Port-au-Prince, jeudi 9 septembre 2021- A part un changement du leadership du bureau intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH), le réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a appelé le Conseil de sécurité des Nations-Unies à porter le BINUH à mettre fin à son support à un gouvernement monocéphale, ainsi qu’à un processus électoral qui risque d’aggraver l’instabilité politique actuelle aux conséquences déjà dévastatrices.
Lors d’une réunion virtuelle hier mercredi avec le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, Rosy Auguste Ducéna, responsable de programme au réseau national de défense des droits humains (RNDDH), a exhorté le Conseil à inviter le BINUH à s’atteler à la tâche pour laquelle elle a été mandatée, tout en se mettant à l’écoute du peuple haïtien.
La militante des droits humains a insisté sur la nécessité pour le Conseil de Sécurité dénoncer fermement la coalition des gangs armés qui sèment la terreur en Haïti.
Mme Ducéna a invité les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU à supporter des élections libres, honnêtes, démocratiques et inclusives, réalisées dans un climat apaisé et sur la base d’un accord politique.
Elle a plaidé également pour les Nations-Unies appuient toutes démarches visant à poursuivre des membres du régime PHTK et alliés pour leur implication dans la perpétration de violations massives des droits à la vie, à la sécurité, à l’intégrité physique et psychique du peuple haïtien.
Dans son intervention, la militante des droits humains a décrit une situation sécuritaire particulièrement préoccupante marquée notamment par des cas d’assassinats commis par des bandits armés bénéficiant, a-t-elle dit, de la complaisance des autorités policières et judiciaires.
Elle a affirmé que depuis janvier 2021, en moyenne, deux (2) personnes sont victimes chaque jour de mort violente et, au moins 37 policiers ont été assassinés.
A cela, s’ajoute, a-t-elle souligné, les enlèvements suivis de séquestration contre rançon, les violes collectifs de femmes et de filles entre autres. ‘‘En moyenne, cinq cas d’enlèvement sont enregistrés dans la région métropolitaine,’’ a signalé Mme Ducéna.
Elle a fait état de la gangstérisassion du pays et de treize (13) massacres et attaques armés perpétrés dans les quartiers défavorisés par les bandits armés depuis 2018.
La militante des droits humains a précisé que ces attaques ont occasionné l’assassinat de 487 personnes, la disparition de 129 autres et le viol collectif de 33 femmes et filles alors que 679 enfants sont devenus orphelins.
Elle a souligné le dysfonctionnement de la justice en Haïti et un système pénitentiaire débordé avec 85% de la population carcérale en situation de détention préventive illégale et arbitraire et, les droits aux garanties judiciaires du peuple haïtien sont constamment violés.
‘‘Aucun effort n’est réalisé par la Justice pour juger et condamner ceux qui sont impliqués dans les différents actes attentatoires aux vies et à la dignité humaine,’’ a-t-elle soutenu.
Rosy Auguste Ducéna a indiqué qu’avec la complicité passive de la communauté internationale dont le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), le régime au pouvoir a décidé de renforcer les gangs armés et d’affaiblir les institutions étatiques telles que la police et la justice.
‘‘Le summum a été atteint, a-t-elle ajoute, lorsqu’en septembre 2020, le BINUH a soutenu par devant vous du Conseil de sécurité, que la fédération des gangs armés était une bonne chose pour le pays, en notant qu’elle avait conduit à une réduction des homicides.’’
Elle a affirmé que le BINUH reste la pire mission onusienne que le pays n’ait jamais connu.
Poursuivant sa charge contre la mission onusienne en Haïti, Mame Ducéna a déclaré que ‘‘pour s’être empressé au lendemain de l’assassinat tragique du président de facto Jovenel Moïse, d’installer avec le Core Group, un gouvernement monocéphale, sans aucun accord politique, le BINUH est devenu l’un des responsables de cette nouvelle crise qui sévit dans le pays et qui éloigne un peu plus les citoyens.’’
Selon elle, puisqu’il ferme les yeux sur la dégradation de la situation générale des droits humains en Haïti, dans les différents rapports qu’il a soumis au Conseil de Sécurité, le BINUH décrit un pays utopique, où tout va pour le mieux.
Rosy Auguste Ducéna a déploré que dans ces conditions de terreur, de négation des droits fondamentaux et d’instabilité, la communauté internationale dont le BINUH exige l’organisation d’élections sur le territoire national.
Se basant sur les calamités imposées aux haitiens par les autorités politiques et les gangs armés qui font et défont, elle a fait savoir ‘‘qu’on ne vit pas en Haïti, on survit.’’