PORT-AU-PRINCE, mercredi19 juin 2024 – Près de 580 000 personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur d’Haïti, représentant une augmentation de 60 % depuis mars, selon les dernières données publiées mercredi par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
« Les chiffres actuels résultent directement de plusieurs années d’escalade de la violence, qui a atteint un pic en février, entraînant un impact humanitaire catastrophique », a déclaré Philippe Branchat, chef de mission de l’OIM en Haïti. « La crise continue pousse de plus en plus de personnes à quitter leurs foyers. Cette décision n’est jamais prise à la légère et, pour beaucoup, ce n’est pas la première fois. »
En plus des déplacements au sein et autour de Port-au-Prince, l’intensification de la violence et l’état de siège imposé par les groupes armés ont forcé de nombreuses personnes à fuir vers les provinces voisines. Le nombre de personnes déplacées dans la région sud a doublé, passant de 116 000 à 270 000 au cours des trois derniers mois seulement. Presque toutes ces personnes sont accueillies par des communautés déjà confrontées à des services sociaux surchargés et des infrastructures fragiles, ce qui pourrait provoquer de nouvelles violences.
Cette situation est particulièrement critique dans les régions du sud, qui souffrent encore des séquelles du tremblement de terre de 2021 et qui accueillent actuellement près de la moitié des personnes déplacées du pays.
Depuis fin février, les mouvements de marchandises comme les médicaments et le carburant entre la capitale et les provinces ont été sévèrement restreints, aggravant ainsi la crise humanitaire.
Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, deux tiers des personnes déplacées vivent dans des sites de fortune avec un accès très limité aux services de base. Les écoles et les établissements d’enseignement représentent 39 des 96 sites de déplacement actifs, hébergeant 61 000 personnes, ce qui limite drastiquement la fréquentation scolaire.
Il est urgent de créer des opportunités d’emploi durable et décent, d’assurer l’égalité d’accès aux services de base et à l’éducation pour les personnes déplacées ainsi que pour les communautés d’accueil.
L’OIM continue d’évaluer les besoins des communautés déplacées et affectées afin de mieux y répondre. En collaboration avec les partenaires et les autorités locales, l’organisation s’efforce de fournir une aide humanitaire et de développer des solutions durables. Depuis fin février, l’OIM a fourni près de 5 millions de litres d’eau potable à environ 25 000 personnes et a remis en état 22 pompes à eau manuelles. Plus de 37 000 personnes ont reçu des fournitures de secours, notamment des couvertures, des récipients à eau, des lampes solaires, des ustensiles de cuisine et des bâches en plastique.
Des cliniques mobiles ont été déployées pour fournir une assistance médicale à 18 000 personnes, et un soutien psychosocial est disponible via une ligne téléphonique gratuite. L’OIM a également mené des activités de sensibilisation dans les communautés locales, abordant des sujets tels que la protection des enfants, la santé mentale, la responsabilité et la santé reproductive, bénéficiant à des milliers de personnes.