PORT-AU-PRINCE, mercredi 12 février 2025 – Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), s’insurge contre les récentes nominations et confirmations de directeurs généraux à la tête des organismes déconcentrés de l’État, dénonçant l’absence d’enquêtes préalables sur les antécédents des personnes désignées. Il estime que certaines de ces nominations suscitent de vives préoccupations et requièrent des investigations approfondies pour s’assurer que les candidats remplissent les critères d’intégrité et de compétence nécessaires à l’exercice de ces fonctions.
Selon Pierre Espérance, la nomination de Ronald Bazile comme nouveau directeur général de l’Office National d’Assurance Vieillesse (ONA), entérinée lors du Conseil des ministres de ce mercredi, est emblématique des dérives actuelles. Bien qu’employé de l’institution depuis 25 ans, Bazile n’inspirerait pas confiance et devrait faire l’objet d’un processus de vetting rigoureux, affirme le militant des droits humains.
Pierre Espérance souligne par ailleurs que la direction de l’ONA a été confiée aux trois conseillers-présidents impliqués dans le scandale des 100 millions de gourdes de la Banque Nationale de Crédit (BNC). Il considère cette décision comme une violation flagrante de l’Accord du 3 avril 2024, censé instaurer une transition fondée sur la rupture et la reddition de comptes.
Il dénonce également la nomination de Sterline Civil, ex-dirigeante du parti EDE, à la tête du Fonds National de l’Éducation (FNE). Selon lui, il est inadmissible que ces postes stratégiques soient attribués à des personnalités issues de milieux politiques plutôt qu’à des technocrates compétents, ce qui pourrait entraîner une gestion partisane des institutions publiques au détriment des intérêts des contribuables.
Le directeur exécutif du RNDDH exhorte les conseillers-présidents non impliqués dans des affaires de corruption à respecter les engagements pris dans le cadre de l’Accord du 3 avril et à rectifier les dérives en cours pour préserver la crédibilité de la transition. Il les appelle à renoncer à toute forme de complaisance envers des individus soupçonnés d’actes répréhensibles, insistant sur la nécessité de lutter contre l’impunité qui gangrène les institutions haïtiennes.
Pierre Espérance rappelle que l’ONA a souvent été au cœur de scandales financiers, citant notamment l’incarcération récente d’un ancien directeur général pour corruption présumée. Il met en garde contre les risques de détournement des fonds publics à des fins électorales, estimant que la mainmise de certains secteurs politiques sur ces administrations autonomes pourrait fausser le jeu démocratique en vue des prochaines élections.