Port-au-Prince, dimanche 1e août 2021- Ce qui dérange surtout l’ordre des avocats de Port-au-Prince, ce sont les obstacles qui paralysent l’action publique dans le cadre du traitement du dossier de l’assassinat de l’ancien bâtonnier de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval.
L’ordre des avocats de Port-au-Prince déplore notamment le fait que l’enquête piétine ‘’alors que la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a produit un rapport préliminaire.’’
‘’ De quoi est le nom de cette autorité du ministère public qui peut s’autoriser irrégulièrement à faire obstruction au cours normal de la procédure alors que le juge d’instruction a cité à comparaitre un ensemble de témoins,’’ s’interroge l’Ordre qui accuse le commissaire du gouvernement de violer la loi, l’éthique et de faire barrage au déroulement de la procédure par son inaction coupable.
Inquiet du comportement certains acteurs, l’Ordre note que c’est de ‘’l’intérieur du système judiciaire que s’organise l’invalidation et se manigance l’échec du dossier Monferrier Dorval.’’
‘’Par un étrange renversement de perspective, en vérité, tout se passe comme si le ministère public agissait contre la société dont il a pourtant comme rôle d’assurer la défense, déplore l’ordre des avocats, se demandant si le titulaire du parquet n’est pas la courroie de transmission qui anime et facilite le déroulement de la procédure ?’’
L’Ordre pense que le commissaire du gouvernement se serait laissé manipuler par l’autorité politique pour empêcher l’émergence de la vérité des faits, arguant ‘’qu’en abdiquant sa fonction dans le registre de la poursuite, il a choisi délibérément d’omettre les responsabilités liées à sa charge en soumettant le rythme de la procédure à son caprice.’’
Quoi qu’il en soit de cette énième difficulté dévoilant le malaise de la justice haïtienne, écrit l’Ordre, les personnes citées devront comparaître car l’affaire est debout et il ne peut être d’exception à l’œuvre de justice, soulignant que le respect du principe de la légalité et de celui de l’égalité de tous devant la loi est une obligation dirimante quel que soient les circonstances ou le statut des personnes devant le juge.’’
Insistant sur l’exigence de justice pour le Bâtonnier Monferrier Dorval, l’Ordre des avocats de Port-au-Prince note que ‘’derrière cette affaire, se joue un autre drame, celui de l’ordre judiciaire même qui est en procès sous nos yeux car le manquement à donner un traitement adéquat au dossier, en suspendant arbitrairement le cours de la procédure, sera la tache indélébile qui marquera son histoire,’’ soutient-il.
Me Monferrier Dorval, 64 ans, ex-bâtonnier de Port-au-Prince, a été assassiné dans la soirée du vendredi 28 août 2020 sur la cour de sa résidence à Pèlerin 5, non loin de la résidence de l’ancien président Jovenel Moïse, lui-même assassine le 7 juillet 2021 dans sa chambre.
L’ex-première dame de la République, Martine Moïse citée à comparaitre au cabinet d’instruction a titre de témoin dans cette affaire ne s’est pas présentée, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince ne lui aurait pas transmis l’invitation.