PORT-AU-PRINCE, Haïti, jeudi 30 novembre 2023 – Le Secrétaire général de SOS Journalistes, Joseph Guyler C. Delva, a vivement critiqué mercredi le comportement “indigne, honteux et scandaleux” du Commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance des Cayes, Me Ronald Richemond.
Selon SOS Journalistes, le Commissaire Richemond aurait délibérément retenu le dossier de l’assassinat du journaliste Garry Tesse, refusant jusqu’à présent de le remettre au juge d’instruction, Robert Jourdain, pour les procédures subséquentes.
Depuis le 30 octobre dernier, le juge Jourdain a envoyé au Commissaire Richemond une ordonnance pour réquisitoire, dans laquelle il a formulé une demande de libération en faveur du journaliste Guerlan Hyppolite.
Le refus du Commissaire Richemond de restituer le dossier au juge entrave le déroulement de l’enquête, laissant le journaliste Guerlan Hyppolite injustement incarcéré depuis plus de 10 mois.
“Cette conduite relève d’un prédateur de la liberté de la presse et elle est inacceptable!” a déclaré Guyler C. Delva lors d’une conférence de presse mercredi au Centre Culturel Caraïbes, à la rue Chavannes, à Port-au-Prince.
Garry Tesse a été porté disparu le 18 octobre 2022, et son corps presque méconnaissable a été découvert le 24 octobre de la même année à Foco, juste à l’extérieur de la ville des Cayes.
Le Commissaire aurait justifié son inaction en prétendant que le juge Jourdain, toujours en possession du dossier, en aurait été dessaisi, sans aucune décision en ce sens de la part de la Cour de Cassation, seule instance investie de tels pouvoirs.
SOS Journalistes appelle Ronald Richemond à présenter son réquisitoire pour mettre fin à cette rébellion flagrante contre la loi, provenant d’un individu placé au sein de la justice pour garantir une application correcte, saine et judicieuse de la loi.
Il est à noter que le nom du Commissaire Richemond est fortement associé en tant qu’auteur intellectuel ou complice de ce crime odieux perpétré contre le confrère Garry Tesse.
Cela est corroboré par le refus persistant, voire suspect, du Commissaire Richemond d’instruire ses propres gardes du corps à répondre à une convocation du juge instructeur sur l’assassinat du commentateur politique, Garry Tesse.
SOS Journalistes exprime également ses inquiétudes quant à l’attitude des autorités politiques, notamment du Premier ministre Ariel Henry et de la ministre de la justice et de la sécurité publique, Emmelie Prophète, ainsi que des responsables du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), qui semblent délibérément abandonner le juge Jourdain, constamment menacé de mort et victime d’autres actes d’intimidation.
SOS Journalistes en appelle instamment au gouvernement et au CSPJ de fournir au courageux et compétent juge instructeur tous les moyens logistiques et de sécurité indispensables pour la réussite de sa mission périlleuse.
Par ailleurs, SOS Journalistes se réjouit du détachement, par le Chef de la police, Frantz Elbé, de plusieurs policiers chargés d’assurer la protection du juge Jourdain.
SOS Journalistes, tous les journalistes et médias du pays, ainsi que toutes les autres organisations de défense de la liberté de la presse et d’expression en Haïti, s’unissent pour dire NON À L’IMPUNITÉ. “Assez, c’est assez !” s’exclame Guyler C. Delva.
SOS Journalistes déplore également le fait que des journalistes consciencieux soient contraints de se réfugier à l’étranger en raison de menaces de mort persistantes. Cela est illustré par le cas de notre estimé confrère, Roberson Alphonse, du journal Le Nouvelliste et de Magik 9, qui a récemment échappé de justesse à une attaque armée dans la capitale.
SOS Journalistes s’inquiète également des menaces tout aussi persistantes proférées contre Johnny Ferdinand, de Radio Caraïbes.
Ces menaces proviennent de plusieurs sources, notamment politiques et criminelles.
Les journalistes et médias haïtiens ont décidé de ne plus se laisser faire et de combattre avec la plus grande détermination toutes les violations de la liberté de la presse et d’expression.
“La liberté de la presse et d’expression n’est négociable sous aucun prétexte. Trop de gens ont dû sacrifier leurs vies pour nous léguer ces droits inaliénables,” a conclu Guyler C. Delva, avec détermination.