Les juges Jean Wilner Morin et Ikenson Edumé livrés à eux-mêmes : Léon Charles a rappelé les policiers affectés à leur sécurité rapprochée, selon l’ANAMAH

Me Jean Wilner Morin, Pdt de l'ANAMAH et Me Ikenson Edume, Pdt du RENAMAH

Port-au-Prince, mercredi 6 octobre 2021- L’association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH) se dit particulièrement préoccupée par la décision du directeur général intérimaire de la police nationale d’Haïti (PNH), Léon Charles de rappeler les policiers en charge de la sécurité rapprochée des juges Jean Wilner Morin et Ikerson Edumé, respectivement présidents de l’ANAMAH et du RENAMAH.

Sidérée, l’ANAMAH rappelle dans un communique que son président, Me Morin avait dénoncé ces derniers jours le comportement pour le moins suspect de Léon Charles, lorsqu’il procéda, dans ce contexte de grand banditisme, au désarmement du policier affecté à la sécurité rapprochée du Magistrat Rénord Régis en charge de l’instruction du dossier de meurtre de l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince Me Monferrier Dorval.

L’ANAMAH souligne ‘‘qu’un Magistrat instructeur est un personnage puissant d’un point de vue légal et que, par ce seul acte d’inconsidération vis à vis du magistrat Régis dans l’exercice de ses attributions, dans un contexte normal, le directeur a.i de la PNH, Léon Charles aurait pu facilement être l’objet de poursuite pour entrave à la justice.’’

‘‘Mais, il n’en fut rien car, l’essence même de l’autorité de M. Charles réside dans l’utilisation habilement détournée, de son lieu de commandant en chef de la PNH, à des finalités excentriques, intimidant ses subalternes, incitant un grand nombre à commettre de graves violations de la loi et des règlements de la PNH,’’ poursuit le communiqué de l’ANAMAH.

‘‘Comment expliquer qu’une simple citoyenne puisse avoir à sa suite plus d’une dizaine d’agents d’unités spécialisées lourdement armés, dans la vacation d’activités à visée personnelle tandis que, s’agissant d’un Magistrat qui agit dans l’intérêt général et au nom de la République, Léon Charles choisit malicieusement d’édenter son maigre dispositif de sécurité,’’ s’interroge l’association.

L’ANAMAH qui questionne les objectifs de Léon Charles et sa décision d’entraver le fonctionnement d’un juge, souligne que de telles mesures violent le principe cardinal qui fait de la police l’auxiliaire des pouvoirs publics, à fortuori de la Justice.

‘‘Est-il seulement inconscient du grand pouvoir des magistrats de l’ordre judiciaire ou tout simplement en est-il incapable de se le représenter,’’ se demande l’ANAMAH qui rappelle que se sentant gravement menacé le magistrat instructeur Rénord Régis est allé jusqu’à abandonner le pays avec sa famille et démissionner de son poste.

Selon l’association, les Magistrats Jean Wilner MORIN et Ikenson Edumé sont à présent dans le collimateur du tout puissant Charles et seront peut-être, dans les jours à venir, contraints à l’exil pour ne pas connaître le sort du bâtonnier Dorval.

Elle rappelle également que les trois policiers qui assuraient la sécurité du Juge Jean Wilner Morin ont été mis à sa disposition au moment où il était en charge du dossier de Clifford BRANT.

L’ANAMAH précise que le juge Jean Wilner Morin était informé de source crédible que des individus suspects s’apprêtaient à l’attaquer tandis qu’il exécutait des tâches de ses obligations au Palais de justice. ‘’Le Doyen Bernard Saint-Vil peut en apporter témoignage,’’ soutient l’association qui appelle à la solidarité de tous les magistrats aux juges Morin et Edumé face aux menaces de Léon Charles.