“Les États-Unis veulent exploiter les réserves de 100 millions de tonnes de terres rares découvertes en République dominicaine”…

SAINT-DOMINGUE, lundi 10 février 2025D’importants gisements de terres rares se trouvent dans le sud de la République dominicaine, près de la frontière avec Haïti. Les États-Unis se réjouissent de l’opportunité de collaborer avec « leur meilleur ami dans la Caraïbe » pour exploiter cette richesse minérale. Pendant ce temps, en Haïti, aucune stratégie n’a été mise en place pour explorer et exploiter d’éventuels gisements de terres rares sur son territoire.

Lors de sa visite officielle de 24 heures à Saint-Domingue, du 5 au 6 février 2025, Marco Rubio, nouveau secrétaire d’État des États-Unis, a tenu des discussions avec le président dominicain Luis Abinader ainsi qu’avec le ministre des Affaires étrangères de la République dominicaine. L’un des sujets majeurs abordés concernait l’exploitation des terres rares, des éléments chimiques essentiels à l’industrie technologique et stratégique, que l’on trouve en grandes quantités dans le sous-sol dominicain.

« Le Corps des ingénieurs de notre armée a déjà collaboré avec vous, sous contrat, pour identifier quelque chose qui sera extrêmement important pour l’avenir du monde et de l’économie moderne. Nous espérons travailler avec vous pour la suite », a déclaré Marco Rubio.

Les terres rares sont un groupe de 17 éléments chimiques indispensables à la fabrication de nombreux produits technologiques, notamment ceux utilisés dans les secteurs de la défense, de l’aérospatiale et du médical. Elles entrent également dans la fabrication des téléphones portables, des véhicules électriques, des semi-conducteurs et des systèmes d’énergies renouvelables.

En République dominicaine, les estimations préliminaires évaluent les réserves brutes de terres rares à 100 millions de tonnes, un chiffre qui attire l’attention des puissances industrielles comme les États-Unis. « Un pays ami, un allié, qui se trouve dans notre hémisphère et qui a accès à ces ressources, c’est quelque chose de très positif. Je préfère que ce soit ici plutôt que dans les mains d’un pays qui n’est ni un ami, ni un allié, qui se trouve à l’autre bout de la planète », a ajouté Marco Rubio.

Selon le secrétaire d’État américain, la République dominicaine pourrait tirer parti de cette richesse pour devenir un centre technologique moderne, notamment dans la production de semi-conducteurs, ces composants essentiels à la fabrication des appareils électroniques et numériques.

Le gouvernement dominicain a déjà mis en place l’Empresa Minera Dominicana, S.A. (EMIDOM), une entreprise publique chargée de promouvoir l’extraction et la valorisation des ressources minières du pays. Le président Luis Abinader a réaffirmé que les États-Unis restent le partenaire privilégié de la République dominicaine dans ce domaine.

Depuis août 2024, sous l’administration du président Joe Biden, les États-Unis collaborent avec la République dominicaine sur l’exploration et le forage de terres rares dans la province de Pedernales, située dans le sud du pays, à la frontière avec Haïti.

De l’autre côté de la frontière, en Haïti, aucune initiative n’a été prise pour explorer les ressources du sous-sol, notamment dans la région d’Anse-à-Pîtres, située en face de la province dominicaine de Pedernales.

Dans un entretien accordé en 2024 au journal en ligne HaïtiLibre, l’ingénieur géologue Claude Prépetit, directeur du Bureau des Mines et de l’Énergie en Haïti, a déploré l’absence de politique minière et l’incapacité des autorités à développer le secteur. Il a souligné qu’il existe une forte probabilité de trouver des terres rares dans cette zone frontalière, notamment du cérium, un élément clé dans la fabrication des écrans plats, des ampoules basse consommation et des projecteurs.

Aujourd’hui, la Chine et la Russie dominent la production mondiale de cérium, mais selon Claude Prépetit, Haïti possède un potentiel inexploité qui pourrait représenter une opportunité économique majeure. Par ailleurs, des études préliminaires indiquent également la présence de gisements d’or dans les provinces frontalières du nord de la République dominicaine et d’Haïti, mais faute de cadre institutionnel et d’investissements, aucune initiative concrète n’a été mise en place pour les exploiter.

Cet article de Caroline Popovic a été publié initialement sur: Les États-Unis veulent exploiter les réserves de 100 millions de tonnes de terres rares découvertes en République- Dominicaine