PORT-AU-PRINCE, vendredi 18 octobre 2024 – Les membres du nouveau Conseil Électoral Provisoire (CEP) ont prêté serment ce vendredi 18 octobre lors d’une cérémonie organisée à l’École de la Magistrature, à Pétion-Ville. Cet événement s’est déroulé en présence du président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Leslie Voltaire, ainsi que du Premier ministre, Garry Conille.
Ce CEP, constitué de sept des neuf membres attendus, a pour mission l’organisation des élections générales afin de doter le pays de dirigeants légitimes. Toutefois, il fait l’objet de vives contestations, en particulier de la part des secteurs des droits humains et des femmes, qui contestent le choix des représentants désignés pour les représenter au sein de cette institution.
Le pays n’a pas organisé d’élections depuis 2016. Le 13 janvier 2020, l’ex-président a abruptement mis fin au processus démocratique et constitutionnel en constatant la fin du mandat des députés de la 50ème législature et la caducité d’une partie du Sénat. Depuis, tous les maires ont été remplacés par des agents exécutifs intérimaires, une situation similaire à celle des collectivités territoriales, en place depuis près de huit ans, mais sans réelle légitimité.
Lors de son discours, le Premier ministre Garry Conille a qualifié cette prestation de serment d’étape « importante, déterminante et cruciale » dans le processus menant à l’organisation des élections générales. Il a souligné l’urgence de restaurer l’ordre constitutionnel dans un pays où l’absence de dirigeants élus contribue à l’aggravation de la crise.
Le président du CEP, Leslie Voltaire, s’est félicité de la mise en place du nouveau conseil, qu’il voit comme un pas essentiel vers la réinstitution de la gouvernance démocratique et constitutionnelle.
Cependant, la situation du pays demeure critique. Depuis près de cinq ans, Haïti fait face à une crise multidimensionnelle marquée par une insécurité galopante. Des gangs armés contrôlent désormais plus de 80 % du territoire de la région métropolitaine de Port-au-Prince, exacerbant une situation humanitaire déjà désastreuse. La récente mission internationale de soutien à la sécurité en Haïti n’a pas encore réussi à freiner l’influence de ces gangs, malgré son déploiement.
Le bilan humain est particulièrement tragique. Dans la nuit du 2 au 3 octobre dernier, le gang « Gran Grif » a perpétré un massacre qui a coûté la vie à environ 120 personnes, blessé plusieurs dizaines d’autres, et provoqué le déplacement de milliers d’habitants. Ce carnage illustre l’urgence de rétablir l’ordre et la sécurité avant toute tentative d’organiser des élections, tant la sécurité constitue la principale revendication de la population haïtienne.
Les prochaines élections revêtent une importance capitale pour l’avenir démocratique du pays. Néanmoins, la priorité immédiate reste la sécurité, condition sine qua non pour permettre aux citoyens de se rendre aux urnes et garantir un processus électoral libre et juste.