Le discours de César Auguste et la formation d’un gouvernement de transition en Haïti’’- Me Aunondieu Geste…

Me Aunondieu Geste...

Comprendre le sens du discours de César Auguste dans le contexte actuel de lutte pour la formation d’un Gouvernement de Transition en Haïti : “Je suis né dans une cité faite de briques, et je laisse une cité de marbre.”

 PORT-AU-PRINCE, lundi 10 juin 2024– Selon Me Aunondieu Geste, la formation du nouveau gouvernement de transition en Haïti est une tâche ardue et complexe, une lutte visible à travers les réseaux sociaux. Le Premier Ministre Garry Conille fait face à des défis majeurs. Les anciens chefs veulent rester aux commandes. « Ils ne voient pas leur existence en dehors du pouvoir », affirme Me Geste. Il semble que, malgré quelques exceptions, ce sont toujours les mêmes qui veulent rester à la barre d’un navire en perdition. On peut se demander s’ils ont compris le sens du discours de César Auguste dans le contexte de la lutte pour redresser Haïti : « Je suis né dans une cité de briques et je laisse une cité de marbre. »

L’état d’agonie de la République d’Haïti en dit long sur les qualités des hommes qui l’ont dirigée. « Durant les dix dernières années, le pays connaît une descente en enfer. Il devient invivable. Les institutions se meurent. Les dirigeants assistent aux dégâts en spectateurs engagés », constate Me Geste. Certains responsables vont même jusqu’à accepter qu’il y ait des territoires perdus alors qu’ils constituent les bras de l’État, censés exercer le monopole de la violence légitime. « Alors, Mesdames et Messieurs, hommes politiques de mon pays, au timon des affaires depuis des lustres, quel État, quelle cité avez-vous laissé à la postérité, vous demande César Auguste ? »

Depuis le départ du Président Jean-Claude Duvalier le 7 février 1986, marquant le début d’une prétendue ère démocratique avec la constitution de 1987, la violence est devenue un outil de lutte pour le pouvoir. Chaque acteur politique arme des agents pour assurer son hégémonie sur un territoire géographique assigné à une circonscription électorale. « Un système entier est mis en place pour nommer les agents intérimaires de chaque commune, les délégués et vice-délégués départementaux, ainsi que les employés et cadres des administrations locales et régionales », déplore Me Geste. Cette méthode engendre une instabilité chronique avec des élections souvent contestées et violentes, rappelle-t-il, citant des épisodes sanglants comme le massacre de la ruelle Vaillant (1990-1991) et les violences postélectorales de 2006, 2011 et de Grand-Goâve.

Pour Me Geste, cette approche violente et cette distribution d’armes à des fins politiques ont transformé Haïti en une entité chaotique et ingouvernable. « Haïti, qui était la perle des Antilles, est devenue une entité chaotique ingouvernable, privée des grands organes étatiques qui représentent le symbole de l’État. Toutes les institutions sont défaillantes et l’insécurité règne en maître. » Me Geste interpelle les acteurs politiques qui gouvernent le pays depuis près de trois décennies, les appelant à réfléchir sur l’état actuel de la nation.

Une transition politique s’impose, selon Me Geste, parce que l’alternance politique est un principe fondamental de la démocratie. Il souligne que la transition politique met en évidence la faiblesse des dirigeants et l’incompétence de la classe politique. « Contrairement à ce que dit Tang Wang dans l’ouvrage ‘Gouverner, diriger, guider, tout un art’ écrit par Rocky Park : ‘Un vrai chef laisse derrière lui un monde meilleur que celui qu’il a trouvé’, les dirigeants actuels laissent derrière eux une société, une cité agonisante, sombrée dans le chaos. »

Pour réussir cette transition, le Premier Ministre Garry Conille doit s’entourer de personnalités imprégnées de quatre valeurs cardinales : justice, confiance, indignation et magnanimité. « Les personnages choisis doivent être épris d’un idéal de justice, inspirer confiance à la population et être au-dessus de la mêlée », explique Me Geste. Ils doivent aussi avoir la capacité de s’indigner et de conseiller le Chef du Gouvernement sur ce qui ne va pas, tout en se comportant en véritables patriotes.

Me Geste insiste sur le fait que ceux qui gouvernent durant la période de transition doivent comprendre qu’ils travaillent pour un idéal élevé : sauver Haïti. « Ils doivent accepter de prendre des risques pour le pays et travailler de manière désintéressée. Ils doivent se comporter en de vrais patriotes et avoir une âme haïtienne », souligne-t-il, citant l’exemple du patriote russe Ivan Alexandrovitch.

Me Geste interpelle Garry Conille, en qui il voit un patriote sincère : « À vous de définir vos priorités tout en choisissant dès aujourd’hui quel État ou quelle cité voulez-vous laisser à la fin de la période de transition politique qui achèvera au 7 février 2026. » Ceux qui gouvernent durant cette période doivent se rappeler qu’ils n’ont pas de mandat populaire, mais qu’ils sont là pour corriger une situation-problème. Leur mission principale est d’organiser des élections légitimes, impartiales et transparentes, tout en maintenant en vie la République et ses institutions.

Geste pose la question ultime aux futurs membres du gouvernement de transition : « Mesdames, Messieurs du futur gouvernement de la transition, quel État ou quelle cité voulez-vous laisser à la postérité ? » Il les exhorte à se baser sur les valeurs de justice, confiance, indignation et magnanimité pour mener leurs actions. « Par la façon dont vous allez procéder pour organiser les élections, vous déciderez de quel État ou quelle cité allez-vous laisser à la postérité », conclut-il, appelant à un renouveau démocratique et durable pour Haïti.

 

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