WASHINGTON, samedi 22 février 2025- Le gouvernement américain a décidé de suspendre plusieurs programmes essentiels d’immigration, de voyage et de visas, impactant directement des milliers de migrants originaires d’Ukraine, de Cuba, d’Haïti, du Nicaragua, du Venezuela, de Colombie et d’Équateur. Ces initiatives, qui permettaient auparavant aux personnes fuyant la guerre, l’instabilité politique et la précarité économique de trouver une voie légale vers les États-Unis, sont désormais gelées. Cette décision prive de nombreux demandeurs d’asile et migrants d’un statut légal ou d’une protection temporaire, bloquant leurs demandes de visa et les exposant à un risque accru d’expulsion.
L’administration Trump a mis en place ces restrictions dans le cadre d’un durcissement de la politique migratoire, entraînant l’arrêt du traitement des demandes d’immigration et la suppression de certains statuts de protection.
Le département de la Sécurité intérieure (DHS) a ordonné la suspension de plusieurs programmes permettant auparavant une installation temporaire aux États-Unis. Cette directive bloque l’examen et l’approbation de nombreuses demandes de visa, en attendant une révision approfondie de ces dispositifs. Une résiliation définitive de certains programmes n’est pas exclue. Parmi les migrants touchés, les Ukrainiens fuyant la guerre avec la Russie sont particulièrement affectés, perdant une possibilité essentielle de protection humanitaire.
Dans une mesure parallèle, l’administration a annulé le Statut de Protection Temporaire (TPS) accordé à environ 500 000 Haïtiens résidant aux États-Unis. La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a annoncé que ces protections, initialement prolongées jusqu’en février 2026 en raison de l’insécurité persistante en Haïti, seront désormais levées. Les personnes concernées pourraient ainsi être expulsées dès août 2025.
La suspension touche plusieurs dispositifs majeurs qui offraient aux migrants des voies légales pour entrer ou rester aux États-Unis. Le programme “Uniting for Ukraine” (U4U) fournissait un refuge temporaire aux Ukrainiens fuyant l’invasion russe. Sa suspension laisse des milliers de personnes, comme Kateryna Miyenko, sans alternative et menacées d’expulsion. Le programme de “Parole” pour les Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens (CHNV) permettait aux ressortissants de ces pays d’entrer aux États-Unis avec un parrain. Son gel plonge des milliers de demandeurs dans une impasse juridique. Les programmes de regroupement familial autorisaient des ressortissants de Colombie, d’Équateur et d’Haïti à rester aux États-Unis en attendant l’obtention d’une carte verte. La suspension de ces programmes brise de nombreux processus de réunification familiale.
Un mémo du DHS justifie ces suspensions par des inquiétudes liées à d’éventuelles fraudes et à des risques pour la sécurité publique. Toutefois, les défenseurs des droits des migrants dénoncent une politique qui accentue la séparation des familles, augmente les expulsions et laisse des milliers de personnes vulnérables sans issue légale. Alors que l’avenir de nombreux migrants devient de plus en plus incertain, des organisations de défense des droits des immigrants et des experts en immigration contestent ces nouvelles restrictions et appellent à une réévaluation de la politique migratoire de l’administration.
Ces décisions participent de la mise en œuvre du Projet 2025, une initiative élaborée par la Heritage Foundation, un think tank conservateur américain, visant à transformer en profondeur le gouvernement fédéral des États-Unis sous l’administration Trump. Ce plan de transition présidentielle propose une série de réformes actuellement en cours destinées à consolider le pouvoir exécutif et à aligner les politiques gouvernementales sur des principes conservateurs.
Depuis son retour à la présidence en janvier 2025, Donald Trump a mis en œuvre plusieurs mesures reflétant les recommandations du Projet 2025. Parmi les actions notables, on compte la signature de plus de 50 décrets exécutifs visant à restructurer l’administration fédérale et à renforcer l’autorité présidentielle. Ces décrets incluent la révision des réglementations dans diverses agences, le renforcement du contrôle de la Maison-Blanche sur les régulateurs indépendants et la reclassification des employés fédéraux pour faciliter leur licenciement.
L’administration Trump a également entrepris des réductions significatives de personnel dans des départements clés. Par exemple, le Département du Logement et du Développement Urbain (HUD) a proposé la suppression d’environ 4 000 postes, affectant des programmes essentiels tels que la récupération après des catastrophes, les subventions au logement et les enquêtes sur les discriminations. Ces coupes pourraient entraîner des retards et des perturbations dans la prestation de services vitaux pour les communautés vulnérables.
Parallèlement, des licenciements massifs et précipités ont eu lieu dans diverses agences fédérales, y compris celles responsables de la sécurité nucléaire et de la recherche sur la grippe aviaire. Cette approche a conduit à des erreurs administratives, obligeant l’administration à réembaucher en urgence des centaines d’employés essentiels. Cette gestion chaotique a suscité des critiques quant aux risques posés à la sécurité nationale et à la santé publique.
Le Projet 2025 préconise également une centralisation accrue du pouvoir présidentiel, s’appuyant sur des théories telles que l’« exécutif unitaire ». Cette philosophie soutient que le président doit exercer un contrôle absolu sur la branche exécutive, une position qui a été mise en avant par des figures clés de l’administration, comme Russell Vought, ancien directeur du Bureau de la gestion et du budget.
Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet 2025, l’administration Trump a entrepris une refonte majeure de la politique d’immigration des États-Unis, en adoptant des mesures destinées à restreindre l’immigration légale, à intensifier les expulsions et à renforcer le contrôle aux frontières. Parmi les mesures mises en œuvre, on compte la suspension de programmes d’immigration clés, tels que “Uniting for Ukraine” (U4U) et les programmes de regroupement familial pour des ressortissants de pays comme la Colombie, l’Équateur et Haïti, limitant ainsi les voies légales pour les migrants.
Dès son entrée en fonction en janvier 2025, le président Trump a signé plusieurs décrets, dont l’Ordre Exécutif 14159 intitulé “Protéger le peuple américain contre l’invasion”, qui prévoit l’expansion des procédures d’expulsion accélérée, la suppression des financements fédéraux aux juridictions sanctuaires et l’augmentation des poursuites pénales pour infractions liées à l’immigration. Un autre décret a été émis pour refuser la citoyenneté américaine aux enfants nés aux États-Unis de parents non autorisés ou titulaires de visas non-immigrants, si aucun des parents n’est citoyen ou résident permanent légal.
Par ailleurs, bien que le nombre d’expulsions ait été initialement inférieur aux attentes, l’administration a intensifié ses efforts, notamment en collaborant avec des pays comme le Guatemala et le Salvador, et en utilisant des bases militaires telles que Fort Bliss au Texas pour détenir les migrants avant leur expulsion. Les actions entreprises dans le cadre du Projet 2025 ont conduit à une réduction significative des voies légales d’immigration, laissant de nombreux migrants dans une situation précaire.
Les suspensions de programmes et les nouvelles restrictions ont perturbé les processus de réunification familiale et limité les possibilités pour les réfugiés et les demandeurs d’asile. De plus, l’intensification des expulsions et l’utilisation de bases militaires pour la détention ont soulevé des préoccupations en matière de droits de l’homme et de traitement des migrants.