PORT-AU-PRINCE, mardi 24 décembre 2024 – Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a dénoncé le comportement du ministre de la Santé publique, Lorthé Blema, dans le cadre de la réouverture tragique de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), également connu sous le nom d’Hôpital Général. Selon lui, cette réouverture s’est faite dans des conditions de sécurité désastreuses, menant à une attaque sanglante perpétrée par le groupe armé “Viv Ansanm”.
Lors de cette attaque, au moins deux journalistes et un policier ont perdu la vie, tandis que sept autres personnes, incluant des journalistes, ont été grièvement blessées. Ce drame a mis en lumière la violence extrême de ce groupe dirigé par l’ancien policier Jimmy Chérizier, alias “Barbecue”.
La cérémonie, initialement prévue sur le site de l’Hôpital Général, avait été déplacée à l’Hôpital Militaire, près du Palais National, en raison de craintes sécuritaires. Cependant, les assaillants, lourdement armés, ont infiltré la zone et ouvert le feu, semant le chaos et le deuil.
Pierre Espérance accuse directement le ministre Lorthé Blema d’avoir négligé de confier la sécurité de cet événement aux forces républicaines compétentes. Selon lui, le ministre aurait opté pour une approche similaire à celle utilisée lors de la réouverture de la Maternité Isaïe Jeanty, où des arrangements auraient été faits avec des groupes armés pour sécuriser l’événement. « Cette fois, cela a tourné au drame », a-t-il déclaré, exigeant des explications sur les éventuelles relations entre Blema et les groupes terroristes responsables de cette tragédie.
Pierre Espérance affirme que les décisions du ministre s’inscrivent dans une tendance inquiétante, où des membres du gouvernement privilégieraient des négociations avec des groupes armés plutôt que de faire appel aux institutions de sécurité publique. Il impute également ces pratiques à l’influence de Rosemila Petit-Frère, ancienne mairesse de l’Arcahaie, qui aurait facilité les négociations avec ces groupes pour des événements similaires.
Il appelle le gouvernement à renforcer les capacités des forces de sécurité nationale et à impliquer davantage la population dans la lutte contre les bandes armées. Espérance insiste sur la nécessité de neutraliser ces groupes qui, selon lui, sont responsables de la terreur et du chaos qui règnent en Haïti.
Ce drame met également en évidence l’importance cruciale des hôpitaux publics dans le système de santé haïtien, notamment pour les populations défavorisées qui n’ont pas accès à une assurance santé. L’Hôpital Général, en particulier, constitue l’un des rares établissements offrant des soins accessibles à des milliers de citoyens démunis.
Dans un pays où le secteur de la santé reste largement sous-financé, les hôpitaux publics jouent un rôle vital pour pallier les inégalités sociales. Cependant, leur fonctionnement est souvent entravé par l’insécurité, le manque de ressources et une gouvernance déficiente. Ce drame rappelle que l’État haïtien doit non seulement garantir un accès sécurisé et équitable aux soins de santé, mais aussi assumer sa responsabilité de protéger ces infrastructures essentielles contre les menaces qui compromettent leur mission.