‘‘Les gangs armés ont perpétré au moins 10 massacres, faisant plus de 100 morts et au moins 250 mille déplacés entre mai et août 2023’’, selon la POHDH…

Wilson Joseph Lanmo San Jou'', chef de gang 400 Mawozo, Vitelhomme Innocent, chef de Kraze Barye, Johnson Andre ''Izo, chef de gang 5 Seconde de Village de Dieu et Jimmy Cherizier ''Barbecue'', chef de la federation des gangs du G-9 an Fanmi e Alye''....

PORT-AU-PRINCE, mardi 19 septembre 2023– Dans un rapport intitulé « Insécurité et Déplacements forcés », la plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (POHDH) informe avoir noté qu’entre mai et août 2023, les actes de violences se sont intensifiés dans la région métropolitaine et dans le département de l’Artibonite notamment dans les communes de Petite Rivière de l’Artibonite, Liancourt, l’Estère et Verettes.

L’organisation souligne que pour cette période, pas moins de dix (10) massacres ont été perpétrés à l’encontre de la population occasionnant plus d’une centaine de morts.

Selon la POHDH, « les attaques des gangs armés sont devenues beaucoup plus fréquentes et elles provoquent en conséquence des vagues intenses de déplacement forcé dont le nombre atteint déjà les 250 000 avec près de 200 000 rien que dans la zone métropolitaine. »

La POHDH affirme que seulement à Carrefour-feuille et ses zones avoisinantes, ‘‘on peut estimer à plus de 40 000 les personnes qui ont dû fuir leur domicile pour échapper à la fureur des gangs. Environ 20 000 d’entre elles ont atterri dans des camps qui leur servent d’abris provisoires. Elles vivent dans des conditions catastrophiques où leurs droits les plus fondamentaux sont bafoués’’, précise-t-elle.

Elle souligne que ‘‘les nouvelles stratégies utilisées par les gangs pour déloger les riverains sont beaucoup plus meurtrières et beaucoup plus destructrices. Ils ne laissent quasiment rien sur leur passage’’, soutient-elle.

La POHDH souligne que ‘‘les déplacés internes vivent de longues et douloureuses péripéties sous le silence complice de l’Etat.’’

Elle déclare que ‘‘les conditions catastrophiques et inhumaines dans les camps de déplacés représentent une violation des droits les plus fondamentaux tels que le droit à la vie, droit à la santé, droit au logement, droit à la sécurité garantis par la Constitution de 1987 ainsi que par les instruments internationaux de droits humains ratifiés par l’Etat Haïtien.’’

« C’est une atteinte grave à la dignité des déplacés livrés à eux-mêmes », soutient la POHDH, qui delare constater que les risques sanitaires sont très élevés dans les camps.

‘‘Les déplacés vivent dans des espaces insalubres, non assainis, dans la promiscuité, privés des articles de base, sans aucunes assistances médicales. Dans de telles conditions, il y a de fortes possibilités que le choléra ressurgisse et provoque un désastre’’, ajoute-t-elle.

L’organisation note également que ‘‘le Centre médical Sanatorium destiné aux personnes souffrant des maladies pulmonaires a cessé de fonctionner et les malades ont dû fuir hâtivement pour garder la vie sauve. Ces malades qui devraient être sous surveillance médicale constante sont dispersés au sein de la population. Le risque de faire face à une épidémie est évident’’, prévient la POHDH.

Dans son rapport, la POHDH « rend le gouvernement de facto et ses alliés responsables de cette situation désastreuse dans laquelle se trouvent ces milliers de familles contraintes de fuir leurs maisons, leurs quartiers à cause de la violence des gangs armés qui opèrent en toute impunité. Le pays est en pleine crise humanitaire alors que les autorités font semblant ne rien voir », déplore la POHDH rappelant que l’Etat a l’obligation de protéger la vie de la population.

Elle estime que la zone de carrefour-Feuilles a été livrée aux gangs par les autorités qui n’avaient pris aucune disposition sérieuse, notamment au niveau du CSPN, malgré les menaces constantes proférés et les différentes tentatives infructueuses des gangs pour occuper cette zone.

Elle dit croire que ‘‘l’insécurité est la manifestation d’une crise multidimensionnelle beaucoup plus profonde que traverse le pays. En conséquence, la solution doit être globale, consensuelle et inclusive. Cette situation démontre également l’absence de volonté et de capacité du pouvoir en place à poser la moindre action dans le sens de l’intérêt de la population qui ne cesse de courir çà et là à la recherche d’un endroit paisible pour échapper à la fureur des gangs armés’’, soutient l’organisation.

En guise de recommandation, la POHDH exige que dispositions efficaces soient prises en toute urgence afin d’apporter une assistance réelle, concrète et régulière aux victimes tant qu’ils sont dans les camps. Ces accompagnements qui seront d’ordres matériels, psychologiques et médicaux doivent incessamment parvenir aux victimes afin d’éviter plus de pertes en vie humaine ou d’autres catastrophes humanitaires ;

Elle souhaite que le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), en concertation avec le Rectorat de l’UEH, mette en place un dispositif permettant de mobiliser les étudiants/es en Travail Social et Psychologie dans le but d’accompagner les déplacés sur le plan psychosocial.

La POHDH demande que les structures étatiques devant assister les victimes soient constamment présentes sur les sites servant d’abris aux déplacés et que le Conseil Supérieur de la Police Nationale assume ses responsabilités de garantir la sécurité dans le pays. Les autorités gouvernementales et policières doivent prendre toutes les mesures nécessaires afin de permettre aux victimes de retourner dans leurs quartiers.

Elle souhaite que la population s’organise pour dénoncer le cynisme du premier ministre de facto Ariel Henry et ses alliés face à la multiplication des actes de violences entrainant des violations massives de droits humains dans le pays.