L’église catholique de Dajabón appelle à l’arrêt des déportations massives et arbitraires de migrants haitiens par la République dominicaine…

Des haitiens expulses de la Rep. Domionicaine

DAJABON (RD), mercredi 30 novembre 2022– Des prêtres du clergé de Dajabón expriment leurs exaspérations face au comportement des autorités dominicaines vis-à-vis des migrants haitiens.

« Les expulsions massives auxquelles nous avons assisté ces dernières semaines se déroulent dans des conditions dans lesquelles le gouvernement ne peut garantir une procédure régulière en raison du nombre d’expulsions qui dépasse les capacités opérationnelles des agents d’immigration », selon une déclaration d’un groupe de prêtres.

« Nous voyons que cette situation empêche la discrimination positive dans laquelle tous les ressortissants haïtiens qui sont appréhendés dans les opérations de migration et l’Armée nationale sont traités avec des méthodes qui nient leurs droits. Cette action viole la constitution, les lois et les conventions internationales. Nous le dénonçons », déclarent-ils.

Ils notent que les migrants sont soumis à des procédures violentes, humiliantes et non professionnelles dans les opérations qui sont menées quotidiennement.

‘‘Toute personne en uniforme peut détenir un migrant, c’est promouvoir l’arbitraire, soulignent-ils, ajoutant qu’il y a des déportations d’enfants ayant des racines sociales en République dominicaine, et nous sommes attristés par le nombre de mineurs non accompagnés qui ont été emmenés à la frontière.’’

Dans leurs déclarations, les religieux indiquent que les centres de détention ne respectent pas le minimum qui garantit la dignité humaine : toilettes, meubles pour s’asseoir ou dormir, ni nourriture ni eau.

‘‘Les enfants autant que les femmes enceintes et les mères allaitantes sont soumis à cette situation, dénoncent-ils.

Ils rappellent la loi générale sur les migrations 285-4, dans son article 27 dit que, “Dans les cas où la déportation ou l’expulsion des étrangers se poursuivra, elle sera effectuée dans le respect des droits de l’homme, comme le prévoient les lois en vigueur et les accords ratifiés par la République dominicaine.”

« Tout étranger qui se trouve sur le sol dominicain doit faire respecter sa dignité humaine et ses droits, ils doivent être garantis par l’État. L’État dans tous les cas est toujours garant des droits, quand cela ne se produit pas, l’accord social qui soutient notre société est déchiré. Le problème de la gouvernance des migrations dans notre pays est clair. La seule solution qui s’offre est le rapatriement, quand cela se résout par la régularisation. Nous avons besoin d’une politique d’immigration efficace et de la régularisation de la main-d’œuvre haïtienne », déclarent les religieux.

Ils ajoutent que, tenant compte du fait que la République dominicaine dépend de la main-d’œuvre haïtienne dans plusieurs domaines fondamentaux tels que la construction, le tourisme, l’élevage et l’agriculture, les actions de déportations massives mettent en danger la stabilité économique et sociale.

« Nous comprenons également que la situation irrégulière de nombreux haïtiens en RD relève également de la responsabilité des employeurs qui profitent de cette situation pour exploiter de la main-d’œuvre haïtienne » déclarent-ils.

Ils ajoutent que, si de nombreux migrants n’ont pas pu renouveler leur carte, cela est dû à l’inexistence de bureaux assurant ces services dans les provinces où ils résident, ils doivent se rendre à Saint-Domingue. Tout cela confirme que le gouvernement n’a pas de politique d’immigration claire sur Haïti, déplorent les religieux.

‘’L’Église, qui est Mère et Maîtresse, est profondément blessée par toutes ces situations et nous enseigne que nous ne pouvons pas être indifférents à la douleur de nos frères, que nous sommes tous enfants de Dieu et que la dignité humaine est au-dessus de tout. (…) J’ai vu l’affliction de Mon peuple (…) et J’ai entendu son cri (…) parce que Je suis conscient de ses souffrances. (Exode 3,7).’’

‘‘L’histoire de la révélation nous enseigne que Dieu n’est pas indifférent, poursuivent-ils, Il est attentif aux événements de nos vies et de nos sociétés, il s’inquiète et compatit. Cette dimension sensible de Dieu est la base de la justice divine. Dieu ne ferme pas les yeux sur les injustices des hommes, comme cela arrive souvent à ceux qui doivent appliquer la justice.’’

‘‘Et face à ce phénomène de déportations massives, Dieu non plus ne ferme pas les yeux. Dieu écoute le cri de ses enfants qui sont persécutés comme des criminels, souvent battus et enfermés dans des espaces qui ne conviennent pas pour que l’intégrité physique et morale de beaucoup soit garantie. Dieu écoute et surtout n’est pas indifférent à la souffrance de l’humain’’, déclarent-ils.

Ils demandent au gouvernement d’arrêter les déportations massives de résoudre le problème de la participation des militaires à la traite des êtres humains, de créer des centres municipaux de régularisation des migrants, d’impliquer les employeurs en tant que coresponsables dans la régularisation des migrants. Et d’améliorer l’infrastructure des centres de détention et créer des espaces sûrs pour les mineurs, les femmes enceintes et allaitantes qui doivent être rapatriés.