Le G-9 a pris le contrôle de l’ancienne base de l’Unité départementale pour le maintien de l’ordre (UDMO), à Cité Soleil

Imaj d'archives de la base de l'UDMO

Cité Soleil est toujours dans la tourmente. Théâtre de graves violences meurtrières depuis plusieurs années, cette commune très peuplée du pays se meurt en silence sous le regard toujours passif des plus hautes autorités de l’Etat. Les gangs armés qui contrôlent la ville se sentent tellement puissants qu’ils s’attaquent même au symbole de l’Etat en prenant le contrôle d’un commissariat de police. Réunis au sein du G-9 en famille et alliés, ces hommes qui jouissent de l’impunité la plus totale, se livrent à tous les excès et commettent toutes sortes d’exactions sur la population civile. La situation devient plus qu’inquiétante, selon certains riverains…

Cité Soleil, 9 Août 2020- C’est confirmé, le G-9 en famille et alliés sous le commandement d’un de ses puissants chefs, Iscar Andris, a pris le contrôle du commissariat où une unité spécialisée de la PNH, ’Unité départementale pour le maintien de l’ordre (UDMO) était logée a Cité Soleil.

L’opération s’est déroulée tôt ce dimanche dans la matinée après une nuit particulièrement mouvementée où des rafales d’armes automatique ont été entendues. On ignore pour l’instant s’il y a eu des victimes.

C’est ce même commissariat que des individus non identifiés avaient envahi le 27 Septembre 2019, pendant la période du ‘’pays lock’’ (pays bloqué). Les envahisseurs avaient emporté des équipements policiers dont des boucliers, des gilets par balle et autres. Quelques temps après, ils avaient ramené certains de ces équipements au commissariat, aujourd’hui désaffecté.

Comme la dernière fois, les hommes du G-9 qui ont établi leur quartier général au commissariat de l’UDMO ont emporté des boucliers, des gilets par balle, voire des motocyclettes, a rapporté un témoin à RHINEWS.

Parallèlement, Cité Soleil continue de se vider de sa population qui fuit la violence des gangs armés qui commettent toutes sortes d’exactions sur elle sans s’inquiéter.

Selon Louisma Louisjuste, militant politique et habitant de Cité Soleil, il y aurait trois catégories de personnes qui vivent actuellement à Cité Soleil ; ceux qui se resignent, ceux qui n’ont pas où aller et ceux qui font partie des gangs.

Interrogé par RHINEWS, M. Louisjuste a affirmé que ce qui se passe dans le plus grand bidonville du pays est comparable à ce qui s’est passé en 1994 au Rwanda (Afrique) où près d’un million de personnes ont été massacrées.

Selon lui, c’est un véritable génocide qui est en train d’être perpétrée lentement, mais certainement, en silence à Cité Soleil sous le regard passif et complice des plus hautes autorités de l’Etat.

Il a fait savoir que les différents groupes qui s’affrontent pour le contrôle territorial de Cité Soleil commettent des atrocités sur la population. ‘’Souvent, dit-il, les corps des victimes sont jetés à la mer ou brulées par les bourreaux qui disposeraient de leurs propres foyers d’incinération pour éliminer toute preuve de leurs exactions.’’

Louisma Louisjuste a qualifié d’invivable et d’intenable la situation de violence aveugle qui prévaut dans sa commune.

La violence des gangs armés a des conséquences catastrophiques sur l’ensembles des activités à Cité Soleil.

La construction d’une bibliothèque initiée par une association communautaire dans cette zone très défavorisée qui n’a pratiquement pas d’espace de loisir et généralement en proie à la violence, est à l’arrêt depuis plus de cinq (5) mois, a déploré Louino Robillard, membre de Konbit, une association caritative.

‘’C’est un projet de cinquante (50) millions de gourdes. La construction est à 50% achevé, mais nous ne pouvons pas poursuivre les travaux, s’est-il plaint lors d’une interview à RHINEWS.’’

Maquette de la future bibliotheque de Cite Soleil

Robillard a regretté également qu’en raison de cette situation de violence près de deux-cent mille jeunes ne pourront pas aller à l’école à Cité Soleil à l’occasion de la réouverture des classes.