Le processus de désignation du représentant des droits humains au CEP entaché par des ingérences et des divergences internes: La POHDH et l’OCNH se retirent officiellement…

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PORT-AU-PRINCE, lundi 26 août 2024 – Dans une correspondance datée du 8 juillet 2024, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a désigné la Plateforme d’Organisations Haïtiennes de Droits Humains (POHDH) pour conduire conjointement avec l’Organisation Citoyenne pour une Nouvelle Haïti (OCNH) le processus devant aboutir au choix d’une personne pour représenter le secteur des Droits Humains au Conseil Électoral Provisoire (CEP). Cependant, ce processus a été marqué par des désaccords profonds, des ingérences politiques, et des retraits significatifs qui mettent en péril la crédibilité de la démarche.

En date du 17 juillet 2024, la POHDH et l’OCNH se sont rencontrées pour discuter des modalités du processus et ont, par la suite, adressé une correspondance conjointe au CPT dans laquelle elles ont exprimé leur acceptation. Toutefois, elles ont également sollicité une prolongation du délai jusqu’au 30 juillet 2024. Malgré plusieurs rencontres de travail entre la POHDH et l’OCNH, les discussions n’ont pas abouti en raison de divergences sur les critères de participation des organisations.

La POHDH avait proposé des critères visant à garantir la crédibilité du processus, notamment une durée minimale de cinq ans d’existence pour les organisations, une preuve du travail réalisé, et une limitation des mandats de vote à un seul par organisation. Après des discussions, la durée minimale d’existence a été révisée à trois ans. L’OCNH, considérant ces critères comme exclusifs, prônait une participation ouverte à toutes les organisations se présentant comme étant des structures de droits humains. L’OCNH a également proposé que les organisations puissent détenir autant de mandats qu’elles le souhaitent, et insistait pour impliquer activement les organisations mises en copie dans la lettre du 8 juillet 2024, ce qui, selon la POHDH, aurait alourdi le processus de consultation et exclu d’autres organisations de droits humains.

Ces divergences ont ralenti la progression des échanges entre les deux organisations. Le 29 juillet 2024, la POHDH a renouvelé son engagement à conduire le processus avec sérénité, transparence, et inclusivité, tout en respectant les normes et principes établis. Compte tenu des difficultés rencontrées, elle a également sollicité un délai supplémentaire jusqu’au 30 août 2024 pour communiquer le nom du représentant ou de la représentante du secteur.

Cependant, les tensions ont augmenté le 6 août 2024, lorsque l’OCNH a boycotté une journée de travail planifiée pour reprendre les discussions, préférant répondre à une convocation du chef de cabinet du conseiller présidentiel Fritnel Joseph, Pierre Jean Raymond André. Le 7 août 2024, le CPT a émis une injonction enjoignant la POHDH et l’OCNH de finaliser le processus au plus tard le 14 août 2024. En réponse, la POHDH a rencontré le CPT le lendemain pour exprimer ses préoccupations, notamment au sujet de l’ingérence de Fritnel Joseph dans le processus, au profit de son candidat Gédéon Jean.

À l’issue de cette rencontre, il a été convenu que toutes les organisations de droits humains seraient traitées sur un pied d’égalité et que la date du 14 août 2024 ne pourrait être respectée. La POHDH s’était alors engagée à finaliser le processus avec l’OCNH dans les meilleurs délais. Un calendrier a été publié, et les inscriptions ont été ouvertes le 16 août 2024, se clôturant le 19 août 2024.

Trois candidatures ont été déposées. À la surprise de la POHDH, cent-trente-cinq structures se présentant comme des organisations de droits humains actives en Haïti se sont inscrites. Le 19 août 2024, une grille basée sur les critères discutés et adoptés par la POHDH et l’OCNH a été élaborée. Cependant, lors du traitement des données les 21 et 22 août 2024, l’OCNH a refusé d’appliquer la totalité de la grille.

De plus, un représentant d’une organisation basée dans le département du Centre a informé la POHDH qu’il avait reçu un appel provenant du numéro 4457-0404, l’informant que son organisation n’avait pas été retenue. En retour d’appel, la personne ayant répondu a affirmé faire partie de l’équipe de campagne du candidat Gédéon Jean. Cela laisse entendre que les données des organisations inscrites, qui devaient rester confidentielles, ont été partagées avec le candidat.

Face à ces nombreux obstacles, la POHDH a décidé de se retirer du processus. Dans une correspondance adressée au CPT, la POHDH a déclaré que « le processus devant aboutir à la désignation d’un représentant ou d’une représentante du secteur des Droits Humains au CEP a été vicié à la base ». La POHDH a mis en garde le CPT contre la désignation d’une personnalité qui pourrait saper la crédibilité et la légitimité du futur Conseil Électoral Provisoire. « Nous ne pouvons continuer à conduire ce processus aux côtés de l’OCNH, » a déclaré le Secrétaire exécutif de la POHDH.

Parallèlement, Freud Jean, impliqué dans le processus, a pris acte du retrait de la POHDH et a exprimé son attente quant à la décision du CPT concernant la suite du processus. Camille Occius, directeur exécutif de l’OCNH, a également annoncé son retrait du comité, évoquant des « raisons de convenances personnelles ». Enfin, Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a confirmé que la POHDH a informé le CPT de son retrait, en raison de l’ingérence du conseiller-président Frinel Joseph. « L’OCNH suit les instructions de M. Joseph, qui cherche à imposer Gédéon Jean comme représentant du secteur des droits humains au CEP, » a-t-il affirmé.