PORT-AU-PRINCE, mardi 6 juin 2023– Le réseau national de défense des droits humains (RNDDH) estime que ‘‘les dégâts des premières pluies de la saison cyclonique doivent pousser l’Etat haïtien à agir dans le sens de la protection de l’Environnement.’’
L’organisation affirme noter que seulement deux (2) jours après le lancement de la saison cyclonique, soit le 3 juin 2023, des pluies diluviennes se sont abattues sur au moins sept (7) départements géographiques du pays : Ouest, Nippes, Sud-Est, Sud, Grand-Anse, Centre et Nord-Ouest, causant des pertes humaines et matérielles inestimables.
Ces averses qui ont provoqué des inondations dans ces régions, ont causé la mort de près d’une cinquantaine de personnes, plusieurs disparues, des milliers de déplacées, et d’importants dégâts.
Le RNDDH note également que véhicules, têtes de bétail, plantations, détritus surtout des plats en polystyrène expansé et des bouteilles en plastique ont été emportés par les eaux et drainés vers la mer. Plusieurs maisons, des routes ainsi que des ouvrages d’art ont été complètement immergés par les crues. Au moins un hôpital, une banque ainsi que des locaux d’institutions étatiques ont été inondés et des glissements de terrain ont été enregistrés, souligne-t-il.
L’organisation fait remarquer que la commune de Léogane (Ouest), est la plus touchée par ces intempéries. ‘‘De nombreuses maisons ont été totalement immergées à Nan Dampus. Dans les vidéos qui circulaient sur les réseaux sociaux au cours de cette journée du 3 juin 2023, des personnes, des têtes de bétail, des véhicules ainsi que d’autres objets hétéroclites ont été remarqués, flottant sur les eaux à Léogane. L’Hôpital Sainte Croix a été inondé, ce qui a porté les patients-tes qui y étaient hospitalisés, à s’enfuir. Ceux qui ne pouvaient pas se déplacer seuls ont été aidés par leurs parents et proches venus les chercher. Les locaux de la Banque Nationale de Crédit (BNC) de Léogane ont aussi été inondés.’’
Elle relève que ‘‘les institutions étatiques appelées à intervenir en cas de catastrophes ont été surprises par les pluies et par les dégâts subséquents. Et, ce n’est que tard dans la journée du 3 juin 2023 que le premier ministre de facto Ariel HENRY a annoncé avoir activé le Centre d’Opérations d’Urgence Nationale (COUN), en vue de dresser le bilan des pertes humaines et matérielles enregistrées et d’apporter les réponses adéquates.’’
Le RNDDH souligne que chaque année, ‘‘les catastrophes naturelles engendrées par une absence totale de politique publique de préservation et de protection de l’environnement, causent des pertes humaines et matérielles énormes. Et, chaque année, les autorités étatiques se contentent de scander en boucle des messages de prévention sans vraiment rien faire de concret, de constater les dégâts et de promettre de venir en aide aux victimes’’, déclare-t-il.
‘‘Cette stratégie qui n’a jamais donné de résultat, ne suffit pas’’, selon le RNDDH, ajoutant que ces premières pluies de la saison cyclonique 2023 font craindre le déroulement de cette saison qui ne prendra fin qu’en novembre 2023 et qui peut tout aussi bien être jonchée de cyclones et d’ouragans. Et, le fait par les autorités étatiques de s’être laissé surprendre par ces pluies, n’augure rien de bon.
L’organisation estime que ‘‘les dégâts enregistrés ce 3 juin 2023 prouvent, si besoin en était, l’état lamentable de l’environnement du pays. En ce sens, les autorités étatiques ont plus que jamais l’obligation d’adopter des mesures adéquates visant à protéger l’environnement.’’
Selon elle, l’’es autorités étatiques doivent se pencher sérieusement sur la gestion des risques et désastres en curant les canaux, en canalisant les rivières, en adoptant des mesures aptes à mettre fin à la coupe effrénée des arbres, en renforçant les capacités communautaires dans l’objectif de réduire les dommages liés aux intempéries, en faisant circuler à l’intérieur ou tout au moins à proximité des communautés, les informations relatives aux prévisions météorologiques, en sensibilisant les communautés sur les comportements à adopter avant, pendant et après les catastrophes, et en allouant aux organes locaux de protection civile, les moyens nécessaires pouvant leur permettre d’intervenir en urgence, lorsque cela est nécessaire.’’
Le RNDDH souligne à l’attention des autorités étatiques que ‘‘le droit à un environnement sain est un droit humain fondamental qui engendre des responsabilités du côté de l’Etat, dont la responsabilité d’adopter des mesures immédiates en vue de préserver la vie de tous les êtres vivants et de protéger la faune et la flore en Haïti.’’
En proie a la violence criminelle des gangs qui opèrent impunément, le pays doit également aux conséquences des intempéries et un récent tremblement de terre qui a causé mardi des pertes en vie humaine et des dégâts matériels importants.