Le gouvernement satisfait les exigences du FMI et augmente les prix du carburant alors que des manifestations violentes éclatent un peu partout dans le pays…

Des rues barricadees du Cap-Haitien...

PORT-AU-PRINCE, mercredi 14 septembre 2022– C’est désormais officiel, le gouvernement haïtien a augmenté les prix du carburant sur le marché local, ce, en dépit, d’une tempête de protestation soulevée par l’annonce de cette mesure.

Le prix du gallon de gazoline à la pompe est passé de 250 à 570 gourdes, le diesel de 353 gourdes à 670 gourdes et le kérosène de 352 à 665 gourdes, selon un communiqué des ministères des finances et du commerce.

Conformément aux exigences du Fonds Monétaire International (FMI), le gouvernement de facto a décidé de ne plus subventionner le carburant, ce qui représente une économie de plus de 9 milliards de gourdes par mois.

Selon le régime en place, cette subvention profitait à ceux qui ont les moyens payer le prix normal des produits pétroliers.

En juin dernier, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un programme de surveillance par le personnel (SMP) pour Haïti après des discussions qui ont duré de mars à mai 2022.

‘‘ Les autorités se sont engagées à mettre en œuvre des politiques qui commenceraient à rétablir la stabilité macroéconomique et la croissance, à renforcer la gouvernance et à commencer à réduire la pauvreté. En mettant fortement l’accent sur la gouvernance, le SMP vise à accroître la responsabilisation et à renforcer l’appropriation du programme de réforme dans tout le pays, en mettant l’accent sur le renforcement de la gestion des finances publiques, de l’administration des recettes, de la transparence et des mesures de lutte contre la corruption.’’

Le SMP vise également à augmenter les recettes intérieures, qui se sont effondrées ces dernières années sous la pression des troubles sociaux, des problèmes de recouvrement et de la crise sécuritaire.

Les autorités se sont engagées à mettre en œuvre une série de mesures administratives, notamment le renforcement de l’utilisation du numéro d’identification fiscale et l’assainissement des portefeuilles des contribuables, la révision des régimes fiscaux spéciaux dans un nouveau Code des impôts, notamment en supprimant certaines exonérations, et la finalisation et la publication du nouveau Code des Impôts, Code des Douanes et Tarif des Douanes.

‘‘Cela simplifiera le système fiscal, le rendant plus transparent et donc moins sujet aux abus de gouvernance’’, selon l’organisation financière internationale.

Le FMI a déclaré que le financement du déficit budgétaire par la banque centrale a alimenté l’inflation, exerçant une pression sur le taux de change et entraînant un cercle vicieux de hausse des coûts des subventions aux carburants, de financement monétaire supplémentaire du déficit et de hausse de l’inflation.

‘‘Le programme vise ainsi à lever des ressources pour les dépenses productives et à réduire le financement monétaire du déficit budgétaire pour réduire l’inflation. Ceci est essentiel pour la population étant donné le lourd fardeau imposé aux pauvres par la forte augmentation des prix’’, a souligné le FMI.

Selon le FMI, ‘‘les subventions aux carburants ont absorbé au moins un tiers des recettes intérieures et évincé les dépenses productives d’investissement, de santé et d’éducation. Ils sont également très inéquitables, avec plus de 90 % des bénéfices allant aux 10 à 20 % supérieurs de l’échelle des revenus en Haïti’’, soutient le FMI.

Le FMI avait souligné que, ‘‘les autorités prévoient de préparer le terrain pour éventuellement s’attaquer à ce problème. Dans un premier temps, ils ont lancé en avril plusieurs programmes sociaux dans le cadre du Programme d’urgence destinés aux groupes touchés par les ajustements antérieurs des prix du carburant.’’

Selon le FMI, ‘‘les autorités haïtiennes se sont engagées à renforcer également le cadre de la politique monétaire et limiteront les interventions de change pour lisser une volatilité excessive afin d’éliminer progressivement l’écart avec le marché parallèle. Des étapes clés sont également prévues pour améliorer le cadre réglementaire financier et mettre à jour la réglementation sur la lutte contre le blanchiment d’argent (AML/CFT) afin de répondre aux normes internationales’’.

La décision du gouvernement a satisfaire les exigences du FMI, a conduit à une augmentation brutale des prix du carburant ayant provoqué des manifestations dans de nombreuses villes du pays pour réclamer le départ d’Ariel Henry et de son gouvernement.

Mercredi, les manifestations se sont poursuivies et intensifiées dans plusieurs régions d’Haïti avec des scènes de pillage ou tentative de pillage.

En plus de certaines entreprises, la résidence d’un ancien opposant a Jovenel Moïse, dont le parti participe à la coalition au pouvoir, André Michel a été attaquée par un groupe de manifestants qui ont tenté d’incendier la maison.

Les habitants de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, se sont réveillés ce mercredi alors que des coups de feu retentissaient, des barrages routiers et des pneus enflammés étaient placés dans les rues de la ville et des manifestants jetaient des pierres en réponse à la nouvelle hausse attendue des prix du carburant et à la criminalité.

Les manifestants ont bloqué des routes dans toute la capitale haïtienne, fermant à la circulation des zones généralement très fréquentées de la ville. Les entreprises, les banques commerciales très ciblées ces derniers temps et les institutions publiques ont fermé, les rues étant jonchées de barricades par de pierres, de carcasses de véhicules et des pneus enflammés.

A petit-Goâve, des manifestants ont attaqué des maisons de commerce, des institutions publiques et privées pour protester contre la décision du gouvernement d’augmenter les prix du carburant et réclamer la démission d’Ariel Henry.

Au Cap-Haïtien, aux Gonaïves, à Jérémie, à Saint-Marc, aux cayes, à Mirebalais, le tableau n’est pas différent. Des barricades sont érigées un peu partout et la circulation est paralysée. C’est retour du ‘‘pays lock’’ (pays bloqué).