New-York, vendredi 17 décembre 2021- Cinq mois après l’assassinat en juillet du président haïtien Jovenel Moïse, les autorités ont 45 suspects en détention mais n’ont encore inculpé aucun d’entre eux d’un crime, a rapporté une chaine de télévision américaine, PBS.

Jovenel Moïse a commencé à préparer une liste d’hommes d’affaires haïtiens et de personnes ayant une influence politique impliqués dans des opérations de trafic de drogue. Parmi les personnes inscrites sur la liste de l’ancien président se trouvait un juge de la Cour suprême qui était soutenu par des dirigeants qui s’opposaient à la direction de Moïse et voulaient qu’il démissionne, a rapporté ABC News.

Le dirigeant haïtien devait remettre la liste au gouvernement des États-Unis, selon la journaliste du Times Maria Abi-Habib qui a enquêté sur le meurtre de Moïse et son lien avec le narcotrafic.

“Eh bien, Jovenel Moïse préparait un document qui détruisait essentiellement le réseau complexe du trafic de drogue et de la lutte contre la contrebande d’armes ainsi que les personnes puissantes, qu’il s’agisse d’oligarques ou de personnalités politiques, qui soutiennent ces réseaux”, a déclaré le journaliste.

L’ancien président ‘‘Michael Martelly,’’ prédécesseur de Moïse, était également soupçonné d’être impliqué dans la drogue.

« Selon la DEA (Drug Enforcement Administration), les gens avec qui nous avons parlé ainsi que la police haïtienne, Martelly est soupçonné d’être l’un des plus gros trafiquant de drogue, en fait, en Haïti », a déclaré Abi-Habib lors d’une interview.

Abi-Habib pense que Martelly a choisi Moïse comme son successeur pour poursuivre les affaires existantes de Martelly en matière de trafic de drogue parce qu’il était “de l’inconnu, un pauvre Haïtien avec des origines paysannes tapées sur l’épaule un jour par Michel Martelly”. Cependant, Moïse était déjà connecté aux alliés de Martelly.

La journaliste poursuit en précisant que tout au long de son enquête, la mort de Moïse a peut-être été une réponse directe à sa trahison contre le même système qui l’a élu pour des détournements financiers d’une machine déjà corrompue mais établie.

Jovenel Moïse a été tué à son domicile par un groupe de mercenaires colombiens armés. Sa femme, qui a également été blessée, a survécu à l’attaque après avoir fait semblant d’être morte, selon ses propres déclarations.

Daniel Foote, qui a travaillé en tant qu’envoyé spéciale des Etats-Unis pour Haïti, estime que la drogue a joué un rôle primordial dans la mort de Moïse.

“Je serais stupide de penser que le trafic de stupéfiants et le trafic d’armes n’ont pas joué de rôle dans l’assassinat”, a déclaré Foote, qui a mis fin à ses fonctions de diplomate le mois dernier.

Plus tôt cette année, Moïse a déclaré qu’il pensait que sa vie avait été menacée, a rapporté ABC News. Une fois qu’il a informé les autorités, la police a arrêté plus de 20 personnes accusées d’avoir tenté de le tuer Moïse et de le renverser du pouvoir le 7 février 2021, date à laquelle son mandat constitutionnel avait pris fin.

‘‘Jovenel Moïse s’est efforcé de corriger le fonctionnement du service des douanes d’Haïti, de nationaliser un port maritime qui a joué un rôle déterminant dans le trafic de drogue et d’examiner le commerce de l’anguille qui a été utilisé pour le blanchiment d’argent,’’ a rapporté WION News.