PORT-AU-PRINCE, mercredi 26 juin 2024 – Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a mis en garde le premier ministre Garry Conille contre toute attitude de complaisance envers les gangs armés qui terrorisent la population depuis plusieurs années.
Mardi, alors qu’il recevait la délégation kenyane, en réponse à une question d’un journaliste, Conille a invité les gangs à déposer les armes et à reconnaître l’autorité de l’État. En réaction, Espérance s’est dit choqué et inquiet par ces déclarations d’un chef de gouvernement dont le pays est ravagé par des bandes criminelles. “C’est une attitude complaisante inacceptable que les chefs de gang peuvent exploiter comme une carte blanche pour continuer à rendre plus misérable la vie de la population,” a-t-il déclaré.
Espérance a souligné que, ces dernières années, Haïti a été plongée dans une spirale de violence alimentée par des gangs armés qui sèment la terreur parmi la population. “Les enlèvements, les meurtres, les viols et les massacres sont devenus monnaie courante, exacerbant l’insécurité et paralysant la vie quotidienne des Haïtiens,” a-t-il ajouté. Il a insisté que ceux investis d’autorité doivent agir pour mettre fin à l’impunité des gangs.
Le défenseur des droits humains a dénoncé ce qu’il considère comme une tentative inacceptable de banalisation de la criminalité. Il a rappelé les conséquences désastreuses des précédents programmes de réinsertion des gangs, notamment celui de 2007, qui a été particulièrement bénéfique pour les criminels tandis que les victimes n’ont bénéficié d’aucune réparation. Selon Espérance, “Les autorités ne devraient pas chercher à sympathiser avec les bandits ; leur rôle est de les traîner devant la justice pour qu’ils répondent de leurs actes.”
Espérance a rappelé les atrocités commises par les gangs : massacres, viols, enlèvements et pillages. Il a insisté sur la nécessité de poursuites judiciaires rigoureuses contre ces criminels, soulignant que la recherche de justice et la fin de l’impunité doivent être les priorités absolues pour restaurer l’ordre et la sécurité en Haïti.
Il a également critiqué la complicité apparente entre certains responsables de l’État et les gangs, une situation qui, selon lui, affaiblit les institutions et compromet gravement la stabilité du pays. “Nous avons besoin d’un État fort, d’une justice qui fonctionne et de la fin de la banalisation de la vie humaine,” a-t-il martelé.
Le contexte actuel est sombre. La violence des gangs a atteint un seuil critique, transformant des quartiers entiers en zones de non-droit. Les efforts pour rétablir la sécurité sont entravés par la corruption et l’inefficacité des forces de l’ordre, ainsi que par une crise économique et politique persistante.
Les Haïtiens, fatigués et désespérés, regardent vers leurs dirigeants avec un mélange de méfiance et d’espoir, attendant des actions concrètes et décisives. La déclaration de Pierre Espérance reflète ce désir de changement et la nécessité urgente de justice et de responsabilisation.
Les déclarations controversées du Premier ministre Garry Conille ont mis en lumière la profonde fracture entre les autorités et la population. Tandis que les dirigeants cherchent des solutions, souvent perçues comme cosmétiques ou insuffisantes, des voix comme celle de Pierre Espérance rappellent la nécessité d’une action ferme et cohérente pour éradiquer la criminalité et rétablir la confiance dans les institutions.