Les défenseurs des droits humains réclament une protection renforcée après l’attaque violente d’un groupe ultranationaliste dominicain contre plusieurs militants et les locaux du MOSCTHA

Dr. Manuel Maria Mercedes, président de la Commission nationale des droits humains dominicaine, au centre, avec à sa gauche Me Manuel Dandré et Josef Chérubin, respectivement membre et président du MOSCTHA

Santo Domingo, 8 octobre 2024 – Une nouvelle attaque ciblant une organisation environnementale en République dominicaine a suscité de vives réactions au sein des milieux des droits humains. Le Mouvement Socioculturel de Travail Humanitaire et Environnemental (MOSCTHA) a récemment été pris pour cible par le Mouvement Code Patrie, un groupe nationaliste extrémiste dirigé par Wendy Santiago, lors d’une attaque violente contre ses bureaux. Les membres de ce groupe ont scandé des slogans anti-haïtiens, exacerbant les tensions liées à la présence de migrants haïtiens en République dominicaine.

En réponse à cette situation, la Commission des Droits Humains a exprimé sa profonde inquiétude et son indignation face à cette escalade de violence. La présidente de la Commission, tout en exerçant ses attributions, a souligné qu’elle avait la capacité de prendre les mesures nécessaires pour répondre à ce type de situation. Elle a également déclaré son intention de solliciter l’intervention du Président de la République, afin que toute la protection prévue par la Constitution soit accordée à des organisations comme le MOSCTHA, ainsi qu’aux défenseurs des droits humains dans l’exercice de leurs activités légitimes.

« Il est regrettable qu’en plein processus de réforme constitutionnelle, des violations de la Constitution, que nous cherchons à modifier, se produisent. L’État dominicain a la responsabilité de garantir le libre exercice des mouvements socioculturels et environnementaux, mais aussi de toutes les organisations engagées dans des causes similaires, » a déclaré la présidente de la Commission.

Elle a également annoncé que dans les prochaines heures, la Commission des Droits Humains informera les organismes internationaux de cette provocation, qualifiée d’attaque injustifiable contre une « organisation sœur ». En outre, la Commission prévoit de demander une mesure de protection pour les dirigeants de l’organisation attaquée, et plus largement pour toutes les associations qui mènent des initiatives similaires. Cette demande vise à garantir que les militants puissent exercer leur travail dans un cadre sécurisé, à l’abri de toute forme d’intimidation ou de violence.

Cette attaque met en lumière l’escalade des tensions nationalistes dans le pays, souvent dirigées contre les Haïtiens et les Dominicains d’origine haïtienne. En effet, ces derniers mois, des déportations massives ont eu lieu à la frontière haïtienne, avec environ 6 505 personnes renvoyées de force au cours des premiers jours d’octobre. Parmi ces personnes se trouvent non seulement des migrants haïtiens, mais aussi des Dominicains noirs ou d’origine haïtienne, certains n’ayant jamais vécu en Haïti.

Le Service Jésuite aux Migrants (SJM-Haïti/Solidarité Fwontalye), dirigé par le Dr. Germain Clerveau, a vivement dénoncé ces pratiques brutales, qui consistent à maltraiter les déportés, souvent entassés dans des camions fermés et renvoyés de force en Haïti sans considération pour leur dignité humaine. « Nous partageons tous la même humanité, et la dignité humaine ne doit pas être conditionnée par les frontières, la race ou la nationalité », a déclaré le Dr. Clerveau.

Cette vague de violences et de déportations souligne la nécessité d’une action urgente et concertée pour protéger les droits humains en République dominicaine. Les acteurs de la société civile et les organisations internationales sont appelés à se mobiliser pour soutenir les efforts visant à garantir un cadre sécurisé pour les militants et les travailleurs humanitaires, ainsi qu’à plaider pour une meilleure coexistence pacifique entre les communautés dominicaine et haïtienne.