NEW-YORK, samedi 16 juillet 2022– Intervenant au conseil de sécurité de l’ONU, Helen La Lamie, cheffe du bureau intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH), a indiqué que ‘‘l’emprise avec laquelle les gangs contrôlent des pans entiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince s’est de plus en plus resserrée à mesure que leurs zones d’influence s’étendent inexorablement.’’
Elle a affirmé que ‘‘les enlèvements et les homicides intentionnels ont augmenté respectivement de 36 et 17 % par rapport aux cinq derniers mois de 2021. Rien qu’en mai, la Police nationale d’Haïti a signalé 201 homicides intentionnels et 198 enlèvements, une moyenne pour chacun de près de 7 cas par jour’’, a soutenu La Lime.
Selon la cheffe du BINUH, ‘‘l’horrible violence qui s’est déroulée dans les banlieues de Cité Soleil, Croix-des-Bouquets et Tabarre fin avril et début mai, au cours de laquelle les femmes et les filles ont été particulièrement exposées à la violence sexuelle, n’est qu’un exemple de l’état de terreur dans lequel le cœur politique et économique d’Haïti est plongé.’’
Abordant l’impact des activités criminelles des gangs sur le quotidien des haïtiens, Helen La Lime a déclaré : « Des dizaines d’écoles, de centres médicaux, d’entreprises et de marchés ont été contraints de fermer. De nombreuses personnes sont piégées dans leurs quartiers ou même parfois dans leurs résidences ».
Elle également souligné qu’au moins 17 000 autres personnes ont été déplacées de leurs maisons, et beaucoup ont du mal à trouver les produits de première nécessité tels que la nourriture, l’eau et les médicaments.
‘‘De plus, a-t-elle poursuivi, la circulation le long des principales routes nationales reliant la capitale au reste du pays est sérieusement compromise car les gangs ont érigé des barricades pour restreindre l’accès aux zones sous leur contrôle, affectant ainsi gravement la circulation des marchandises dans tout le pays.’’
Selon La Lime, le sentiment d’insécurité omniprésent et croissant, exacerbé par l’incapacité apparente de la PNH à faire face à la situation et l’impunité manifeste avec laquelle les actes criminels sont commis, porte dangereusement atteinte à l’État de droit dans le pays.
Elle a souligné le cas du le tribunal de première instance de Port-au-Prince qui a été envahi par un gang local qui a ensuite procédé au pillage et à l’incendie des dossiers et des pièces à conviction.
« Dans certaines régions du pays, les actes d’autodéfense contre les membres présumés de gangs recueillent de plus en plus le soutien populaire », a-t-elle déclaré.
Insistant sur la persistance de l’insécurité et de la violence criminelle dans le pays, elle a déclaré : « Plus que jamais, Haïti a besoin d’une assistance immédiate pour développer sa police nationale et lutter contre la criminalité et la violence croissantes ».
‘‘La PNH, a-t-elle poursuivi, manque actuellement de ressources humaines, matérielles et financières pour remplir efficacement son mandat. Ses capacités opérationnelles et logistiques limitées compromettent la mise en œuvre d’un programme global de sécurité publique qui s’appuie sur le maintien de l’ordre fondé sur le renseignement et la réduction de la violence’’, a souligné Mme La Lime.
Elle a donc appelé les États membres à fournir un plus grand soutien et à contribuer au fonds commun nouvellement créé, géré par le PNUD, destiné à soutenir la PNH et à l’aider à relever les défis auxquels elle est confrontée.
Une guerre opposant la fédération des gangs ‘‘G-9an Fanmi e Alye de Jimmy Cherizier alias Barbecue au G-pep’’ de Jean-Pierre Gabriel alias Ti Gabriel, a fait au moins 89 morts, 74 blessées, 16 disparus et 127 maisons détruites et ou incendiées, selon un rapport partiel du réseau national de défense des droits humains (RNDDH).
Le mandat du BINUH a été renouvelé vendredi à l’unanimité par les membres du conseil de sécurité des Nations-Unies.