NEW-YORK, mardi janvier 2024 – Selon un rapport des Nations Unies publié ce mardi, le nombre d’homicides en Haïti a plus que doublé l’année dernière, exacerbant une “crise multidimensionnelle” dans le pays. Selon le rapport, ‘‘les gangs, utilisant enlèvements et violences sexuelles, gagnent progressivement du terrain.’’
Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a exprimé son indignation face au niveau “sidérant et en détérioration” de la violence des gangs dévastant la vie des Haïtiens, en particulier à Port-au-Prince.
Le rapport a révélé que 4 789 homicides ont été enregistrés en 2023, soit une augmentation de 119,4 % par rapport à l’année précédente. De même, le nombre de victimes d’enlèvements est passé de 1 359 en 2022 à 2 490 en 2023, soit une augmentation de 83 %.
Haïti, la nation la plus pauvre de l’hémisphère occidental, fait face à une insécurité croissante depuis l’assassinat du président Jovenel Moise en 2021.
“Guterres a mis en garde contre la poursuite des meurtres de gangs, des enlèvements et des violences sexuelles, notamment à l’encontre des femmes et des jeunes filles, parmi d’autres abus, qui persistent en toute impunité. Il a appelé à des plans visant à remédier rapidement à la diminution des effectifs de la police nationale.”
Le rapport a indiqué qu’en 2023, plus de 1 600 agents ont quitté le service, 48 ont été tués et 75 ont été blessés.
Le document souligne également qu’une station de police sur dix dans tout le pays a été attaquée au cours de l’année, et de nombreux véhicules blindés de la police sont restés inutilisables après des affrontements avec des membres de gangs, qui portent souvent de faux uniformes de police pour perpétrer des enlèvements.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé en octobre le déploiement d’une mission multinationale pour soutenir la police haïtienne, dirigée par le Kenya. Cependant, le déploiement est retardé en raison d’un recours judiciaire d’un député kényan de l’opposition, contestant la constitutionnalité de la mission.
Guterres a souligné que la mission de soutien “doit être accompagnée du renforcement des systèmes judiciaire et pénitentiaire”, avec “plein respect du droit procédural”.
Avec aucune élection depuis 2016 et la présidence vacante, Guterres a souligné l’importance d’élections “crédibles, participatives et inclusives” dès que la situation sécuritaire le permettra.
Plus de 5,2 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, ont besoin d’une assistance humanitaire, a déclaré le coordinateur résident des Nations Unies en Haïti, Ulrika Richardson.
Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une séance d’information sur Haïti jeudi.