MIAMI, mardi 2 juillet 2024– Dans une interview accordée au Réseau Haïtien de l’Information (RHINEWS), Daniel Foote, ancien envoyé spécial des États-Unis en Haïti, a partagé ses vues sur le choix de Garry Conille par le Conseil Présidentiel Transitoire (CPT). Foote a vivement critiqué ce choix, le qualifiant de “mise en scène multinationale non transparente, orchestrée par les États-Unis via la CARICOM”.
“Je connais Garry Conille depuis son passage en tant que Premier ministre sous le président Martelly, lorsque j’étais adjoint à l’ambassade des États-Unis en Haïti,” a déclaré Foote. “Je suis d’accord avec l’affirmation de Martelly selon laquelle Conille était inefficace dans ce rôle, bien que compte tenu de la direction prise par le PHTK après son départ, je ne lui en tiens pas rigueur.” Il a ajouté que Conille est “un fonctionnaire typique de l’ONU ; non controversé, mais quelqu’un qui ne va pas enflammer le monde avec courage ou énergie.”
Foote a expliqué que le processus de sélection de Conille par le CPT manquait de transparence, affirmant que “le choix de Garry Conille par le conseil présidentiel était une mise en scène multinationale non transparente, orchestrée par les États-Unis via la CARICOM, avec le candidat final soumis à ‘l’approbation’ des États-Unis.” Selon lui, Conille continuera à mettre en œuvre des politiques dictées par les États-Unis, l’ONU et les donateurs internationaux, sans se soucier des besoins à moyen et long terme du peuple haïtien.
En ce qui concerne la situation sécuritaire en Haïti, Foote a exprimé son scepticisme quant à l’efficacité des forces de police multinationales déployées pour rétablir la sécurité. “Ce groupe de policiers étrangers ne comprend pas Haïti, et lorsqu’il sera contraint de prendre en charge un adversaire autochtone lourdement armé qui contrôle les rues de Port-au-Prince, il fera face à d’énormes défis,” a-t-il déclaré. Il a mis en garde contre le risque que des civils innocents soient pris entre deux feux ou deviennent victimes de la mission de soutien à la sécurité multilatérale de l’ONU.
Foote a également critiqué la communauté internationale pour son manque de détermination à éradiquer la violence des gangs en Haïti, affirmant que “si la communauté internationale était vraiment déterminée à éradiquer la violence des gangs en Haïti, l’ONU n’enverrait pas une poignée de forces irrégulièrement formées, dirigées par le Kenya.” Il a insisté sur le fait que toute intervention sécuritaire devrait être dirigée par un pays ayant une profonde expérience dans le renforcement des capacités de sécurité policière, comme les États-Unis, et être liée à l’objectif de recréer une Police nationale haïtienne viable.
Foote a conclu en affirmant que pour restaurer la sécurité à long terme en Haïti, il est crucial de fournir aux forces de sécurité haïtiennes la confiance, la formation, l’assistance technique, technologique et logistique, ainsi qu’un équipement adéquat. Cependant, il a souligné l’importance de la confiance des Haïtiens dans les résultats de toute future élection, déclarant que “les Haïtiens doivent pouvoir faire confiance aux résultats de toute future élection, sinon nous perdons tous notre temps.”
Daniel Foote a démissionné de son poste d’envoyé spécial des États-Unis en Haïti le 23 septembre 2021, en raison de son opposition à la politique américaine en Haïti, notamment le traitement des migrants haïtiens et l’approche de la crise politique et sécuritaire dans le pays