Le Kénya espère mettre fin à la violence des gangs avec un millier de policiers qu’il entend déployer en Haïti….

Des policiers kenyans...

PORT-AU-PRINCE, mercredi 27 septembre 2023- Le Ministre kényan des Affaires étrangères, Alfred Mutua, s’est montré confiant que le millier de policiers qui seront déployés en Haïti serviront non seulement à contenir la nouvelle vague de violence qui dévaste l’île, mais aussi à désarmer et à mettre fin au danger que les gangs représentent pour la sécurité.

“Nous avons déjà envoyé une équipe d’évaluation en Haïti et 80 pour cent de la population locale soutient ce déploiement de la police kényane dans leur pays”, a déclaré le ministre, qui a insisté pour qu’ils viennent parce qu’on le leur a demandé et parce qu’ils en ont besoin, rapporte le journal kenyan “The Standard.”

Mutua a souligné que le Kenya a été l’un des pays les plus sollicités pour mener des missions de paix en dehors de ses frontières et a rappelé que ses troupes ont déjà été déployées dans des endroits comme la Namibie, la Sierra Leone, le Timor oriental, le Soudan du Sud, la Somalie ou la République Démocratique du Congo (RDC). “

“Ceux qui s’opposent à l’accord ont le droit d’être sceptiques. Je veux dire, d’autres missions ont été déployées auparavant. Mais c’étaient des missions de paix des Nations-Unies. C’est différent”, a-t-il expliqué.

Les bandes criminelles ont intensifié leurs activités ces derniers mois en Haïti, notamment avec des affrontements meurtriers pour le contrôle de plus de territoires et ont rendu inaccessibles les services de base déjà précaires.

Selon les chiffres des Nations-Unies, plus de 2 400 personnes sont mortes jusqu’à présent cette année. Rentré lundi d’un long voyage d’une semaine aux États-Unis où il a participé à la 78e assemblée générale des Nations-Unies, le premier ministre de fait Haïtien, Ariel Henry s’est montré rassuré quant au déploiement prochain d’une force multinationale en Haïti, conduite par le Kényan.

Il confirmé qu’au moins douze pays ont déjà promis de fournir une aide logistique, matérielle, financière et des hommes dans le cadre du déploiement de la force multinationale.

Vendredi dernier, à la tribune des Nations Unies, Ariel Henry, a réclamé le déploiement d’une Mission multinationale spécialisée, en appui à la Police nationale haïtienne, afin de combattre les gangs et rétablir la sécurité.

« Au nom des femmes et des filles violées chaque jour, des milliers de familles chassées de leurs maisons, des enfants et des jeunes d’Haïti, à qui ont refusé le droit à l’éducation et à l’instruction, au nom de tout un peuple victime de la barbarie des gangs, j’exhorte la communauté internationale à agir vite », a-t-il déclaré lors du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Cependant, de nombreux secteurs remettent en question l’opportunité de ce déploiement en raison de la longue histoire de violations des droits de l’homme par les forces de sécurité kenyanes, ainsi que des nombreux défis sécuritaires auxquels ce pays africain est lui-même confronté.

Selon rapport de Human Rights Watch (21/22), la police kényane figure parmi les services de police africains les plus brutaux et corrompus.

Le 22 septembre dernier, le Réseau national des élus américaino-haïtiens (NHAEON) et FANM en action se sont déclarés fermement opposés à l’intervention militaire internationale proposée par l’administration Biden en Haïti.

Dans une correspondance au secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, ils ont déclaré : « Toute intervention militaire soutenant le régime corrompu, répressif et non élu d’Haïti aggravera probablement la crise politique actuelle jusqu’à la rendre catastrophique. Cela renforcera davantage le régime, aggravant la crise politique en Haïti tout en générant d’importantes pertes civiles et une pression migratoire. »

Selon ces élus, ‘‘si les États-Unis souhaitent véritablement stabiliser la situation politique afin d’éviter une crise humanitaire catastrophique en Haïti, ils commenceront par cesser de soutenir le gouvernement corrompu et permettra l’émergence d’un gouvernement de transition de consensus ayant la légitimité de décider de la manière dont la communauté internationale peut contribuer’’, ont-ils ajouté.

Les élus haitiano-américains ont fait savoir que ‘‘le gouvernement de facto inconstitutionnel actuel, dirigé par le Premier ministre Ariel Henry, s’est montré inefficace et incapable de gouverner et d’assurer une sécurité de base pour protéger les Haïtiens vulnérables. Ce régime a démantelé les structures démocratiques d’Haïti tout en facilitant et en accordant le contrôle du pays à de nombreux chefs de gangs.’’