PORT-AU-PRINCE, jeudi 27 juillet 2023– Le réseau national de défense des droits humains (RNDDH) dénonce la chasse aux réfugiés de “l’insécurité”, entreprise par la police nationale d’Haïti.
Les 22 et 23 juillet 2023, souligne le RNDDH, “le chef de gang armé Vitelhomme Innocent et ses sbires ont décidé d’attaquer les populations de Fort-Jacques, commune de Pétion-ville de Truitier et Dumornay, commune de Tabarre, semant la terreur, tirant à hauteur d’hommes et touchant hommes et femmes dont des personnes âgées.”
Il en résulte que des centaines de résidents en provenance des localités de Tabarre se sont alors réfugiés devant les locaux de l’Ambassade des Etats-Unis en Haïti.
“Certains d’entre eux sollicitaient le secours des autorités étatiques, pour pouvoir regagner leur demeure. D’autres en ont profité pour demander asile, arguant ne pouvoir vivre en paix dans leur pays. Et certains autres ont manifesté leur volonté d’accompagner des agents de la PNH dans leur quartier, dans l’objectif de les aider à combattre les bandits armés et de rentrer chez eux”, rapporte l’organisation.
Dans un communiqué, le RNDDH affirme que, c’est “sur instruction du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), le directeur général a.i. de la PNH Frantz Elbé, dont le cynisme ne laissera pas de surprendre le RNDDH, a ordonné que les réfugié de l’insécurité qui se trouvaient devant les locaux de l’ambassade susmentionnée, soient dispersés avec violence.”
Selon l’organisation, Pour donner suite à cet ordre manifestement illégal, puisque la population ciblée ne représentait aucune menace, des agents de la PNH ont fait usage de gaz lacrymogène. Des enfants, des femmes, des femmes enceintes, des personnes âgées ainsi que d’autres personnes vivant avec une déficience motrice, ont été gazés. Nombre d’entre eux ont présenté des signes de détresse respiratoire. Et, ce n’est que par la suite, la mairie de Tabarre a organisé le transport des victimes vers le Lycée Jean Mary Vincent à Carradeux.”
Le RNDDH souligne que “depuis le 15 janvier 2023, Vitelhomme Innocent – présenté par plus d’un comme le protégé de Frantz Elbé et de certains autres haut-gradés de la PNH – circule dans un cortège composé entre autres de deux (2) véhicules portant respectivement des plaques d’immatriculation Service de l’Etat et Officiel et d’un véhicule de l’institution policière de marque Toyota Pick-up double cabine immatriculé 1-01191 clairement identifié comme appartenant à la PNH.”
“De plus, révèle le RNDDH, le 16 juillet 2023, vers 20:00 heures, douze (12) véhicules portant des plaques d’immatriculation Service de l’Etat et Officiel, se sont rendus dans le fief de Vitelhomme Innocent où s’est tenue une rencontre de plusieurs heures. Depuis, les attaques de Vitelhomme Innocent à l’encontre des populations de la Croix-des-Bouquets, de Delmas, de Pétion-ville et de Tabarre se sont intensifiées”, soutient l’organisation des droits de l’homme.
Le RNDDH dit condamner avec la dernière rigueur l’utilisation “outrancière” de la force par des agents de la PNH, à l’encontre d’une population livrée à elle-même et qui, en se rendant devant les locaux de l’Ambassade des Etats-Unis en Haïti, n’a voulu que chercher refuge.
Il rappelle que le droit de chercher refuge toutes les fois que sa vie, sa sécurité ou tous autres droits et libertés fondamentaux sont menacés ou violés, est reconnu à toute personne.
“De même, ajoute le RNDDH, il est interdit de refouler une personne cherchant refuge, dans les lieux où sa vie et sa liberté sont menacées.”
Le RNDDH fait remarquer au directeur a.i. de la PNH Frantz Elbé que “l’utilisation de gaz lacrymogène à l’encontre d’une population calme et sans défense qui cherche refuge pour sauver sa vie, reste et demeure une violation des droits humains, peu importe le groupe d’individus auquel le directeur général a.i. de la PNH veut faire plaisir.”
L’organisation estime “inacceptable l’inertie des institutions étatiques dont les ministères de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, des Affaires sociales et du travail et à la condition féminine et aux droits des Femmes qui auraient dû rapidement intervenir, le premier, à travers la protection civile, les autres à travers des programmes de protection rapide, en vue de rencontrer les victimes, les recenser, discuter avec elles pour dégager une alternative acceptable pour tous et toutes, les déplacer et les accueillir provisoirement dans un lieu sécuritaire en attendant la résolution définitive du problème d’insécurité dans leur zone de provenance.”
Estimant que les policiers ne peuvent pas se transformer en protecteur de bandits et persécuteur de la population, le RNDDH recommande à l’institution policière de reprendre le contrôle des communes abandonnées au chef du gangs “Kraze Baryè”, Vitelhomme innocent, de démanteler le gang en question et de procéder, entre autres, à l’arrestation du chef et de tous les membres du gang.