Par Jacques Kolo,
Miragôane, 21 janvier 2021 (RHInews)- Cette arrestation est survenue au moment où le sénateur Nènel Cassy s’était rendu au Commissariat de police de Miragôane pour s’enquérir des motifs de l’arrestation préalablement d’au moins dix (10) militants politiques, lors d’une manifestation ce jeudi 21 janvier 2021 pour réclamer le respect de la constitution haïtienne.
C’est à ce moment précis qu’il a été séquestré puis écroué sur ordre du Commissaire du gouvernement de cette ville Me. Jean Ernst Muscadin qui avait déjà prévenu que quiconque s’arrogerait le droit de manifester devant le Commissariat de police de Miragôane serait mis en dépôt.
Deux autres militants ont été atteints par plusieurs projectiles tirées par des agents de la police accompagnés de civils armés portant des brassards rouges, lors du déroulement de la marche de protestation de l’opposition pour réclamer le respect de la constitution.
Selon la déclaration qu’il aurait faite lors de l’arrestation des militants politiques, le Commissaire du gouvernement de Miragôane Me. Jean Ernst Muscadin a affirmé qu’il a “reçu l’ordre express du président Jovenel Moise pour procéder à l’arrestation du sénateur Nènel Cassis”, l’un des principaux chefs de file de l’opposition.
Une manifestation dispersée brutalement et prématurément à coup de balles réelles et de grenades lacrymogènes par la police, alors qu’on s’approchait presqu’à la fin de cette activité pacifique, a constaté RHInews.
Les démarches effectuées jusqu’ici par l’avocat André Michel pour la libération des prévenus se sont révélées vaines. Il participait également à la marche de l’opposition politique.
Une situation pour le moins anormale dénoncée par le sénateur Cassy qui se trouvait encore en garde a vue en début de soirée. Il a fait remarquer que “son incarcération est la prévue tangible que nous vivons dans un Etat de non droit”.
Il dit attendre les chefs d’accusation retenus contre lui, dans le cadre de cette arrestation qu’il qualifie d’illégale.
“Il reste beaucoup à faire dans ce pays pour éviter que la dictature ne s’installe avec le régime PHTK au pouvoir” , a prévenu Nenel Cassy qui confirme que la police locale avait été notifiée de la manifestation du jour.
En réactions, l’ingénieur Rosemond Pradel de la Fusion des Socio-Démocrates a qualifié d’”acte arbitraire et malhonnête l’arrestation du sénateur Nènel Cassis”, lors d’une manifestation pacifique à Miragôane.
Selon lui, il s’agit d’une violation systématique des droits des citoyens de manifester pacifiquement pour crier leur ras-le-bol dans le cadre d’une mauvaise gestion du pouvoir politique.
Selon l’ingénieur Pradel qui demande la libération de tous les prévenus, cet incident est le signe évident de la manifestation d’une nouvelle dictature qui rappelle étrangement les heures sombres de la tyrannie des Duvalier.
“Personne ne peut tolérer les dérives totalitaires du président Jovenel Moïse, après maintes luttes du peuple haïtien pour mettre fin à la dictature”, s’est exprimé en ces termes Rosemond Pradel, lançant un appel aux forces vives du pays pour protester contre la machine répressive du pouvoir en place.
La sénatrice Edmonde Supplice Beauzile n’a pas caché son désarroi face à ces arrestations et a demandé à la population de barrer la route à cette dictature féroce.
“ Jovenel Moise a déjà franchi le rubicond. L’opposition politique ne va pas tolérer cette situation “, a prévenu la militante socialiste, faisant remarquer que Jovenel Moïse se verra dans l’obligation de procéder à l’arrestation de tous les membres de l’opposition.
Pour sa part, le sénateur Youri Latortue a estimé que “cet acte se situe tout droit dans le cadre de l’établissement d’une dictature”.
Il a mis en coupe réglée toutes les institutions étatiques du pays et attaqué des personnalités qui sont en opposition avec lui”, a énuméré le dirigeant de “AAA”, déclarant inacceptables que les droits civils et politiques des citoyens soient violés.
Des militants et dirigeants politiques venus d’horizons divers notamment de la région des Palmes, de Port-au-Prince et du Sud avaient fait le déplacement pour participer à cette manifestation pacifique de l’opposition réprimée par la police et des civils armés à la solde du pouvoir.