MIAMI, lundi 13 mai 2024– Alors que les préparatifs en vue du déploiement de la Mission multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) en Haïti s’intensifient sur le terrain, le politologue haïtien, Roger E. Biamby estime que le temps est compté pour les gangs armés qui continuent de terroriser la population.
‘‘Il est vrai que nous ne pouvons pas compter sur la force multinationale pour résoudre le problème de l’insécurité en Haïti, nous devons admettre que, pour se faire une meilleure image dans l’opinion publique haïtienne, les soldats et policiers étrangers déployés dans le pays, vont devoir éliminer inévitablement certains des chefs de gangs qui occupent le devant de la scène’’, déclare Dr. Biamby.
Il avise les chefs de gangs et leurs soldats à déposer les armes et cesser toutes les activités criminelles qui affectent considérablement la vie de la population, telles que le kidnapping, les incendies, les viols, les pillages et les trafics en tout genre.
« Il faut déposer les armes, se rebeller contre les oligarques et les politiciens qui vous ont armés et vous ensauvagés jusqu’à vous transformer en de véritables monstres sanguinaires. Soldats, désolidarisez-vous des chefs de gangs qui se servent de votre misère et de votre vulnérabilité pour s’enrichir de manière illicite alors que vos conditions de vie ne s’amélioreront jamais dans cette entreprise criminelle, sachant qu’il est temps d’arrêter l’effusion dans le pays » conseille Biamby.
« Réfléchissez à votre avenir et a tout ce qui risque de vous arriver dans les prochaines semaines. D’un côté, les éléments de la force multinationale vous élimeront pour projeter une image positive d’eux-mêmes et créer une perception d’être utiles pour éviter la contestation populaire. De l’autre côté, exaspérés par vos atrocités, les citoyens, comme ils l’ont fait au printemps 2023, sont prêts à relancer l’opération ‘‘Bwa Kale’’, ce qui constituera une sorte purge en vue de mettre hors d’état de nuire tous les criminels qui leur ont causé d’innombrables dommages », selon M. Biamby.
Outre les gangs armés, Roger Biamby exhorte les oligarques et les politiciens qui se livreraient dans des activités de contrebande et de trafic d’armes et de munitions a changer de métiers, sachant que même si les éléments de la force multinationale se montreraient complaisants envers eux, les citoyens quant à eux, développeront la vigilance active et intelligente pour nettoyer le pays.’’
Quant aux nouvelles autorités politiques, Biamby les encourage non seulement à respecter la feuille de route établie par l’accord politique du 3 avril dernier, mais à entreprendre certaines réformes institutionnelles, notamment au niveau des forces de sécurité, de la justice, des collectivités entre autres. Au nombre des mesures a prendre rapidement, figurent la lutte contre la corruption, la contrebande, le renforcement des contrôles au niveau des ports, aéroports et les points de passage à la frontière hatiano-dominicaine.
Il estime que des investissements massifs au niveau social dans les quartiers difficiles d’Haïti pourraient contribuer à résoudre le problème du banditisme et faciliter une reprise du contrôle des territoires perdus où les gangs règnent en maitres.
Selon Biamby, les investissements sociaux pourraient contribuer positivement à la réduction de la pauvreté, soulignant que les quartiers défavorisés sont souvent touchés par la pauvreté extrême, ce qui peut conduire certains jeunes à se tourner vers le banditisme par nécessité économique. ‘‘En investissant dans des programmes sociaux tels que des programmes de formation professionnelle, des opportunités d’emploi et des filets de sécurité sociale, on peut réduire la pression économique qui pousse les individus vers des activités criminelles’’, dit-il.
Il réclame des investissements dans le domaine de l’amélioration de l’éducation. ‘‘En investissant dans l’éducation, poursuit-il, en fournissant un accès à une éducation de qualité, des programmes de soutien scolaire et des ressources éducatives supplémentaires, on peut offrir aux jeunes des alternatives positives à la vie dans le banditisme. Une meilleure éducation peut également ouvrir des opportunités d’emploi légitimes et aider à développer des compétences pour une participation constructive à la société.’’
Biamby préconise également le développement des infrastructures et des services sociaux de base, faisant remarquer que les quartiers défavorisés ont souvent un accès limité aux infrastructures de base telles que l’eau potable, l’électricité, les soins de santé et les espaces récréatifs. Selon lui, ‘‘en investissant dans ces infrastructures et en fournissant des services sociaux de base, on peut améliorer la qualité de vie des habitants et réduire les facteurs de stress qui contribuent au banditisme.’’
Il plaide pour le renforcement des liens communautaires et de la cohésion sociale, soulignant que les investissements sociaux peuvent également aider à renforcer les liens communautaires et à promouvoir la cohésion sociale. ‘‘En encourageant la participation communautaire, en soutenant les initiatives locales et en favorisant un sentiment d’appartenance et de responsabilité envers la communauté, on peut réduire les tensions et les conflits qui alimentent le banditisme.’’
Il préconise également un programme de prévention de la violence et réhabilitation des délinquants, ajoutant que les investissements sociaux peuvent également inclure des programmes de prévention de la violence et de réhabilitation des délinquants. En offrant des alternatives au banditisme et en fournissant un soutien aux personnes impliquées dans des activités criminelles, on peut aider à briser le cycle de la violence et de la criminalité dans les quartiers difficiles.
Selon Biamby, en combinant ces mesures et en adoptant une approche holistique qui aborde les causes profondes du banditisme, les investissements massifs au niveau social peuvent jouer un rôle crucial dans la réduction de la criminalité et de la violence dans les quartiers difficiles d’Haïti.