Port-au-Prince, 14 septembre 2020- Le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance qualifie d’inacceptables les actes de violence qui entachent les mouvements de protestation organisés ces derniers temps par des policiers du groupe ‘’Fantôme 509.’’
Ces policiers manifestent violemment depuis deux (2) jours à Port-au-Prince pour exiger de meilleures conditions de travail, un ajustement de salaire de cinquante (50) mille gourdes et la libération de leur frère d’arme, Jean Pascal Alexandre, agent du BLTS, écroué au Pénitencier National depuis le 8 mai dernier.
Soutenus par des membres de la population, les policiers ont érigé des barricades de pneus enflammés et incendié plusieurs véhicules de service publique samedi dernier. Ce lundi, les mêmes scènes se sont reproduites dans une moindre proportion. Toutefois, ils ont mis le feu au local d’un bureau de l’Office National de l’Identité (ONI) à Delmas 31.
Reconnaissant que les revendications des policiers sont justes et légitimes, Pierre Espérance désapprouve, cependant la méthode employée par les protestataires pour se faire entendre. ‘’Aussi légitimes que puissent être vos revendications, il n’est pas normal d’utiliser ni la violence ni l’intimidation pour les faire passer, lance M. Espérance qui invite les policiers protestataires à renoncer à toute action violente.’’
Il estime que des agents de la force publique ne peut pas se laisser aller à des actes de violence pour faire valoir leurs droits. ‘’C’est contraire à leur statut d’agent de l’ordre et à la démocratie, souligne M. Espérance.’’
Dans le même temps, Pierre Espérance rend le commissaire du gouvernement a.i de Port-au-Prince, Me Gabriel Ducarmel responsable du comportement des policiers qui s’attaquent aux biens publics pour faire passer leurs revendications.
‘’La morale des policiers est au plus bas. Ils sont frustrés et en colère par rapport au traitement qui leur est infligé par les autorités politiques qui refusent de satisfaire leurs revendications minimales pendant qu’elles prennent bon soin des gangs armés terrorisant les habitants des quartiers populaires, selon M. Espérance.’’
Ce mouvement de violence a été déclenché après que le commissaire du gouvernement eut ordonné, arbitrairement, l’incarcération au Pénitencier National le 11 septembre dernier, de cinq (5) policiers déjà en isolement sur ordre de l’inspection générale de la PHN dans le cadre du cambriolage de la résidence de Me Monferrier Dorval.
‘’Si le commissaire voulait poursuivre les policiers qu’il accusait de complicité de vol à la résidence de l’ex-bâtonnier Monferrier Dorval, assassiné le 28 août dernier à Pèlerin, il devrait le faire depuis le 1e septembre date à laquelle il s’était rendu pour la première fois sur la scène du crime qui a été souillée et vandalisée, précise Pierre Espérance.’’
Selon lui, il n’y avait plus de flagrance pour les faits qui ont été produits 11 jours plus tôt. Il fallait laisser le soin, dit-il, à l’IGPNH de traiter la question administrativement et s’il y avait matière à poursuivre les policiers incriminés, le commissaire du gouvernement pourrait agir en fonction du rapport de l’inspection générale.
Pierre Espérance se dit troublé par le comportement du commissaire du gouvernement qui s’interfère de manière intempestive dans le dossier de l’enquête sur l’assassinat de Me Dorval. Dénonçant le comportement suspect du chef du parquet qui multiplie les conférences de presse sur le dossier confié a la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), le défenseur des droits humains estime que celui-ci cherche à brouiller les pistes et à bousiller l’enquête.
‘’Les enquêteurs de la DCPJ sont suffisamment compétents pour mener a bien l’enquête, pourquoi, le commissaire du gouvernement veut-il les empêcher de faire leur travail, s’interroge Pierre Espérance ?’’
Selon M. Espérance qui note une certaine panique chez les autorités politiques depuis l’assassinat de Me Monferrier Dorval, Me Gabriel Ducarmel serait en mission pour éviter que l’enquête n’aboutisse pas à l’identification des exécutants et des auteurs intellectuels du crime du 28 août 2020.