Le gouvernement veut enquêter et engager des poursuites contre les personnes sanctionnées par les États-Unis, le Canada et les Nations unies pour corruption et soutien aux gangs armés…

Leslie Voltaire, President du CPT a l'occasion de la celebration du 21r anniversaire de l'assassinat de Jean-Jacques Dessalines....

PORT-AU-PRINCE, jeudi 13 février 2025-Mardi, Leslie Voltaire a annoncé sur son compte X (anciennement Twitter) que le Conseil présidentiel de transition (CPT) a donné instruction au Premier ministre de rassembler et d’examiner toutes les preuves disponibles contre les individus sanctionnés par les États-Unis, le Canada et les Nations unies pour leur implication présumée dans la déstabilisation d’Haïti. « Le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour enquêter et engager des poursuites. L’État agira avec fermeté pour traduire en justice ceux qui sapent la sécurité et la stabilité d’Haïti », a-t-il déclaré. Voltaire a également lancé un appel à la vigilance, avertissant la population de ne pas se laisser manipuler : « Ne tombez pas dans le piège des gangs et de ceux qui servent leurs intérêts ! »

Depuis plusieurs mois, les États-Unis, le Canada et les Nations unies ont imposé des sanctions à plusieurs personnalités haïtiennes, incluant des politiciens, des chefs de gangs et des hommes d’affaires, accusés de financer et de soutenir les groupes armés terrorisant la population, ainsi que d’être impliqués dans des actes de corruption. Ces sanctions visent à geler leurs avoirs, leur interdire de voyager et restreindre leurs activités économiques en dehors du pays. Il est important de souligner que la liste des personnes sanctionnées n’est pas exhaustive et pourrait s’étendre en fonction des enquêtes en cours et des nouvelles décisions des autorités internationales.

Si la liste des personnes sanctionnées par les Nations unies reste relativement courte par rapport à celles établies par les États-Unis et le Canada, elle inclut néanmoins des figures influentes. Le 27 septembre 2024, le Comité du Conseil de sécurité de l’ONU, établi par la résolution 2653, a ajouté deux noms à sa liste : Prophane Victor, ancien député haïtien impliqué dans le trafic d’armes et accusé d’avoir utilisé la violence pour obtenir des gains politiques, et Luckson Elan, chef du gang Gran Grif, reconnu responsable de graves violations des droits de l’homme dans le département de l’Artibonite. Ces sanctions comprennent une interdiction de voyager, un gel des avoirs et un embargo sur les armes.

Les États-Unis, pour leur part, ont sanctionné plusieurs personnalités politiques et économiques pour des faits de corruption et de soutien actif aux gangs. Parmi eux figurent Joseph Lambert, ancien président du Sénat, et Youri Latortue, ex-sénateur, tous deux sanctionnés en novembre 2022 pour leur implication présumée dans le trafic de stupéfiants. Rony Célestin, alors sénateur en fonction, a été accusé d’utiliser sa position pour faciliter le trafic de drogue depuis le Venezuela vers Haïti, les Bahamas et les États-Unis. Richard Lenine Hervé Fourcand, ancien sénateur, est suspecté d’avoir transporté des cargaisons de drogue à bord de son avion personnel et d’avoir tenté d’infiltrer des complices dans l’administration publique pour protéger ses intérêts. En décembre 2022, Washington a également sanctionné Romel Bell, ex-directeur général de l’Administration Générale des Douanes, pour corruption significative. Plus récemment, en septembre 2024, les États-Unis ont élargi leur liste en incluant Prophane Victor et Luckson Elan, déjà sanctionnés par l’ONU.

Le Canada a, quant à lui, pris des mesures contre un plus grand nombre de personnalités haïtiennes. L’ancien président Michel Martelly (2011-2016) a été sanctionné pour son rôle présumé dans le financement des gangs armés responsables de la vague de violence qui ravage le pays. Ses anciens Premiers ministres, Laurent Lamothe et Jean Henry Céant, figurent également sur la liste des sanctions canadiennes pour des allégations similaires. Plusieurs anciens sénateurs, dont Rony Célestin et Hervé Fourcand, sont accusés d’avoir soutenu des gangs criminels armés et d’avoir blanchi de l’argent issu d’activités illégales. Gary Bodeau, ancien président de la Chambre des députés, est soupçonné d’avoir fourni un soutien financier et logistique aux gangs.

Les sanctions canadiennes s’étendent également aux milieux d’affaires haïtiens, avec notamment Gilbert Bigio, influent homme d’affaires accusé de protéger et de faciliter les activités criminelles des gangs, ainsi que Reynol Deeb et Sherif Abdallah, deux entrepreneurs sanctionnés pour leur soutien financier présumé aux groupes armés. Des chefs de gangs actifs sur le terrain, tels que Gabriel Jean-Pierre (Nan Brooklyn, G-Pèp), Ferdens Tilus (Kokorat San Ras) et Luckson Elan (Gran Grif), ont aussi été sanctionnés par Ottawa.

Bien que ces listes de sanctions incluent des figures majeures du paysage politique et économique haïtien, elles ne représentent qu’une partie des individus soupçonnés d’entretenir des liens avec les gangs armés et de participer à des activités de corruption. Le processus de sanction étant en constante évolution, d’autres noms pourraient être ajoutés en fonction des investigations menées par les autorités américaines, canadiennes et internationales.