Les journalistes haïtiens de l’étranger préoccupés par les dérives constatées dans la presse haïtienne…

NORTH MIAMI, (FL), samedi 24 juin 2023- Les membres de l’association des journalistes haïtiens de l’étranger (AJHE), se sont réunis vendredi et samedi à North Miami, en Floride, pour discuter du fonctionnement de la corporation journalistique et de l’avenir de la profession en Haïti.

Pendant deux jours, les participants ont exprimé leurs préoccupations face aux dérives qui caractérisent, depuis quelques temps, le fonctionnement des médias haïtiens.

Pierre Renel René, journaliste depuis plus d’une vingtaine d année et PDG d’une agence d’information en ligne (Capital Info), a mis l’accent sur le problème de formation dont souffrent certains journalistes notamment avec le phénomène des réseaux sociaux où n’importe qui peut s’improviser journaliste.

Il a déploré que ces derniers temps,  n’importe qui s’auto-proclame “analyste politique” sans triture ni culture.

“Ce qui a contribué, a-t-il souligné, à la fabrication de monstres politiques qui, en complicité avec d’autres secteurs, ont conduit le pays à la catastrophe actuelle.”

Le journaliste de radio Caraïbes a également fait état de la corruption qui tend à s’installer dans pratique de la profession en Haïti. “Un comportement souvent guidé, selon lui, par la précarité et la tentation du gain facile.”

À cela s’ajoute aussi le salaire de misère que perçoivent les journalistes qui leur permettent pas d’arrondir convenablement leur fin de mois, a indiqué le journaliste qui a désapprouvé les pratiques de corruption qui gangrènent la profession.

Pierre Renel René a noté qu’il y a beaucoup plus d’eructations que d’informations dans les médias alors les outils de collecte, de traitement et de diffusion de l’information deviennent plus sophistiqués et accessibles quasiment à tous.

Quant au PDG de radio Méga et ex-reporter à radio Métropole au milieu des années 70s, Alex Saint-Surin a souligné les difficultés auxquelles les journalistes étaient confrontés sous la dictature de Jean-Claude “Baby Doc” Duvalier, pour exercer leur profession.

Selon Saint-Surin, “non seulement la liberté de la presse et l’accès à l’information n’étaient pas garantie, mais aussi, les journalistes travaillaient dans des conditions extrêmement difficiles et étaient contraints de pratiquer l’auto-censure.”

“Parfois,a-t-il souligné, ce sont les médias qui censuraient les reportages de leurs journalistes pour éviter de se retrouver dans le viseur du pouvoir, ajoutant que les reporters n’étaient pas libres d’utiliser certains vocables.“

Il a fait savoir qu’il était plus facile d’être informé de tout ce qui se passait dans le monde, sauf en Haïti.

“Les radios diffusaient des bulletins de nouvelles exclusivement en français et les sujets traités étaient souvent des chiens écrasés (information de peu d’importance dans le jargon journalistique)”, a déclaré Saint-Surin.

Se félicitant de l’initiative de l’AJHE de mettre ensemble les journalistes, M. Saint-Surin a encouragé les professionnels de la presse à continuer à s’organiser et à se renforcer pour mieux jouer, de manière responsable, leur rôle de quatrième pouvoir.

Le vice-président de l’AJHE, Luckson Bonhomme qui a lu le discours du président de l’association, Robert Philomé empêché pour la circonstance, a souligné la nécessité d’œuvrer à la professionnalisation des  journalistes par le renforcement de leur formation.

Bonhomme a informé que dans ses efforts pour contribuer à un meilleur exercice de la profession, l’AJHE a obtenu au moins cinq bourses d’études en journalisme dans une université basée à Yaoundé, au Cameroun.

“Des étudiants en journalisme et des journalistes professionnels souhaitant effectuer une spécialisation dans un domaine quelconque pourront bénéficier de ces bourses”, à-t-il précisé.

Selon lui, la presse est appelée à jouer un rôle fondamental dans le processus de démocratisation et de développement du pays.

“Tout cela doit passer nécessairement par des journalistes formés et imbus de leur responsabilité”, a ajouté Bonhomme.

Il a affirmé que le pays ne peut pas se développer sans une presse professionnelle et responsable où la science est mise à l’écart.

Le secrétaire général de l’AJHE, Garry Bélizaire, ex-rédacteur en chef du journal Libète, de radio Vision 2000 et de radio Solidarité, a insisté sur la nécessité d’adopter un code d’éthique pour limiter les dégâts dans l’exercice de la profession, ajoutant que personne ne doit verser dans le libertinage sous prétexte d’exercer la liberté d’expression.

Bélizaire a affirmé qu’en ce sens, l’AJHE travaille en synergie avec l’AJH, SOS Journalistes et des associations de médias entre autres, en vue de mettre fin aux dérives.

Garry Bélizaire qui s’est réjoui des deux journées de réflexion, a également informé du projet de l’AJHE de conduire des réflexions de concert avec d’autres associations pour aboutir à la mise en place d’une commission nationale de la carte chargée de certifiée les journalistes en vue d’une presse plus professionnelle.

Il a ajouté qu’il est indispensable que le fonctionnement de la profession soit réglementé pour éviter les dérives constatées, précisant que les n’ornes à mettre en place doivent être les mêmes pour les médias traditionnels et ceux en ligne.

Selon Garry Bélizaire, les journalistes ont une lourde responsabilité dans le développement et la création d’un Etat de droit en Haïti.

Intervenant au nom des dirigeants de la ville de North Miami, le conseiller municipal du district 4, Pierre Frantz Charles a exhorté les journalistes à toujours faire preuve de plus professionnalisme et de sens de responsabilité pour s’acquitter de leurs tâches.

Charles a également encouragé les journalistes à renforcer l’AJHE pour qu’elle devienne l’une plus grandes associations de journalistes.

Selon lui, cette association doit être léguée en héritage  avec des actifs réjouissant aux prochaines générations.

En plus de ces réflexions, cette rencontre a été l’occasion pour de fructueuses retrouvailles entre journalistes haïtiens issus de différents médias qui ne se sont pas vus depuis plus de 20 ans, pour la plupart.

Certains ont fait le déplacement du New-Jersey, de New-York, de Massachusetts, de la Caroline du Sud et de différents comtés de l’ État de la Floride pour participer à cette rencontre.