Le Kenya peine à réunir les 600 millions de dollars américains pour le déploiement d’une mission de police en Haïti…

Des policiers kenyans...

NAIROBI, jeudi 9 novembre 2023– Selon le ministre kenyan de l’intérieur, Kithure Kindiki,  un total de 91 milliards de shillings (600 millions de dollars) est nécessaire pour la mission de maintien de la paix en Haïti, le Kenya cherchant 241,3 millions de dollars (36,4 milliards de shillings) pour sa participation en tant que pays chef de file de la mission des Nations Unies.

Kindiki a révélé que le premier groupe de 1 000 policiers kenyans sera déployé en Haïti au début de l’année prochaine. Il a déclaré que le processus de sélection des officiers était terminé et que la formation préalable au déploiement était en cours.

Selon les documents déposés au Parlement par le minitre et l’inspecteur général de la police Japheth Koome, 156,98 millions de dollars seront consacrés au soutien administratif, aux transports (127,6 millions de dollars), aux armes, aux munitions et aux équipements anti-émeutes (9,1 millions de dollars).

L’équipement général nécessitera 3,28 millions de dollars, l’équipement technique (1,9 million de dollars) et la formation (1,49 million de dollars), ont souligné les autorités kenyanes.

Cette information a été révélée hier lors de la séance de la commission parlementaire conjointe du Sénat et de l’Assemblée nationale au cours de laquelle les chefs de la sécurité ont demandé l’approbation pour déployer 1 000 policiers en Haïti en proie actuellement à la violence des gangs.

“Le coût de la mise en œuvre de la mission sera supporté par les contributions volontaires des États membres et des organisations de l’ONU à un fonds fiduciaire placé sous l’égide du Secrétaire général des Nations-Unies (SGNU)”, a déclaré Kindiki.

Selon le professeur Kindiki, le ministère n’a pas coûté le transport d’équipements personnels vers Haïti puisque les États-Unis se sont engagés à les transporter par avion.

Il a également assuré qu’aucun officier ne quitterait le Kenya avant que le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) ne réponde aux exigences énoncées, y compris l’utilisation du budget.

“Le budget global de la mission est fixé à 600 millions de dollars, qui serviront à préparer les forces, à supporter les coûts de transport, les indemnités de communication, les indemnités générales et à couvrir le retour de la force au pays”, a indiqué Kindiki.

« Nos troupes ne quitteront pas le pays à moins que nos ressources ne soient mises à profit. Nous déploierons les officiers une fois que tout l’équipement sera déployé en Haïti […] nous avons également déjà dépensé une partie de l’argent en formation mais cela sera remboursé par le CSNU », a-t-il ajouté.

Koome a révélé que le personnel à déployer comprendra deux équipes, à savoir l’équipe du quartier général et le commandement de l’unité de police constituée (FPU).

L’équipe du quartier général comprendra le commandant général de la mission, le chef des opérations, le chef d’état-major et le chef de la logistique, les 96 membres restants faisant partie de l’équipe du quartier général (Statcom, renseignement, enquêtes et autres agences techniques).

L’équipe de commandement de l’unité de police constituée (FPU) comprend un commandant de la FPU et cinq surintendants principaux de la police (SSP), un commandant adjoint de la FPU et cinq surintendants de la police (SP). Les autres sont un officier du service de soutien, un officier du renseignement de la police, un officier des opérations, un officier de liaison et cinq agents de service, ce qui porte le total à 25 surintendants adjoints de police (ASP).

Cinq commandants de peloton et 25 inspecteurs en chef de la police, commandants adjoints de peloton, sergents de peloton, commandants de section et un total de 655 agents.

Pendant leur mission en Haïti, les officiers seront chargés de fournir le commandant général de la mission et d’autres postes de direction en tant que pays chef de file, de soutenir la Police nationale haïtienne (PNH) dans la planification des opérations conjointes, de renforcer ses capacités et de mener des opérations conjointes de soutien à la sécurité, en soutenant la PNH pour assurer la sécurité des sites d’infrastructures critiques et des lieux de transit tels que les aéroports, les ports, les écoles, les hôpitaux et les carrefours clés.

Ils contribueront également à un accès sans entrave à l’aide humanitaire et aideront la PNH à maintenir les lois fondamentales, y compris les arrestations et la détention, en totale conformité avec la loi.

La police kenyane adoptera également des mesures temporaires à titre exceptionnel, de portée limitée, limitées dans le temps, proportionnées et cohérentes avec l’aide de la PNH pour maintenir l’ordre public.

« Le Kenya a des obligations internationales et c’est pourquoi nous exhortons cette Assemblée à approuver notre demande de déploiement de personnel en Haïti, car nous ne pouvons pas permettre que ce qui se passe là-bas continue », a déclaré Koome.

Cela survient alors qu’une partie des députés ont fait des brèches dans le projet de l’exécutif de déployer des policiers dans ce pays déchiré par la guerre, soulevant des inquiétudes quant à leurs capacités, aux obstacles juridiques, aux critères de sélection et à ce que le Kenya avait à gagner en mettant des policiers en danger.

« Je suis sceptique quant à la décision des IG de déployer des forces kenyanes en Haïti parce que le Kenya n’a peut-être pas la capacité technique et c’est plus inquiétant parce que les pays dotés d’officiers mieux formés ont retiré leurs forces », a déclaré la sénatrice Karen Nyamu.

Ses opinions ont été repris par la représentante de Kisumu, Rozah Buyu, qui a qualifié le déploiement de la police kenyane en Haïti de « luxe que nous ne pouvons pas nous permettre ».

« Quels sont les avantages que le pays cherche à tirer de ces déploiements et les autorités ont-elles négocié des indemnisations pour les familles dont les officiers perdent la vie ? » s’est interrogée la sénatrice d’Isiolo Fatuma Dulo.

En réponse, Kindiki a noté que le Kenya utiliserait ce déploiement pour renforcer ses engagements bilatéraux avec d’autres pays entreprenant la mission.

L’accord visant à envoyer des troupes en Haïti a été conclu le mois dernier entre Alfred Mutua, alors ministre des Affaires étrangères du Kenya, et son homologue haïtien, Jean Victor Génus.

 

source: The Standard