Les agriculteurs du nord d’Haïti s’efforcent de renforcer leur résilience face aux conditions météorologiques extrêmes afin de mieux se protéger contre la perte de biens et de récoltes qui résultent souvent de catastrophes naturelles.
Limonade, mercredi 30 mars 2022-Une grande majorité de la population essentiellement rurale du nord du pays est confrontée à une crise de la faim selon la dernière phase de classification intégrée de la sécurité alimentaire ou rapport IPC qui donne un aperçu de la gravité et de l’ampleur de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.
Le gouvernement haïtien, le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres partenaires ont soutenu les agriculteurs de la région alors qu’ils se remettent d’un cycle de sécheresses et d’inondations. Beaucoup ont reçu des paiements pour travailler sur des projets qui ont renforcé la résilience de leurs communautés. Comme les agriculteurs du monde entier, ils sont extrêmement fiers de leur mode de vie et des cultures qu’ils cultivent et souhaitent offrir un avenir à leurs familles. Voici trois de leurs histoires.
« Lorsque nos terres sont inondées, nous perdons toutes nos récoltes. En janvier, j’ai perdu tous mes haricots ainsi que du maïs, des bananes, des pommes de terre, des ignames et de la citrouille. Cette terre nourrit une famille de dix personnes, mais nous n’avons pas de stocks de nourriture. J’ai travaillé sur la terre d’un voisin pour pouvoir partager une partie de ce produit. Aujourd’hui, il n’y a que mes trois petits-enfants qui ont mangé ; Je leur ai donné du café et du pain et maintenant je prépare des haricots pour toute la famille qui seront notre seul repas de la journée.
J’ai planté pour la prochaine saison et donc nous aurons de nouveau de la nourriture plus tard dans l’année, mais jusque-là nous aurons faim.
J’ai également apporté mon travail à la communauté ici à Dubuisson entre juillet et septembre de l’année dernière pour construire des structures qui rendront les futures inondations moins graves, et cet argent m’a beaucoup aidé.
« La terre de Limonade est fertile et nous recevons beaucoup de pluie, mais nous avons toujours eu du mal à arroser régulièrement nos cultures. Nous avons travaillé avec le PAM pour creuser des canaux d’irrigation sur les terres de notre association de 200 agriculteurs et nous pouvons maintenant pomper de l’eau pour cultiver un large éventail de nouvelles cultures, notamment l’aubergine, le chou, les épinards, l’oignon de printemps et la betterave. Je peux à nouveau manger de la salade de betteraves le dimanche, une coutume locale que j’apprécie.
Avant l’irrigation, pendant une sécheresse, nous ne mangions qu’un seul repas par jour, mais maintenant nous pouvons manger trois fois par jour et vendre de la nourriture pour subvenir aux besoins de nos familles.
Je suis fier d’être agriculteur, c’est ma vie; c’est une belle vie. Mes enfants perpétueront la tradition agricole qui est forte dans cette région.
« Mon voisin voulait abattre un vieux manguier pour en faire du charbon de bois, mais je l’en ai empêché car je sais que la déforestation entraîne une érosion des sols qui nuit à tous et surtout aux agriculteurs de Pilette où j’habite.
J’ai appris l’importance du reboisement pour protéger le sol et prévenir les inondations dans le cadre du projet du PAM et j’ai hâte de voir plus de manguiers, d’avocatiers, de cacaoyers et de caféiers plantés. Ceux-ci protégeront notre environnement et nous fourniront des aliments nutritifs. En tant que communauté, nous avons travaillé ensemble pour construire des mesures de protection contre les inondations dans les ravins qui se déversent dans la rivière. Ceux-ci ont empêché les sédiments et le sol de s’écouler des coteaux, mais nous devons faire beaucoup plus car les fortes pluies récentes ont encore causé des dégâts dans la vallée.
Le temps change dans cette région; la pluie est de moins en moins fiable, donc beaucoup de gens comme mon voisin veulent couper des arbres pour faire du charbon de bois afin de pouvoir survivre. Dans le passé, la pluie était plus constante et il y avait donc plus à manger, et nous perdions rarement nos récoltes à cause des inondations, donc les gens n’avaient pas besoin de faire du charbon de bois. Mon voisin ne me parle plus, mais je m’en fiche parce que j’ai sauvé ce manguier.