PORT-AU-PRINCE, dimanche 8 septembre 2024– Le Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP) exprime, dans un communiqué, ses préoccupations concernant la gestion de la transition politique en Haïti, dirigée par le Conseil présidentiel de transition, un organe mis en place pour compléter le gouvernement du Dr Gary Conille. Quatre mois après son installation, les problèmes structurels et sécuritaires qui rongent le pays restent sans solution, malgré les espoirs soulevés par cette nouvelle institution.
Dans son communiqué, le RDNP déplore le fait que les souffrances du peuple haïtien sous la gouvernance du Dr Ariel Henry persistent. Les gangs continuent d’étendre leur influence, multipliant les assassinats, les enlèvements, et conquérant de nouveaux territoires, sans qu’aucune mesure concrète ne soit prise pour ramener la paix dans les rues du pays. Cette violence omniprésente, couplée à une absence totale de volonté politique d’organiser des élections générales, plonge Haïti dans un marasme profond. « Le manque d’action révèle une indifférence alarmante envers les exigences fondamentales de la justice et de la démocratie », critique sévèrement le RDNP.
Ce Conseil de transition, loin d’être porteur d’espoir, est au contraire au centre d’une série de scandales de corruption impliquant trois de ses conseillers, fait observer le communiqué. L’Unité de lutte contre la corruption mène actuellement des enquêtes à leur encontre, mais la complicité collective des membres du Conseil, tous égaux en statut, compromet la crédibilité de l’ensemble de cette institution temporaire. « Les fautes d’un ou de quelques conseillers engagent la responsabilité de l’ensemble du Conseil », affirme le RDNP, insistant sur l’interdépendance entre les membres.
Le RDNP souligne que la corruption est le fléau majeur qui mine l’administration publique haïtienne, alimentée par des pratiques de népotisme et de favoritisme. Certains ministres se livrent à des actes de clientélisme pour accroître leur influence politique en vue de futures élections. Pour le RDNP, ces comportements doivent être combattus sans relâche et les coupables traduits en justice. Il en appelle à une lutte implacable contre la corruption, sans sélectivité, pour empêcher que l’impunité continue de protéger les hauts dirigeants de l’État. Le communiqué rappelle ainsi que la déclaration de patrimoine par les membres du Conseil est une obligation légale, à laquelle ils refusent de se soumettre. « Leur refus de se conformer à cette exigence fondamentale soulève des questions légitimes sur leur intégrité et leur légitimité au sein de cette institution », accuse le parti.
Face à cette situation, le RDNP s’inquiète d’une possible vacance au sein de l’exécutif si aucune mesure n’est prise pour corriger ces dérives. « Le RDNP reste ouvert à toutes formes de dialogue et de concertation politique », précise le communiqué, invitant les divers secteurs de la nation à entamer de nouvelles négociations pour redéfinir les bases d’une gouvernance crédible. Ce dialogue est, selon le parti, la seule voie possible pour organiser des élections transparentes et rétablir la démocratie en Haïti.
Le parti, initialement réticent face à la solution politique proposée pour résoudre la crise, l’avait jugée inadéquate par rapport aux traditions de gouvernance locales. Néanmoins, dans un esprit patriotique, le RDNP avait espéré que cette équipe de transition réussirait à mener le pays vers une meilleure stabilité. Toutefois, après plusieurs mois d’observation et en raison des nombreux scandales et manquements constatés, le RDNP estime qu’il est désormais temps de prendre des mesures correctives drastiques. « Cette solidarité indéfectible face aux pratiques répréhensibles pourrait avoir des conséquences sévères pour l’ensemble du Conseil et risquerait même de provoquer sa dissolution », avertit le communiqué.
Dans cette optique, le RDNP propose une série de recommandations pour restaurer la confiance en cette institution et assurer une transition démocratique réussie. Il appelle à l’exclusion immédiate des membres du Conseil impliqués dans des affaires de corruption, estimant que leur maintien compromet la crédibilité de la transition. Une recomposition totale du Conseil est également nécessaire, afin de garantir une représentation équitable et d’éliminer les influences corrompues.
Le RDNP insiste aussi sur l’urgence de rétablir la sécurité publique, considérant que la stabilité est une condition indispensable pour organiser des élections libres et transparentes. Il propose également un remaniement ministériel plus inclusif, intégrant les secteurs politiques marginalisés pour former un gouvernement représentatif. Enfin, le parti prône une gouvernance inclusive, où les voix de tous les citoyens seront prises en compte, et demande une évaluation globale des actions du Conseil depuis son installation.
Le RDNP estime qu’il est impératif de négocier un nouvel accord politique, remplaçant celui du 3 avril 2024, jugé inadapté à la situation actuelle. Un renforcement des forces de sécurité et une lutte accrue contre la corruption sont également nécessaires, selon le parti, pour garantir la stabilité du pays durant cette période de transition.