SAINT-DOMINGUE, dimanche 1e octobre 2023– Les décisions prises par le président dominicain, Luis Abinader, depuis l’éclatement de la crise haitiano-dominicaine, sont perçues dans l’opinion publique dominicaine comme un acte de punition à l’encontre des haitiens.
Dans un communiqué, le Mouvement Socialiste des Travailleurs (MST) souligne que dans le cadre du conflit entre les gouvernements de la République dominicaine et d’Haïti sur la construction d’un canal d’irrigation sur le fleuve Massacre, le gouvernement dirigé par Luis Abinader a non seulement militarisé et fermé la frontière, générant une grande dévastation économique dans la zone frontalière des deux pays, il a également suspendu l’octroi de visas aux Haïtiens et a déclenché une grande violence contre les communautés de travailleurs immigrés haïtiens et les Dominicains d’origine haïtienne.
« Dans le cadre de cette offensive de détentions massives et arbitraires, y compris des descentes illégales de domiciles sans mandat ni accompagnement du ministère public, le gouvernement a attaqué des communautés à El Seibo et dans d’autres provinces du pays », déclare le MST.
Selon cette structure socio-politique base en République dominicaine, ‘‘lors de ces attaques au cours des dernières semaines, des milliers de Dominicains d’origine haïtienne, d’Haïtiens avec ou sans documents d’immigration valides et de Dominicains noirs sans ascendance haïtienne connue ont été arrêtés. Cette chasse à l’homme est menée dans sur l’ensemble du territoire national, tous les jours et à tout moment, en violation de la Constitution, de la loi sur les migrations 285-04, du protocole binational de rapatriement et des pactes des droits de l’homme signés par l’État dominicain », précise le communiqué.
Selon le MST, ces arrestations arbitraires et perquisitions illégales ne sont pas seulement effectuées par des agents non identifiés de la DGM, elles sont également effectuées par la police et l’armée, soumettant des Noirs dans les rues ou chez eux sur la base du profilage racial.
« Les agents de l’immigration, la police et le personnel militaire ne connaissent pas les lois et se livrent souvent à l’extorsion, au vol et à la destruction de biens, ainsi qu’à de fréquentes violations des droits de l’homme. Il y a eu des cas documentés de torture, d’abus sexuels et d’homicides commis par des agents répressifs en détention et lors d’opérations d’expulsion massive, mais malheureusement, le bureau du procureur général ne prend aucune mesure contre la DGM pour mettre fin à ses violations de la loi », déplore l’organisation.
‘‘Nous exigeons que les policiers et les militaires soient retirés des tâches d’interdiction de l’immigration pour lesquelles ils n’ont pas la moindre formation, et que les agents de la DGM respectent les lois et les pactes binationaux sur la migration. Cela comprend la fin de l’utilisation des casernes de police et militaires comme prisons pour les Haïtiens et les Dominicains d’origine haïtienne’’, indique le MST.
« Nous rejetons que le gouvernement de Luis Abinader punisse la population civile, haïtienne et dominicaine, en particulier les habitants, les travailleurs et les commerçants des zones frontalières, en représailles à la construction d’un canal d’irrigation agricole en Haïti, par des opérations dans lesquelles des milliers de personnes sont indignées et soumises à des traitements cruels et dégradants, », déclare le MST, ajoutant que ce type de punition collective, en plus de violer les lois dominicaines et la Constitution, viole le droit international humanitaire.
‘‘Ce qui est convenable, écrit le MST, c’est que le gouvernement dominicain abandonne la voie de l’incitation à la haine raciale et à la vengeance répressive, qu’il revienne sur la voie du dialogue et utilise les mécanismes prévus par le traité binational de 1929, tels que l’arbitrage international, pour garantir une utilisation partagée et équitable des eaux d’un fleuve binational au lieu de criminaliser et de réprimer des populations entières, telles que les Dominicains noirs, les Haïtiens et les Dominicains d’origine haïtienne.’’