Le juge en charge de l’instruction du dossier de l’assassinat de Jovenel Moïse n’est ni indépendant ni impartial, selon le RNDDH

Mathieu Chanlatte, Juge d'instruction

Port-au-Prince, mercredi 11 août 2021- Pierre Espérance, directeur exécutif du réseau national de défense des droits humains (RNDDH) estime que le doyen du tribunal civil de Port-au-Prince, pourrait faire le choix d’un juge jouissant à la fois de sa crédibilité et de son indépendance pour instruire le dossier de l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse.

‘‘Ils sont peu nombreux mais il existe des juges crédibles capables de traiter un dossier en toute indépendance et impartialité dans le système judiciaire haïtien même si Jovenel Moïse refusait de renouveler le mandat de certains juges honnêtes,’’ précise M. Espérance qui déplore le choix du magistrat Mathieu Chanlatte pour instruire le dossier de son assassinatJovenel Moïse.

Le défenseur des droits humains ne remet pas en question la compétence du juge, cependant, il lui reproche sa proximité avec le régime ‘‘Tet Kale’’ auquel il serait loyal en traitant certains dossiers dans le sens de la satisfaction du pouvoir.

Pierre Espérance cite notamment les dossiers Sogener et Dermalog. Dans le cas de l’affaire Sogener, le juge Mathieu Chanlatte a traite ce dossier avec beaucoup de partialité et en violation de la procédure normale il a émis des mandats d’amener et apposé les scelles sur les biens des actionnaires de ses entreprise, souligne M. Esperance qui assimile ces actes à de la persécution politique.

‘‘Il a fait tout cela, ajoute Pierre Espérance juste pour aider le régime à combattre ses adversaires.’’

Il affirme qu’en ce qui a trait au dossier Dermalog dans lequel l’ex-première dame de la République, Martine Moïse est accusée de corruption, ce mem magistrat l’a traité de manière expéditive et en faveur du pouvoir sans tenir compte des intérêts de l’Etat et de la société.’’

Selon le responsable du RNDDH, il faut un juge qui jouit d’un bon caractère moral et de son indépendance pour traiter le dossier de l’assassinat de Jovenel Moïse, arguant craindre toute utilisation de cette affaire a des fins politiques contre les adversaires du défunt.

Il critique le comportement des ‘’Tet Kale’’ (crâne rasé) qui se servent du cadavre de leur président pour tenter ‘‘, de museler les démocrates et progressistes haïtiens afin de renforcer la situation de chaos dans le pays, condition idéale pour eux d’organiser des élections bidon et un référendum inconstitutionnel pour mieux se reproduire, contre la volonté populaire.’’

Pierre Espérance dit craindre pour la suite de l’enquête qui risque de ne pas aboutir au procès des véritables assassins de Jovenel Moïse. Il appelle les autorités judiciaires haïtiennes à profiter de cette occasion pour refaire l’image de la justice en Haïti sachant que le monde a les yeux fixés sur nous.

Le militant des droits humains insiste aussi sur la nécessité d’accord une importance tout aussi grande aux dossiers d’assassinat de Me Monferrier Dorval, Grégory Saint-Hilaire, Antoinette Duclaire, Diego Charles, les massacres perpétrés dans les quartiers populaires entre autres.