Port-au-Prince, lundi 21 février 2022– Le réseau national de défense des droits humains (RNDDH) estime que les revendications de la classe ouvrière qui exige mille cinq cents (1.500) gourdes de salaire minimum sont justes.
Dans un communiqué, Le RNDDH souligne que la Loi du 6 octobre 2009 exige du conseil supérieur des salaires (CSS) une analyse de la situation socioéconomique du pays chaque année pour la soumission d’un rapport argumenté sur la base du coût de la vie et de l’inflation, proposant ou non la révision du salaire minimum.
‘‘Force est de constater que ce travail n’est jamais réalisé par le CSS puisqu’à chaque fois, c’est la classe ouvrière qui prend les rues pour exiger une amélioration de ses conditions de travail,’’ écrit le RNDDH.
L’organisation estime que le CSS devrait s’atteler à prendre en compte les intérêts de la classe ouvrière plutôt que de protéger les patrons comme il semble vouloir le faire, contrairement aux dispositions de l’article 3 de la Convention # 131 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur la fixation des salaires minima.
Selon cette disposition, « les éléments à prendre en considération pour déterminer le niveau des salaires minima devront, autant qu’il sera possible et approprié, compte tenu de la pratique et des conditions nationales, comprendre : les besoins des travailleurs et de leur famille, eu égard au niveau général des salaires dans le pays, au coût de la vie, aux prestations de sécurité sociale et aux nivaux de vie comparés d’autres groupes sociaux …».
Le RNDDH rappelle que lorsqu’en décembre 2021, les autorités étatiques avaient décidé d’augmenter les prix des produits pétroliers, elles s’étaient aussi engagées à adopter un ensemble de mesures d’accompagnement.
‘‘Ces promesses n’ont jamais été tenues’’, souligne le communiqué qui precise que depuis depuis 2019, malgré toutes les promesses qui avaient été faites et en dépit de la dégradation de la situation socioéconomique du pays, aucune révision n’a été enregistrée.
‘‘Il a fallu, comme à chaque fois, que les ouvriers décident de protester contre la cherté de la vie et d’exiger de meilleures conditions de travail pour porter le CSS à fournir son rapport en date du 18 février 2022’’, note le RNDDH.
Le RNDDH souligne que dans son rapport, le CSS a proposé d’ajouter cent-cinquante (150) gourdes ou moins sur le salaire minimum, selon le segment concerné.
‘‘ Le même jour, poursuit l’organisation, une rencontre a eu lieu entre des syndicalistes et le premier ministre de facto Ariel Henry au cours de laquelle, il a été conclu d’ajouter cinq cents (500) au salaire minimum actuel, d’octroyer des avantages sociaux aux ouvriers-ères par exemple en prenant en charge le transport et en rendant effective leur couverture d’assurance-santé.’’
Quelques heures plus tard, une autre réunion s’est tenue avec le secteur patronal à la suite de laquelle, l’ajustement salarial minimal a été révisé à deux cents (200) gourdes, selon le RNDDH.
Le 20 février 2022, en conseil des ministres il a été décidé d’ajouter cent-quatre-vingt-cinq (185) gourdes au salaire en cours, portant à six-cent-quatre-vingt-cinq (685) gourdes le salaire minimum des ouvriers des industries tournées vers la réexportation. Il a aussi été décidé de leur octroyer des avantages et de réaliser une nouvelle révision salariale en septembre 2022, peut-on lire dans le communiqué du RNDDH.
Dans le même temps, le RNDDH dénonce les actes de brutalités policières dont les ouvriers ont été victimes ces derniers jours lors des manifestations de rue pour réclamer l’ajustement du salaire minimum.
Le RNDDH juge inconcevable que des policiers se soient mis du côté des patrons pour opprimer une population en proie à une pauvreté extrême, réclamant un salaire juste et équitable pour un travail aux horaires astreignants qu’elle fournit quotidiennement.
L’organisation dit croire que l’institution policière gagnerait de préférence à s’attaquer aux grands problèmes d’insécurité qui ravagent le pays comme les assassinats, les enlèvements suivis de séquestration contre rançon ainsi que la perte du contrôle du territoire haïtien au profit des gangs armés.
Elle souligne également que la liberté d’expression constitue une liberté fondamentale. Elle ne souffre d’aucun interdit, toutes les fois qu’elle est manifestée pacifiquement, tel que cela est stipulé dans la Constitution haïtienne en vigueur et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par Haïti.
Le RNDDH recommande, donc, aux autorités concernées : d’augmenter substantiellement le salaire des ouvriers-ères, en tenant compte du coût de la vie, au lieu de prendre des décisions qui risquent d’envenimer la situation déjà chaotique du pays ; de passer les instructions en vue de porter les agents de la PNH à mettre fin immédiatement aux répressions des manifestations pacifiques des ouvriers-ères et de passer les instructions pour que l’Inspection Générale de la PNH soit saisie des brutalités policières enregistrées lors des dernières manifestations et que sanctions soient prises à l’encontre des policiers fautifs.