PORTAUPRINCE, jeudi 22 août 2024 – Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), par la voix de son directeur exécutif Pierre Espérance, accuse le ministre de la Justice, Me Carlos Hercule, d’utiliser sa position pour influencer l’issue de certains dossiers judiciaires impliquant ses anciens clients. Parmi ces dossiers, celui de Madame Edwine Tonton, ex-directrice générale de la Caisse d’Assistance Sociale (CAS), inculpée pour corruption, se démarque. Pierre Espérance soutient que Me Hercule, qui était l’avocat de Madame Tonton avant sa nomination, aurait déployé des efforts considérables pour obtenir sa libération en appel.
L’ordonnance du magistrat Jean Wilner Morin, émise le 25 avril 2023 à la suite d’une plainte de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), a renvoyé Edwine Tonton devant le tribunal criminel pour trafic d’influence, délit d’initié, enrichissement illicite, abus de fonction et association de malfaiteurs. Cette inculpation est liée à un scandale de corruption où plusieurs responsables de la CAS, dont Tonton, auraient orchestré des subventions frauduleuses en faveur de collaborateurs proches, détournant ainsi plus de 2,265,000.00 gourdes. La gestion de Tonton à la CAS est également marquée par des prélèvements mensuels illicites de plus d’un million de gourdes, bien au-delà de son salaire officiel, et par la mise en place d’un réseau de faussaires ayant émis plus de 7,000 chèques au nom de bénéficiaires fictifs.
Pierre Espérance évoque également l’affaire de Me Pierre-Louis Robinson, ex-secrétaire général du Barreau, inculpé dans un dossier de trafic d’armes à Port-de-Paix. Selon le RNDDH, Robinson, libéré récemment, aurait bénéficié de la protection du ministre de la Justice en raison de leurs liens présumés.
Le dossier de trafic d’armes à Port-de-Paix, remontant à la saisie par la police de plus de 120,000 cartouches transportées par le bateau “Miss Lili One”, a conduit à l’inculpation de Michelet Virgile, ancien commissaire du gouvernement de Port-de-Paix, et de Robinson Pierre-Louis, conseiller du ministre de la Justice. Ces derniers sont accusés de forfaiture, suspicion de corruption, trafic d’influence et association de malfaiteurs, suite à la libération controversée de deux suspects, Jonas Georges et Fritz Jean-Rélus, sur ordre de Virgile.
Pierre Espérance reproche également au ministre de la Justice d’avoir fait preuve d’irresponsabilité en se contentant de remplacer le commissaire du gouvernement a.i des Cayes, James Jean-Louis, accusé de l’assassinat d’un agent de sécurité, sans engager de poursuites judiciaires contre lui. Cette attitude, selon Espérance, contribue à la banalisation de la vie humaine en Haïti.
La gravité des accusations portées contre James Jean-Louis s’est intensifiée avec la plainte formelle déposée par Taina Julien et Gerana Nordeus, respectivement sœur et concubine de Josème Joseph, un citoyen des Cayes sauvagement assassiné. Cette plainte vise directement le Commissaire Jean-Louis, ainsi que le juge de paix Paul Tarte, accusés d’avoir orchestré cet acte barbare.
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 12 août 2024, lorsque le Commissaire Jean-Louis, accompagné de ses agents de sécurité et du juge de paix Tarte, ont envahi le domicile de Josème Joseph. Après avoir menotté Gerana Nordeus et Josème Joseph, les agresseurs les ont maltraités, humiliés, et ont finalement emmené Josème Joseph après lui avoir infligé des blessures mortelles.
Lors d’une conférence de presse le 12 août 2024, James Jean-Louis a publiquement revendiqué cet assassinat, exposant sans retenue les détails de l’exécution de Josème Joseph, un administrateur respecté et père de famille.
La plainte déposée contre lui appelle à une enquête approfondie pour faire toute la lumière sur cet acte inhumain et pour que justice soit rendue. Les avocats des plaignantes exigent que les responsables soient traduits en justice, dénonçant un crime qualifié de barbare, cruel et crapuleux.
Face à cette situation, Pierre Espérance appelle Me Carlos Hercule à réviser la gestion de son ministère pour éviter de renforcer l’impunité et l’insécurité généralisée qui règnent en Haïti. Selon lui, le silence du ministre face aux graves violations des droits humains perpétuées par ses subordonnés est inacceptable et compromet dangereusement l’état de droit dans le pays.