Les deux derniers décrets de Jovenel Moïse constituent une atteinte à l’Etat de droit et à la démocratie, selon Pierre Espérance

Photo: Pierre Espérance, Directeur Exécutif du RNDDH

Port-au-Prince, 6 décembre 2020- En plus de violer la constitution de la république, les deux derniers décrets pris par Jovenel Moïse constituent une atteinte grave à l’Etat de droit et au processus démocratique en Haïti, selon Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).

L’exécutif a pris deux décrets en date du 25 novembre 2020 dont l’un portant création de l’Agence Nationale d’Intelligence (ANI) et l’autre relatif au renforcement de la sécurité publique.

En ce qui a trait à l’ANI dont les agents et officiers sont intouchables et ne sont redevables qu’au président de la République, Pierre Espérance dit craindre que cette structure créée en dehors de la constitution ne serve à légaliser les activités criminelles des organisations terroristes liées au pouvoir pour mieux implanter la dictature dans le pays. Une dictature qui se met en place lentement, mais certainement, souligne-t-il.

Ces agents intouchables et placés au-dessus de la loi sont autorisés à perquisitionner, interpeller sans autorisation préalable d’un juge, contrairement aux prescrits de la constitution, note M. Espérance qui affirme également que ceux qui avaient encore des doutes sur la nature et la volonté dictatoriale du régime en place, devraient se raviser.

“Ces agents ont des pouvoirs extra-judiciaires. Tout est clair maintenant et cela fait peur puisque personne n’est au-dessus de la loi, selon la constitution, or, l’exécutif vient de créer une agence qui a les pleins pouvoirs que la loi mère ne lui reconnait pas, précise-t-il.”

Interviewé par RHINEWS, le défenseur des droits humains estime que ce décret participe des efforts du régime en place pour affaiblir totalement l’appareil judiciaire, la police nationale et toute la chaîne pénale.

‘’Depuis son arrivée au pouvoir, cette équipe s’est toujours évertuée à réduire le pays en un État de non droit où ce sont les contre-valeurs, la déconstruction démocratique et le démantèlement des institutions régaliennes qui priment.’’

Devant cet état de fait, les citoyens ont pour devoir de résister et de se soulever contre ces décisions ignobles qui remettent en question les libertés fondamentales et les droits qui leur sont garantis par la constitution, suggère Pierre Espérance.

Le militant des droits humains exhorte les citoyens à s’organiser pour se défendre contre des inconnus qui se présenteront chez eux sous de fausses identités et sans un mandat légal d’un juge.

Si on ne fait pas attention, bientôt on pourra faire face a des cas de disparition comme ce fut le cas sur la dictature des Duvalier, fait remarquer M. Esperance qui informe que les instances internationales des droits humains dont la commission interaméricaine des droits humains, le commissariat des droits humains des Nations-Unies seront saisies officiellement afin de porter l’exécutif haïtien à faire le retrait de ces décrets qualifiés de scélérats.

Selon Pierre Espérance, au nom de la dignité humaine, des droits et libertés de la personne, les citoyens ne doivent pas obéir à ces décrets inacceptables et anticonstitutionnels en résistant par tous les moyens pour le respect de leurs droits.