciaux concernant l’éducation, la gestion publique et la défense des droits des travailleurs en Haïti.
Les intervenants ont mis en évidence les préoccupations des syndicats, ainsi que leurs exigences vis-à-vis des autorités publiques.
Le professeur Josué Merilien, coordonnateur général de l’UNNOH, a ouvert la conférence en rappelant l’importance des négociations récentes avec le Ministère de l’Éducation Nationale et la Primature. Selon lui, ces premières discussions ont permis d’arriver à un accord provisoire, mais la bataille pour un véritable changement dans le système éducatif haïtien est loin d’être terminée. “Nous avons obtenu une première victoire, mais ce n’est qu’une étape dans un processus plus long. Nous devons continuer à exiger des engagements clairs, avec des échéanciers concrets, pour garantir un avenir meilleur pour nos enseignants et nos élèves”, a souligné Merilien.
Mérilien a également insisté sur la nécessité de renforcer les capacités des institutions éducatives, de garantir la formation continue des enseignants, et de mettre en place des mécanismes de contrôle pour que les fonds publics alloués à l’éducation soient utilisés de manière transparente et efficace.
Esther Edouard, membre de la Centrale Unitaire des Travailleurs (euses), a exprimé son soutien aux revendications des enseignants, tout en élargissant la discussion à la situation des travailleurs du secteur public et privé dans son ensemble. “La situation des travailleurs haïtiens, qu’ils soient dans le secteur public ou privé, est précaire. Les salaires sont insuffisants, et les conditions de travail sont de plus en plus difficiles. Nous devons nous unir pour défendre nos droits et exiger de véritables réformes”, a déclaré Edouard.
Elle a aussi dénoncé les manquements dans l’administration des ressources publiques, appelant à la mise en place d’audits pour garantir la responsabilité des autorités dans la gestion des fonds publics. “Nous exigeons la réalisation immédiate de l’audit annoncé par le ministre Augustin Antoine et des enquêtes approfondies sur les opérations du PNCS, du FNE et de l’ONAPE. Il est temps de sanctionner les coupables et de réorganiser ces institutions pour qu’elles servent vraiment le peuple haïtien”, a-t-elle ajouté.
Gary Lapierre, président du Syndicat du Personnel du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (SPEMENFP), a évoqué les négociations entre les syndicats et le gouvernement, soulignant l’importance d’un accord définitif qui respecte les conditions des travailleurs du secteur éducatif. “L’accord provisoire est une avancée, mais il faut maintenant que le gouvernement engage des discussions sérieuses sur les points restants, notamment les conditions de travail des enseignants et la révision des systèmes de rémunération”, a affirmé Lapierre.
Il a aussi exprimé des préoccupations concernant la situation des élèves et des parents qui souffrent directement des défaillances du système éducatif. “Nous devons également penser à l’avenir de nos élèves, à l’amélioration des infrastructures scolaires et à l’accès à une éducation de qualité pour tous”, a-t-il conclu.
La conférence a également permis de clarifier plusieurs points relatifs aux actions futures des syndicats. L’un des objectifs principaux reste l’exigence de l’audit des institutions comme le PNCS, le FNE, et l’ONAPE pour mettre fin aux malversations. Les syndicats ont aussi annoncé la tenue du lancement officiel de la Centrale Unitaire des Travailleurs (euses) des Secteurs Public et Privé d’Haïti, prévu pour le 24 janvier 2025, à l’occasion de la Journée mondiale de l’Éducation. Ce lancement marquera un nouveau chapitre dans la lutte pour les droits des travailleurs et pour la réforme des secteurs publics et privés en Haïti.
Les interventions ont montré la solidarité entre les différentes organisations syndicales et leur volonté de mener une lutte unifiée pour améliorer les conditions de travail, de vie et d’éducation en Haïti. Les représentants ont fait appel à l’unité et à la mobilisation de tous les secteurs pour garantir des réformes substantielles dans le pays. En conclusion, ils ont réaffirmé leur engagement à poursuivre les négociations avec les autorités, tout en insistant sur la nécessité d’une action immédiate pour résoudre les problèmes de fond qui affectent la population haïtienne.