PORTAUPRINCE, mardi 10 septembre 2024– Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) tire la sonnette d’alarme sur les conditions jugées extrêmement préoccupantes au Centre de Rééducation des Mineurs en Conflit avec la Loi (CERMICOL), en Haïti. Selon un communiqué du RNDDH, l’organisation exige des autorités étatiques qu’elles mettent fin immédiatement aux ‘‘traitements cruels, inhumains et dégradants infligés aux détenus.’’
D’après le RNDDH, le CERMICOL, initialement conçu pour accueillir 100 mineurs, est aujourd’hui surpeuplé, avec un total de 370 détenus, comprenant 93 garçons, 149 femmes, 10 filles, et 118 hommes. Ce centre est devenu un complexe pénitentiaire pour les juridictions de Port-au-Prince et de la Croix-des-Bouquets, malgré sa capacité limitée. Les conditions de détention se sont détériorées, exacerbées par les récentes crises sécuritaires et les mouvements de grève du personnel judiciaire. L’évasion massive de 145 femmes de la Prison civile de Cabaret en septembre 2022, suivie par l’évasion de 3 609 détenus de la Prison civile de Port-au-Prince en mars 2024, a contribué à aggraver la situation en surchargeant le CERMICOL.
« Les détenus au CERMICOL vivent dans des conditions précaires. Les 118 hommes se trouvent dans deux anciennes salles de classe, tandis que les 159 femmes et filles sont entassées dans deux autres salles, séparées par une petite barrière. Les garçons n’ont plus accès à leur cour de récréation, désormais utilisée pour les ablutions et la lessive des femmes et filles. Les conditions sanitaires sont particulièrement préoccupantes, avec une cuisine insuffisante pour préparer les repas pour un si grand nombre de personnes, et le personnel pénitentiaire de la prison civile de Port-au-Prince devant travailler en plein air faute de bureaux », liton dans le communiqué.
Le 1er juillet 2024, le ministre de la Justice, Maître Carlos Hercule, avait promis de transférer les femmes et les filles à la prison civile de Pétion-ville et de reprendre le contrôle des zones pénitentiaires touchées par les bandes armées. Cependant, deux mois après cette promesse, aucune mesure concrète n’a été prise, et le nombre de détenus continue d’augmenter.
Le RNDDH exprime également de vives inquiétudes quant au statut juridique des mineurs en conflit avec la loi. En l’absence de juges pour enfants, les mineurs sont souvent maintenus en détention préventive arbitraire, sans que leurs dossiers ne soient examinés. Cette situation viole leurs droits fondamentaux et compromet leur réhabilitation.
Dans ce contexte, le RNDDH appelle les autorités compétentes à prendre des mesures immédiates pour réaménager la prison civile de Pétion-ville et transférer les femmes et les filles, reprendre le contrôle des prisons attaquées par les gangs, transférer les hommes à la prison civile de Port-au-Prince, relancer les programmes éducatifs et vocationnels pour les mineurs, et nommer des juges pour enfants pour traiter les affaires en suspens.
Le RNDDH insiste sur le fait que les conditions actuelles au CERMICOL violent les principes fondamentaux de séparation des détenus par sexe et âge, ainsi que les normes internationales relatives aux droits humains. En forçant la cohabitation de différentes catégories de détenus dans des conditions inappropriées, les autorités risquent de reproduire les graves violations des droits humains déjà observées dans d’autres établissements pénitentiaires haïtiens.