Les forces de sécurité protégeant Garry Conille tirent des coups de feu de couverture pour qu’il quitte l’hôpital général…

PORT-AU-PRINCE, mardi 30 juillet 2024– Les forces de sécurité protégeant le premier ministre Garry Conille ont tiré des coups de feu de couverture alors qu’il quittait  l’hôpital général  après une interview, illustrant de manière frappante la violence qui continue de ravager la nation gangrenée par les gangs.

Conille avait été interviewé dans un hôpital détruit par les gangs lorsqu’on a entendu des rafales de coups de feu dans un quartier voisin. Conille a poursuivi l’interview sans faire de remarque sur les coups de feu, un son malheureusement courant à Port-au-Prince.

Après l’interview, les responsables et l’équipe de presse ont quitté les lieux en voiture, avec encore quelques coups de feu retentissant lorsqu’ils se sont engagés sur la route principale.

Selon un communiqué de la Police nationale haïtienne et de la Force de soutien sécuritaire multinationale (MSS), une force dirigée par le Kenya, ces derniers coups de feu provenaient des troupes tirant leurs armes pour “fournir une couverture” au Premier ministre lors de son départ. Par la suite, la police nationale et les forces de la MSS ont “suivi l’origine des tirs dans le quartier et pacifié la zone”, précise le communiqué.

Personne n’a été blessé et le Premier ministre est retourné sain et sauf à son bureau.

Haïti est toujours secoué par la violence des gangs et les bouleversements politiques, qui se sont intensifiés en février. La crise a vu des infrastructures critiques attaquées par les gangs et cesser de fonctionner, y compris l’aéroport et le port international de la capitale, rompant les lignes d’approvisionnement vitales en nourriture et en aide.

L’interview a eu lieu dans à l’Hospital de la ville, autrefois une grande institution de santé publique. L’hôpital a été repris au début de l’été par la Police nationale haïtienne, puis de nouveau par les forces conjointes HNP/MSS après la résurgence des gangs. Bien qu’encore dévasté, l’hôpital est vu comme un symbole précoce de la réaffirmation du contrôle de l’État dans une ville où les gangs contrôlent environ 80 % du territoire. La zone entourant l’hôpital reste dangereuse et largement abandonnée.

Le déplacement de Conille à l’hôpital s’est fait dans un convoi officiel d’une douzaine de véhicules, avec une forte présence sécuritaire — comprenant des dizaines de policiers haïtiens armés, des policiers kenyans, le chef de la police haïtienne et le commandant de la force kenyane, ainsi qu’une force de sécurité dédiée au Premier ministre par intérim.

La crise en Haïti avait forcé l’ancien Premier ministre Ariel Henry à démissionner en mars, plongeant l’establishment politique du pays dans des semaines de négociations pour former un gouvernement de transition. En mai, Conille a été nommé Premier ministre durant la période de transition, avec pour objectif de conduire Haïti vers de nouvelles élections. Conille avait précédemment brièvement servi comme Premier ministre de 2011 à 2012 sous la présidence de Michel Martelly.

Mais alors que le gouvernement travaille à se reconstruire, Port-au-Prince reste largement coupé du monde extérieur. À travers le pays, près de 5 millions de personnes en Haïti souffrent d’insécurité alimentaire aiguë — définie comme une incapacité à consommer une nourriture adéquate, posant un danger immédiat pour la vie ou les moyens de subsistance.

Fin juin, les membres de la mission tant attendue de la MSS ont commencé à arriver à Port-au-Prince après plusieurs retards. La mission dirigée par le Kenya vise à renforcer la police locale dans la lutte contre les gangs qui envahissent la capitale.

 

 

Source : CNN