Le Conseil de Sécurité de l’ONU vote demain pour le renouvellement de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité…

Les membres du Conseil de Securite de l'ONU en reunion...

NEW-YORK, dimanche 29 septembre 2024– Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit se prononcer ce lundi 30 septembre 2024 sur une résolution visant à renouveler pour une année supplémentaire l’autorisation donnée aux États membres de déployer une Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MSS) en Haïti. Cette mission vise à rétablir la sécurité dans le pays et à créer les conditions favorables à la tenue d’élections libres et transparentes. La proposition de renouvellement est portée par l’Équateur et les États-Unis, co-auteurs du projet de résolution.

Le contexte de cette initiative est marqué par la violence des gangs qui sévit en Haïti, provoquant l’effondrement de la sécurité nationale. En octobre 2022, le gouvernement haïtien avait sollicité le déploiement immédiat d’une « force internationale spécialisée » pour venir en renfort à la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans sa lutte contre les gangs criminels. Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avait soutenu cette demande, recommandant qu’« un ou plusieurs États Membres, agissant en coopération avec le gouvernement haïtien, déploient d’urgence une force d’intervention rapide pour soutenir la PNH. »

Dix mois après cet appel initial, en juillet 2023, le Kenya a accepté de prendre la tête d’une force multinationale, s’engageant à déployer 1 000 agents de police. Plusieurs autres pays, principalement d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes, ont également exprimé leur intention de contribuer à cette mission. Bien que l’ONU ne soit pas responsable directement de l’administration de la mission, le Kenya, Haïti et d’autres parties prenantes ont demandé l’autorisation du Conseil de sécurité pour ce déploiement. C’est ainsi que, le 2 octobre 2023, le Conseil a adopté la résolution 2699, autorisant les États membres à former et à déployer la MSS en Haïti.

Cette résolution avait pour objectif de fournir un soutien opérationnel à la PNH pour contrer les gangs et renforcer ses capacités, notamment à travers la planification et la conduite d’opérations conjointes. La mission devait également protéger des infrastructures critiques. Le coût de cette opération devait être couvert par des contributions volontaires des États et des organisations régionales. Initialement autorisée pour une durée de 12 mois, avec une réévaluation au bout de neuf mois, la mission devait être financée par des contributions volontaires, une proposition soutenue par certains pays mais contestée par la Russie et la Chine.

Malgré l’adoption de la résolution 2699, le déploiement de la mission a été retardé à plusieurs reprises en raison de défis financiers, de contestations judiciaires au Kenya et d’une recrudescence de la violence des gangs en Haïti. Cette situation a poussé la Communauté des Caraïbes (CARICOM) à encourager un accord politique entre les parties prenantes haïtiennes afin de stabiliser la situation sécuritaire et de rétablir la gouvernance démocratique.

Le Kenya a fini par déployer les deux premiers contingents de la mission en juin et juillet 2024, soit environ 400 agents de police, avec 600 autres prévus dans les mois à venir. Le 12 septembre, les premières forces caribéennes, comprenant 24 officiers militaires et policiers de la Jamaïque et deux officiers du Belize, sont arrivées en Haïti. Selon des rapports médiatiques, la mission a aidé la PNH à reprendre le contrôle de certains quartiers de Port-au-Prince qui étaient sous l’emprise des gangs, mais elle reste sous-financée et sous-équipée, limitant sa capacité à étendre sa présence au-delà de la capitale.

Le rapport le plus récent du secrétaire général sur le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), daté du 27 juin 2024, a confirmé que le mandat de la MSS « reste valide et nécessaire » au-delà de son expiration initiale prévue le 2 octobre. Toutefois, le rapport a également souligné que les contributions financières reçues jusqu’à présent étaient insuffisantes pour garantir la pérennité de la mission.

Lors de sa visite en Haïti le 5 septembre 2024, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a réaffirmé le soutien des États-Unis au renouvellement de l’autorisation de la MSS, tout en reconnaissant les besoins accrus en financement et en personnel. Il a évoqué la possibilité de transformer la MSS en une opération de maintien de la paix des Nations Unies, comme une « option » pour assurer un financement plus stable et élargir les capacités de la mission.

Les négociations concernant le renouvellement de l’autorisation de la MSS ont été longues et difficiles. Le projet de résolution initial, circulé le 6 septembre 2024, a rencontré des oppositions, principalement de la part de la Russie et de la Chine. Ces deux pays, réticents à l’idée d’une éventuelle transformation de la MSS en une mission de maintien de la paix de l’ONU, ont fait valoir que les conditions sur le terrain en Haïti ne permettaient pas un tel changement. Dans les révisions successives du projet, les termes « mission de maintien de la paix » ont été progressivement modifiés pour refléter une approche plus nuancée, mais ces changements n’ont pas suffi à obtenir le consensus.

Le projet final de résolution, soumis le 28 septembre, se limite à prolonger l’autorisation de la MSS jusqu’au 2 octobre 2025, sans inclure de référence explicite à une transformation en mission de maintien de la paix. Les discussions ont également porté sur la nécessité d’accélérer le déploiement de la mission et de renforcer son financement par des contributions volontaires.

Dans une déclaration faite le 26 septembre à l’Assemblée générale des Nations Unies, le président du Conseil présidentiel de la Transition en Haïti, Edgard Leblanc Fils, a réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle transforme la MSS en une opération de paix des Nations Unies, ce qui, selon lui, permettrait d’obtenir un financement plus stable et de renforcer les capacités de la mission.