PORT-AU-PRINCE, vendredi 7 février 2025–Selon Sonet Saibt-Louis, le 7 février 2025 marque une nouvelle étape dans la crise politique haïtienne. Pour Me Sonet Saint-Louis, professeur de droit constitutionnel et philosophe, le constat est sans appel : « Le Conseil présidentiel de transition et le gouvernement de facto dirigé par Alix Didier Fils-Aimé sont obsolètes. Ils se dégradent par tous les vices et trafics illicites en tout genre. » S’appuyant sur le dernier rapport des Nations unies, qui met en lumière la corruption et l’incapacité de ces dirigeants à gouverner de manière légitime, il dénonce un système capturé par des groupes mafieux qui ont plongé Haïti dans une crise sans précédent.
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse, la souveraineté nationale est confisquée par des acteurs politiques sans légitimité, qui perpétuent un cycle de transition politique indéfini. Pour Sonet Saint-Louis, cette situation n’a qu’un objectif : permettre à des politiciens incompétents et corrompus de continuer à piller les caisses de l’État en toute impunité. « Cette classe politique, déconnectée de la population, aura bientôt passé cinq ans au pouvoir, soit la durée d’un mandat présidentiel. C’est plus qu’un scandale ! Ces prédateurs assoiffés de sang et d’argent facile doivent être poursuivis pour les graves préjudices qu’ils ont causés à tout un peuple. »
Le professeur rappelle que la Constitution de 1987, votée par le peuple, repose sur des principes fondamentaux : la démocratie libérale, la bonne gouvernance, l’État de droit et les droits fondamentaux. Pourtant, cette Constitution est aujourd’hui menacée par les élites corrompues qui ont décidé de sa suppression sous l’influence de puissances étrangères. Me Saint-Louis met en garde : « La résistance que le peuple haïtien opposera aux élites de l’État profond criminel sera terrible. L’opposition citoyenne est en train de s’organiser partout. »
L’un des points centraux de sa critique concerne le travail du groupe de réforme constitutionnelle, qu’il qualifie de « véritable gâchis politique et intellectuel ». Selon lui, l’idée que la Constitution serait responsable de la mauvaise gouvernance du pays est absurde. Il affirme : « Ce document, produit sous influence étrangère, révèle une chose : les élites qui nous ont gouvernés durant ces trois décennies ne connaissent pas la Constitution de 1987. Non seulement elles ne l’ont jamais lue, mais celles qui l’ont lue ne l’ont pas comprise. Comme le disait Spinoza : ‘Comment changer une réalité qu’on ne comprend pas ?’ »
Au-delà du mépris pour la Constitution, Me Saint-Louis dénonce également l’incohérence du système juridique haïtien, marqué par une dépendance excessive aux modèles étrangers. Il rappelle la critique du professeur Leslie Manigat sur le manque de formation des élites haïtiennes et la nécessité de les mettre « à l’école de la démocratie et à l’école tout court ». Pour lui, la réforme constitutionnelle entreprise par le Conseil présidentiel n’est qu’un « bricolage », basé sur des constitutions étrangères sans considération pour les réalités haïtiennes.
L’avocat cite le Dr Josué Pierre-Louis, qui écrivait dans sa thèse : « Le droit est local, tout le reste est suspect. » Il met en garde contre la tentation d’imposer à Haïti une « mafia d’État »à travers la suppression de la Constitution de 1987. « Le respect d’une constitution ne dépend pas seulement de sa valeur intrinsèque, mais aussi de la volonté des dirigeants et des citoyens de la respecter. Le problème réside dans ces élites sauvages, incapables de fonctionner autrement que dans le chaos. »
Me Saint-Louis va plus loin en qualifiant le Conseil présidentiel de transition de « grande alliance mafieuse sous l’égide de puissances tutrices », qui a pris le contrôle total de l’État haïtien. Pour lui, « nous passons d’un État effondré à un État mafieux. » Il s’interroge sur les véritables intentions de la communauté internationale : « Pourquoi favorise-t-elle systématiquement les individus les plus corrompus et les plus toxiques pour gouverner Haïti ? »
Toutefois, il refuse de sombrer dans la fatalité. Il croit en l’émergence d’une nouvelle génération capable d’ouvrir une voie d’espérance pour Haïti. « Ce n’est pas une fatalité que notre pays soit toujours dirigé par des médiocres et des corrompus. Il existe, au sein de notre société, des individus compétents, civiquement et intellectuellement responsables. » Il appelle les citoyens à rejeter « les suffisances et les arrogances de ces ayants droit sans bilan et sans projet. »
La lutte pour la libération d’Haïti est engagée, affirme-t-il avec conviction. « La clé réside dans l’identification de l’adversaire. Ceux qui, au sein du Conseil présidentiel et du gouvernement de facto dirigé par Didier Fils-Aimé, se sont unis, sont désormais démasqués et clairement identifiés. Cette coalition gouvernante, qui plonge Haïti chaque jour davantage dans la déchéance, incarne l’adversaire de la nation. Chacun doit choisir son camp. »
Me Sonet Saint-Louis exprime son soutien à l’historien Michel Soukar, menacé, dit-il, pour ses prises de position courageuses.
« Nous allons gagner », conclut-il.